Un gadget féminin contre le viol ? Voilà l’idée de la start-up Undercover Colors qui a mis au point un vernis à ongle capable de détecter le GHB dans une boisson, en trempant son doigt dans le verre du soupçon.
C’est après qu’une de leurs amies aient été victimes d’une agression sexuelle sous l’emprise de GHB que ces quatre étudiants ont développé cette idée. Un vernis qui change de couleur au contact de ce produit incolore, inodore, sans saveur, communément appelé “drogue du violeur”.
Le directeur général de la start-up, Tyler Confrey-Maloney explique : « Nous voulons déplacer la peur du côté des agresseurs ». L’idée n’est pas de rendre le produit directement utile, mais du moins de faire prendre « conscience aux criminels qu’ils peuvent être démasqués ».
Le vernis “Ange Gardien” protègera-t-il du viol ?
Le GHB est un anesthésique puissant. Considéré comme un stupéfiant, son usage est interdit. Le trafic de GHB est un crime puni d’une amende pouvant monter jusqu’à 7 500 000€ (source : DIS).
Les premiers effets du GHB sont une euphorie, une désinhibition et une sensation de chaleur qui lui ont voulu le surnom de “liquid ecstasy”. Mais son dosage peut se révéler dangereux. Comme le rapporte le site Drogues-Info-Service, la marge entre la dose nécessaire pour ressentir les effets récréatifs et la dose limite d’intoxication est très mince.
Surdosé, il entraîne de nombreux effets secondaires : perte de connaissance, nausées, vertiges… Mélangé à de l’alcool, le GHB réagit très mal, provoquant parfois des comas suivis de gros trous noirs.
Ce produit n’a donc pas volé sa réputation de “drogue du violeur”. Sous sa forme liquide, transparent, il est facile à dissimuler dans un verre. Depuis les années 2000, il est médiatisé comme un produit utilisé par des criminels pour dépouiller les victimes de leurs biens, les violer ou pire encore…
Pourtant, en 2012 en France, seulement six cas de “soumission chimique” (c’est à dire une agression précédée par la consommation d’un produit psychoactif à l’insu de la victime) ont mis en cause l’usage de GHB (source : Enquête nationale sur la soumission chimique par l’ANSM). Ce produit semble peu diffusé dans l’hexagone, et difficile à se procurer.
Pour les criminels, pas question de perdre plusieurs jours à trouver ce produit quelque part sur Internet ou aux Pays-Bas. Une alternative plus simple peut se trouver en pharmacie, en cherchant dans des médicaments de la famille des benzodiazépines. Le zolpidem, le clonazépam ou le bromazépam sont les produits les plus utilisés pour soumettre chimiquement une victime (45 cas sur 65 victimes).
Sur ce graphique réalisé par Drogues-Info-Service, on constate que ces médicaments raflent une première place incontestable. Les anesthésiques, auxquels appartient le fameux GHB, n’arrivent qu’en troisième position.
L’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies insiste également sur la faible popularité du GHB en France. En revanche, il est de plus en plus utilisé à des fins récréatives comme une alternative à la MDMA, mais cet usage demeure rare et discret par rapport à d’autres substances.
Si le vernis “Ange Gardien” vous protégera du GHB d’ici moins de deux ans, il ne vous protégera pas toujours du viol. Peut-être faudrait-il l’étendre aux benzodiazépines pour de meilleurs résultats.
Drogues Info Service le rappelle : la consommation de drogue en France est interdite.