Après avoir été présentée au HMKV de Dortmund en Allemagne, l’exposition Computer Grrrls, basée sur la place de la femme vis-à-vis des technologies numériques, débute ce jeudi 14 mars à La Gaîté Lyrique à Paris, pour une durée de quatre mois. L’histoire des femmes et des machines sera revisitée par 23 artistes et collectifs internationaux, sélectionnés par les deux commissaires de l’exposition, la théoricienne allemande Inke Arns (HMKV) et Marie Lechner, responsable de programmes artistiques à la Gaîté. Le point commun entre les travaux de ces artistes ? Tous s’interrogent sur la question : « Et si les ordinateurs étaient des ordinatrices ? ». Outre les œuvres exposées, s’articuleront autour de ce même thème de nombreuses performances, des rencontres mais aussi des concerts et DJ sets.
Inke et Marie ont toutes deux décidé de travailler en collaboration avec de jeunes artistes qui mettent en lumière l’histoire de la femme dans le monde des technologies. « On a décidé tout de suite que l’on ne voulait pas faire d’exposition rétrospective, explique Marie. On avait plutôt envie de demander à de jeunes artistes contemporaines quel était leur regard sur les technologies ». La technologie étant racontée essentiellement par les hommes, l’intention des deux commissaires était de bouleverser ce fait : « L’objectif était de faire raconter cette histoire depuis le point de vue des femmes et par des femmes. ». Elles tiennent cependant à préciser que l’exposition n’est pas uniquement réservée à ces dernières : « Ce sont des femmes artistes mais le thème de l’exposition concerne aussi les hommes », insiste Inke. « On ne fait pas une expo dédiée aux femmes et dirigée vers un public exclusivement féminin. » confirme Marie. Computer Grrrls retrace l’histoire de la technologie mais porte aussi un regard vers l’avenir et des scénarios plus spéculatifs sur ce que les technologies pourraient devenir.
Les femmes participantes sont designeuses, chercheuses contemporaines ou encore hackeuses et utilisent divers outils de création tels que l’impression 3D, la réalité virtuelle, les tutoriels YouTube ou des installations vidéo, parmi lesquelles Body Scan de Erica Scourti ou encore Housewives Making Drugs de Mary Magicc. Dans la première, l’artiste a photographié plusieurs parties de son corps puis les a soumises à différents moteurs de recherche. Elle commente alors les résultats obtenus qui sont le plus souvent sexistes et consistent à proposer de nombreux moyens pour “améliorer” les parties de son corps, notamment sa poitrine. Mary Magicc revisite quant à elle le concept d’une émission culinaire et explique, en vraie bio-hacker, comment obtenir facilement des hormones féminines, les œstrogènes.
En marge de l’exposition et tout au long de cette dernière seront proposés divers événements et ateliers. Ce samedi Computer Grrrls donne carte blanche à la team Barbi(e)turix pour une soirée de musiques expérimentales mettant en avant la culture lesbienne et féminine. Elles s’associent également à The Peacock Society le temps d’un soir le vendredi 12 avril ou avec le Macki Music Festival le samedi 15 Juin avec deux plateaux 100% féminins.
L’exposition de Marie et Inke est dédiée à leur collaboratrice défunte Nathalie Magnan, « activiste des médias depuis la première heure ». Les trois femmes avaient depuis 2015 travaillé conjointement à son élaboration en tirant leur titre Computer Grrrls, des Riot Grrrls – mouvement musical punk / rock aux revendications féministes du début des années 90 – mais également du livre de David Alan Grier, When Computer Were Humans. Cet ouvrage s’intéresse aux personnes appelées “computer”, qui étaient chargées de réaliser les calculs à la main avant l’apparition des ordinateurs. « Ces femmes computers étaient embauchées par des observatoires ou encore pour déchiffrer les codes nazis », explique Marie. « C’est cette histoire, que je ne connaissais pas du tout, qui a été mon point de départ. »
En étant un lieu dédié aux cultures post-internet, c’est sans surprise que La Gaîté Lyrique accueille cette exposition organisée en coproduction avec le Hartware MedienKunstVerein de Dortmund qui propose des œuvres entre art, enjeux de société et technologies. À travers Computer Grrrls, les différentes artistes ont abordé non seulement le colonialisme numérique, la place des minorités sur Internet, les biais sexistes des algorithmes mais également les dangers d’une intelligence artificielle confiée aux seuls hommes blancs, ou encore la surveillance numérique.
Voici les prochaines soirées prévues :
– Carte blanche à Barbi(e)turix ce samedi.
– Carte blanche à The Peacock Society le 12 avril.
– Carte blanche à Comme Nous Brûlons le 20 avril.
– Concert d’Irene Dresel le 23 avril.
– Concert de Planingtorock le 18 mai.
– Carte blanche à Dame Electric le 15 juin.
– Carte blanche au Macki Music Festival le 26 juin.
Toutes les informations et la programmation complète sont à retrouver sur le site web de La Gaîté Lyrique.