Ces artistes aux personnalités diverses qui échangent leurs influences jazz, funk, house sur un maxi au nom évocateur, Serious Intentions, paru sur D.KO en début d’année dernière, et sur un futur premier album Unidentified Flying Object, qui sortira au printemps. Trax a rencontré le groupe en amont de leur prestation au Brox Festival du 14 au 17 avril à la station Les Deux Alpes.
À la base du projet, il y a Ralph & Larry Houl. Comment vous êtes-vous rencontrés ? Et pourquoi faire de la musique ensemble ?
Ralph : On s’est rencontrés lors d’une soirée chez un ami en commun. J’ai commencé à mettre de la musique avec mon iPod, et Larry s’est mis à jouer du piano et à chanter. À la fin de la chanson, tout le monde s’est mis à applaudir. Je lui ai dit qu’il fallait qu’on essaie de faire de la musique ensemble. On s’est vus le lendemain et on a fait notre premier morceau Back To You.
Ralph & Larry Houl – Back To You
C’était il y a un peu plus de 3 ans maintenant. Quand avez-vous décidé de monter un groupe ?
Larry : Avec Ralph on cherchait un pianiste pour notre live, que l’on voulait améliorer. Un soir j’ai rencontré Paul en boîte, à une soirée Popcorn Record chez qui il avait sorti un EP. Il m’a dit qu’il était pianiste et que participer à ce projet pourrait l’intéresser. On s’est vus une semaine après, il est venu ici pour une jam-session (au studio/appartement de Raph, ndlr.), on a fait un buff et ça a matché.
Et vous avez continué à agrandir le groupe…
Larry : Avec Ralph, nous nous sommes dit que c’était un peu bête de travailler avec Paul seulement pour le live, et qu’il fallait que l’on crée un nouveau projet. Cela a donné un autre son, moins pop que ce que l’on faisait avec Ralph au début, là il y avait un vrai côté jazz. On a trouvé le nom Secret Value Orchestra, ensuite Théo, avec qui Ralph et Popo ont créé D.KO, nous a rejoints.
Ralph : Pour nous, D.KO est le point de rassemblement de tout le projet.
Larry : Monsieur Popo nous a rejoints ensuite.
D’ailleurs, quel est véritablement son rôle ?
Ralph : À la base, on cherchait un ingé son, quelqu’un pour nous aider là-dessus. On a mis du temps à trouver la bonne combinaison en live, parce que ce n’est pas évident à cinq (rire). Surtout pour tourner dans des clubs qui sont plus équipés pour recevoir des DJ’s que des groupes. Maintenant, il est un peu devenu le chef d’orchestre.
De votre point de vue à chacun, en quoi SVO est-il différent de vos projets solos respectifs ?
Théo : Le simple fait que ce soit un groupe. Le parti pris de jouer de la house en live. Cela n’a rien à voir avec ce que l’on fait en solo, où l’on va mixer ou jouer en live machine.
Ralph : C’est une dynamique vraiment différente. C’est une dynamique de groupe de rock, de colonie de vacances !
Larry : C’est très rare que l’un d’entre nous arrive avec un morceau et dise “Venez on fait ce morceau !” On est beaucoup plus dans l’improvisation, dans la composition collective. On jamme ensemble et puis des idées viennent. Moi j’écris un texte, Ralph a peut-être une idée à la base, Théo compose ses rythmiques de drums, Paul arrive ses accords et là, on compose un morceau. Chaque individualité participe à la création d’un morceau. C’est basé sur l’échange.
EF invite – Secret Value Orchestra – Live
Et en prestation ça se passe comment ? Comment faites-vous pour que tout roule ? Vous répétez beaucoup ?
Théo : Oui, c’est beaucoup de répétition. Nous avons généralement un timing assez délimité, vu que l’on ne peut pas trop empiéter sur la performance du DJ suivant ou précédent. En une heure, il faut que l’on sache où l’on va ; si l’on se met à improviser ou à faire des trucs de 15 minutes, ça devient compliqué. Nous avons une gamme de morceaux dont nous savons que nous allons les jouer. Après, on arrange un peu en fonction de la réaction du public.
Larry : Effectivement, il y a toujours une part d’impro, mais c’est avant tout travaillé.
