Par Louis Dufourt
17 ans. 17 ans que Nuits sonores fait bouger les corps et les esprits. 17 ans de passion, de perpétuelles recherches et remises en question, avec cette même fougue, cette même conviction. Cette année encore, le festival a rassemblé plus de 120 000 personnes sur 5 jours. Laurent Garnier, Marcel Dettmann, Richie Hawtin, Peggy Gou, The Black Madonna, et quarante autres talentueux musiciens émérites se sont succédés sur les scènes Day, à la Sucrière, et Nuit, aux Halles Fagor Brandt.
20 ans, 20 ans que l’association Arty Farty, créateur de Nuits sonores, entres autres, promeut la culture avec un grand C. À l’échelle locale et nationale où elle a propulsé Lyon en haut du classement des villes innovantes et festives. Puis à l’européenne avec le label We Are Europe qui a vu le jour en 2015, financé en partie par la Commission Européenne et très présent sur les forums European Lab entre Rhône et Saône, pour les 5 jours du festival.
« L’avenir de l’Europe réside dans sa culture » –
Vincent Carry, fondateur de Nuit sonores et Arty Farty
We Are Europe, c’est un projet de « coopération inédit, innovant et fédérateur, visant à rapprocher huit structures culturelles européennes, organisatrices d’un festival de musique actuelles et d’un forum réflexif sur la culture et son avenir. Les valeurs de WAE sont l’indépendance, la volonté de partager respectueusement, intelligemment et durablement avec les autres, l’urbanisme festif et l’esthétisme électronique » confient Cécile et Noémie, coordinatrices du projet We Are Europe chez Arty Farty.
8 événements majeurs européens, à la fois festivals et forums, qui ensemble, joignent leurs forces afin de réfléchir, promouvoir, créer et produire les pratiques culturelles de demain. Né en 2015, ce projet de coopération inédit et innovant, à déjà accueilli 255 artistes sur scène, 245 intervenants sur les débats et forums et touché plus d’un million de personnes à travers 8 pays pendant trois ans. 32 artistes et 32 personnalités qui échangent, performent et que l’on a pu retrouver à Lyon, pour Nuits sonores.
Caterina Di Fazio est philosophe. Originaire d’Italie, elle travaille actuellement sur une généalogie du statut réfugié à l’Université de Maastricht. Membre active de We are Europe, elle a participé au débat « Le jour d’après », ouvrant un espace de discussion sur l’avenir de l’Europe dans le cadre des European Lab. « La montée du populisme en Italie depuis quelques mois avec Salvini, confirmé par les récents résultats, puis en France avec ces élections européennes est un peu catastrophique. À l’échelle européenne, il y a du positif et c’est là-dessus qu’il faut se baser pour l’Europe de demain. » Si la crise environnementale est désormais « au cœur des discussions », l’avenir « se joue également sur les crises migratoires et économiques. La musique, l’art, la culture, la philosophie, sont d’excellents moyens de faire se rencontrer les gens et de contribuer à diffuser certaines idées, nouvelles, pour l’Europe d’après. »
Stratis Vogiatzis est un photographe, cinéaste et anthropologue grecque. Diplômé des sciences économiques et politiques à Thessalonique et de l’anthropologie sociale à Amsterdam, il a notamment travaillé avec des enfants en Palestine, comme enseignant, puis éducateur dans les communautés gitanes de Thessalonique. « En Grèce, encore plus qu’en France, c’est l’extrême droite qui est au pouvoir et c’est dangereux, très dangereux. Il faut se battre pour la liberté, non seulement la nôtre mais celle de tout un pays et d’un continent ». Résolument positif, les solutions sont nombreuses et l’homme croit fondamentalement que nous pouvons changer les choses, ensemble. « Il faut redéfinir les valeurs humaines, connecter les gens entre eux, les Français, tout le monde… Tout le monde dans son domaine doit être un activiste. Élever notre voix avec la musique, la peinture, la photo ».
Résolument humain, positif, engagé, ambitieux et prometteur, le projet We Are Europe a su prouver tout au long de Nuits sonores, et depuis trois ans à travers ses festivals et forums, que l’Homme ne se résigne pas, l’Homme vit, se bat, danse, aime et parle pour raconter son histoire.