Des milliers de figurants costumés, des décors peints, des machineries inventées pour faire voler les danseurs : les fêtes de Léonard de Vinci avaient de l’allure. C’est une facette peu connue du génie du maître toscan aujourd’hui mis à l’honneur au Louvre. Il est (entre mille autre talents) l’un des organisateurs de soirée les plus doués de sa génération. Le peintre y voit un moyen de gagner sa vie, au moment où ses tableaux ne se vendaient pas encore très bien.
Quand, à 30 ans à peine, Léonard de Vinci est convié à la cour de Ludovic Sforza, il a une mission : satisfaire les désirs de grandeur du duc de Milan. En 1490, pour le mariage de son neveu, il organise un « Bal des planètes » resté dans les mémoires. Un poète en laisse un témoignage émerveillé : « Le spectacle s’ouvrait par une sonnerie d’instruments à vent et par des roulements de tambour accompagnant des danses et un grand défilé de masques représentant les différentes nations. Le paradis construit par Léonard était représenté sous la forme d’une gigantesque sphère entièrement dorée et percée d’ouvertures laissant apparaître des étoiles lumineuses, le mouvement des sept planètes et les signes du zodiaque. »

L’artiste est aussi invité en France, à la cour de François Ier, pour ses talents de « party planner ». Alors vieil homme, il continue à imaginer des scénographies qui marquent les esprits. L’histoire raconte qu’en 1518, lors de sa « Fête du paradis », il fait allumer 400 chandeliers à deux branches. Des « candélabres » qui « donnaient tant que lumière qu’on eu dit que la nuit fut chassée », relate l’un des invités. La même année, pour célébrer la victoire Marignan, de Vinci imagine une reconstitution colossale, avec 10 000 figurants en costumes de soldats.
Ces récits de spectacles somptueux font rêver. Mais surtout, ils donnent une idée de l’importance donnée aux cérémonies chez les hommes de pouvoir à la Renaissance. Tournois, danses, bals costumés, festins : c’étaient autant d’occasions d’animer la vie de la cour et d’afficher leur richesse, leur raffinement et leur puissance. Hier comme aujourd’hui, la fête, c’est du sérieux.