Un nouveau docu explore la naissance des raves dans le Dublin des années 90

Écrit par Lucien Rieul
Le 27.02.2017, à 11h44
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Écrit par Lucien Rieul
Le documentaire Notes on Rave in Dublin, projeté en avant-première à l’Audi Dublin International Film Festival (ADIFF) les 24 et 26 février, retrace l’histoire de la scène électronique dans la capitale irlandaise durant la décennie 1990-2000.

L’émergence de la culture rave au Royaume-Uni durant les années 90 a été amplement documentée : la vague acid house, l’esthétique caractéristique de ses flyers comme des pictogrammes estampillés sur les cachets d’ecstasy ; les free parties, leur propagation en France sous l’impulsion des Spiral Tribe, le Criminal Justice Act de 1994 et sa criminalisation de la “musique répétitive”… Curieux, donc, que l’on en sache aussi peu sur l’histoire du voisin irlandais. “C’était une histoire enfouie, et je me suis dit que c’était étrange que personne ne se soit intéressé à cette scène auparavant” déclare James Redmond à l’Irish Times. Journaliste à Rabble, un magazine dédié à la contre-culture dublinoise, il est également le réalisateur du documentaire Notes on Rave in Dublin. Au moyen de photos, de vidéos d’archives et d’entretiens menés avec des acteurs de la scène rave, le film retrace ce moment, presque utopique, où une communauté se construisait autour de la musique électronique dans le dépassement des classes sociales et des orientations sexuelles.

rave in dublin

Si tu regardes d’autres villes comme Berlin, Londres, Bristol, Manchester, Sheffield, n’importe où, il y a toujours une “histoire des origines”, poursuit Redmond. À Dublin, il n’y en a jamais eu. Nous avions l’histoire que telle ou telle marque choisissait d’y apposer, comme Redbull ou je ne sais quoi, afin de servir ses propres intérêts marketing. J’ai voulu étudier ce que cette histoire pouvait réellement être.

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Notes on Rave in Dublin passe en revue plusieurs lieux phares de la scène underground, du club Flikkers, situé au sous-sol de la fédération LGBT irlandaise, à d’autres salles comme le Sides, l’Olympic Ballroom, l’Asylum. “Ça n’était pas autant focalisé sur les DJ’s“, peut-on entendre dans la bande-annonce ; c’est donc plutôt de la communauté que traite le documentaire, de son émergence à son implosion au début des années 2000, de sa criminalisation à sa commercialisation. On apprend ainsi qu’à l’instar du Royaume-Uni ou de la France avec l’amendement Mariani, l’Irlande dispose elle aussi de sa loi “anti rave” : le Public Dance Hall Act de 1935, un arrêté initialement destiné à entraver la popularisation des clubs de jazz, sous prétexte que la danse inciterait à la dépravation, et qui soumet toutes les “soirées dansantes” à une déclaration, faute de quoi la police est susceptible d’intervenir à tout moment. 

Ce qui semble importer à James Redmond, c’est de témoigner de la beauté fragile et périssable de cette scène. “Elle aura duré le temps d’une lune de miel, mais la société des classes reprend rapidement le dessus, et plus encore les intérêts commerciaux. La scène s’est rapidement re-stratifiée. Sa force, ça a peut-être été de donner aux gens un aperçu de ce qui était possible.” Plutôt qu’un éloge du paradis perdu, Notes on Rave in Dublin dresse un portrait sans fard de la rave dublinoise, avec ses moments de grâce comme ses égarements. En attendant une diffusion intégrale, vous pouvez visionner la bande-annonce ci-dessous.

Notes on Rave in Dublin – Trailer

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