Si Gisèle Vienne renvoie la free party à une fête rituelle, à une “quête de spiritualité”, c’est parce que la musique frénétique et stimulante qui y est diffusée permet de libérer des émotions intenses. Les musiciens Peter Rehberg et Stephen O’Malley, avec lesquels elle avait déjà collaboré, se sont alors chargés de choisir la bande-son de la pièce pour lui donner un ton réaliste. Le premier, producteur de musiques électroniques et expérimentales, est aussi le directeur du label Editions Mego. Fin connaisseur du répertoire, il a sélectionné des morceaux des années 80-90, essentiellement liés au label légendaire Underground Resistance. D’autres musiques se sont également glissées dans le set, dont une composition de Peter Rehberg et Stephen O’Malley produite sous le nom de KTL.
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La pièce revêt la forme d’une chorégraphie pour 15 jeunes danseurs et acteurs. Gisèle Vienne et l’écrivain Dennis Cooper ont imaginé un “sous-texte” qui ne s’entendra pas, mais qui sera perçu par les gestes des interprètes. Aucun dialogue n’y sera entendu, mais les corps raconteront eux-mêmes l’histoire. Les lumières intenses de Patrick Riou viendront accentuer cette narration, nous rappelant ainsi les soirées où les flashs et autres jeux de lumière façonnent une atmosphère particulière.
Crowd s’inscrit dans le projet plus vaste de Gisèle Vienne de représenter la violence et le rapport que nous entretenons avec elle. On se souvient notamment de Jerk, une mise en scène d’un texte de Dennis Cooper sur le serial killer américain Dean Corll qui avait sévi dans les années 70, ou de The Pyre, créée en 2013 en collaboration avec l’IRCAM, où le corps d’une danseuse en tension évoluait dans des décors de boîtes de nuit, de zones urbaines et autres ambiances électriques.
Avec Crowd Gisèle Vienne entend ainsi interroger “les différentes manières dont la violence se manifeste et se satisfait [pour] penser ce que la société peut mettre en œuvre pour l’intégrer, sans mettre en péril l’équilibre de la communauté“. La free party y apparaît comme un espace cathartique pour la société.
La pièce sera jouée à Strasbourg les 8, 9 et 10 novembre au Théâtre de Strasbourg (Maillon), à Reims le 15 novembre au Manège, Scène Nationale, ainsi qu’à Paris du 7 au 16 décembre au Festival d’Automne. Pour les autres dates, rendez-vous sur le site de Gisèle Vienne accessible juste ici.