Pour l’anniversaire du parrain de la trance et père spirituel de la rave, Goa Gil (le 6 octobre), une de ses amies a mis en ligne sur YouTube un film de 75 minutes monté à partir d’enregistrements de l’édition 1992 du Burning Man. À cette époque, le rassemblement initié par une jeune communauté hippie californienne fête ses sept ans et squatte le désert de Black Rock depuis deux ans. Il réunit seulement 600 festivaliers, amateurs de musiques psychédéliques et d’expériences hors du commun autour d’un line-up réduit (B.R.A.D, Goa Gil, Synthesis, et “Niles”). Aujourd’hui, il compte quelque 70 000 participants.
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On est alors loin de l’image que véhicule le Burning Man aujourd’hui. D’abord, nous sommes à une époque où le ticket d’entrée au festival est gratuit. Point de Boeing 747 ni de quartiers VIP dédiés aux ingénieurs de la Silicon Valley dans la ville de Black Rock City, qui n’a d’ailleurs rien de l’arc de cercle parfaitement rangé que l’on connaît. Point de véhicules étranges tout droit sortis de Mad Max, ni de vélos par milliers. Seulement un désert et une très petite communauté de privilégiés, dont Goa Gil, toujours à l’avant-garde.
1992 Burning Man with Goa Gil and friends
Le documentaire nous invite à suivre son parcours au Burning Man, de son arrivée à son départ. L’occasion de (re)découvrir la bonhommie légendaire du musicien à l’origine des premières sonorités trance. À ses côtés, on retrouve aussi Ariane McAvoy, musicienne française et compagnon de route du bon Gil.

À vrai dire, en 1992, le Burning Man ressemblait à une free party basique en plein désert, avec une très forte influence de la culture psytrance. On retrouve les mêmes personnages, les mêmes énergies et la même relation intime entre les festivaliers et l’environnement. À partir de la 34e minute, on peut voir Goa Gil mixer au coucher de soleil. Sonorités acides et rythme soutenu, nous sommes bien dans la trance goa – à la frontière entre les musiques psychédéliques et l’acid house.

S’en suit la traditionnelle mise à feu du Burning Man, dans la joie, les cris et les rythmes de percussions africaines. Encore une fois, l’énergie tribale et familiale qui transpire de ces images fait doucement regretter le tournant qu’a pris le festival. La faute aux organisateurs, au public ou à un monde qui bouge ? Difficile de le dire mais il semble que le Burning Man ait peu à peu troqué son authenticité pour aller vers quelque chose de plus hippie-chic – de plus commercial en somme. Et le prix d’entrée, s’élevant à 390 dollars, est bien sûr inclus dans cette nouvelle formule.
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Ce virage n’est pas du goût de tous les festivaliers. Cette année, certains n’ont pas hésité à vandaliser quelques camping-cars de la zone VIP. En même temps, il y a de quoi voir rouge après avoir aperçu une Paris Hilton tressée et en petite tenue sur la terre sèche.
Un fait divers qui révèle la lutte idéologique qui se joue au Burning Man d’aujourd’hui, entre les passionnés de la teuf – déterminés à ne pas laisser leur paradis être envahi par un système qu’ils fuient – et des festivaliers aisés ou non, venus chercher une expérience loin de leur quotidien.