Par Sophia Salhi
5h42. Dans la moiteur d’un club berlinois, Victoria, jeune Madrilène effrontée, rencontre la bande à Bader, ou plutôt la bande à Sonne, avec Boxer, Blinker et Fuzz. On rit, on joue, on crie, on s’enlace, on danse, on boit, on se marre et sans crier gare, on se retrouve embarqué dans un braquage qui tourne mal.
Filmé d’un seul trait, en plan-séquence, Victoria a déjà été couronné de prix en tous genres (Ours d’argent, Beaune…), et peut-être est-ce aussi grâce à la superbe B.O que Nils Frahm a composée. « Le film est assez syncopé du fait d’avoir été filmé en plan-séquence, explique t-il. J’ai donc voulu donner une narration plus dans le contrôle, afin de contrebalancer le côté cahoteux du film, où tout est hors de contrôle. »
Signant un ensemble doux et un peu maussade, Nils Frahm instaure une atmosphère calme mais inquiétante, ponctuée de langueurs dont il a le secret. Moins lyrique que ses albums – sans doute laisse-t-il le film s’occuper de ça – Music for the Motion Picture Victoria (sur Erased Tapes) reflète avec brio la subtilité d’une histoire racontée dans la lenteur du temps réel.