Votre format idéal sur scène, ce serait quoi ?
Théo : Une heure c’est bien.
Ralph : Oui, une heure c’est pas mal, au final. On s’y est faits, cela nous laisse le temps de placer des morceaux qui sont assez club et des trucs qui sortent un peu des sentiers battus, on a des choses plus jungle ou des morceaux plus lents, sans que cela ne devienne redondant.
Théo : Peut-être une heure et demie.
Larry : Oui, plus ce serait trop.
Ralph : Après, on ferait chier les gens ! (rire)
Le fait de chanter nous rappelle un peu ce qui se faisait à l’époque de la garage, c’est une vraie plus-value ?
Larry : On essaye de faire des morceaux qui s’approchent de ce que l’on appelle une “chanson”. Ce ne sont pas que des morceaux house avec des samples de voix. Il y a une structure de chanson derrière, avec un couplet et un refrain sur la quasi-totalité des morceaux. Sur le prochain album par exemple, il y aura une balade.
Et au niveau du ressenti du public ?
Théo : Ça doit les changer, c’est sûr. (rire)
Ralph : Sur scène, cela apporte une énergie très différente. Quand il y a un chanteur, le contact avec les gens est plus immédiat.
MCDE a dit que l’avenir de la musique électronique était instrumental. Qu’est-ce que vous en pensez ?
Larry : Il faut les deux, des instruments et des machines. C’est important de garder les deux types de composition. Je ne sais pas si l’avenir ne sera fait que de ça, mais nous, on prend du plaisir à jouer. Il y a peut-être d’autres gens qui font la même chose que nous et qui éprouvent tout autant de plaisir à produire de leur studio. Personnellement j’aime bien créer tout seul chez moi, et je pense que c’est un peu le cas de tout le monde ici.
Ralph : C’est agréable de jouer d’un instrument. Je ne ferai pas de grande généralisation sur le futur de la house, mais à notre niveau, c’est quand même plus sympa de jouer d’un instrument que d’être derrière son ordi. Je fais aussi un live avec mon ordi, que j’aime beaucoup, mais à la longue c’est peut-être moins stimulant.
Vous jouez bientôt au Brox Festival, dont Vincent ici présent s’occupe de la direction artistique. Comment s’est faite cette rencontre ?
Vincent : Pour moi, l’idée en tant que DA était de remettre le live au centre du projet. De se faire plaisir en programmant des live house et électroniques, avec de vrais instruments et des musiciens qui jouent sur scène. Il y a une trentaine d’heures de live en trois jours, plus les sets au Pano Bar, où Flabaire et Mézigue joueront en b2b. Je connais D.KO depuis un bout de temps, et je suis le projet de SVO depuis le début. La comparaison entre la voix de Larry et celle de Jamiroquai revient souvent, ça a tout de suite été un coup de cœur.
Et ce ne sont pas les seuls…
Vincent : Oui, nous avons programmé plein d’autres artistes comme Leopol, Christian Bekart ou Superman Lovers dont le titre “Starlight” nous a tous foutus en l’air lorsque nous étions gamins. Et plein d’autres. Nous voulions remettre la musique au centre de l’électronique.
Et le spot du festival, la station des Deux Alpes, s’y prête bien ?
Vincent : Oui, le point d’implantation est top. Il va y avoir toute une scène chill out, avec vue sur la vallée de la Muselle. À la nuit tombée, cela fera de belles images. La scène se trouve au bout de la station des Deux Alpes, là où se font normalement les départs des parapentes. Les festivaliers pourront donc voir le massif des Écrins, c’est un cadre assez exceptionnel.
Ralph : J’ai vu des photos et c’est assez ouf.
SVO, ça vous change de jouer dans ce cadre-là ?
À l’unisson : Carrément !
Ralph : Je ne sais pas comment les doigts vont suivre avec le froid (rire).
Larry : On mettra un peu de talc.
Ralph : Ou des gants, c’est pratique. En tout cas, on a hâte.
Vous skiez un peu ?
Ralph et Théo : Oui !
Larry : Je n’ai jamais skié de ma vie. Ce sera une grande première, je risque de me casser la jambe avant le live… (rire)
Le Brox Festival se tiendra du 14 au 17 avril à la station Les Deux Alpes.