Uber : des milliers de témoignages de femmes agressées par leur chauffeur secouent la toile

Écrit par Cécile Giraud
Photo de couverture : ©DR
Le 26.11.2019, à 16h25
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Écrit par Cécile Giraud
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Depuis la semaine dernière, des milliers de personnes dénoncent sur les réseaux sociaux des agressions sexuelles commises par certains chauffeurs Uber sur leur cliente. Des témoignages qui mettent en lumière une faille dans la sécurité du service de VTC californien, grâce au hashtag #UberCestOver.

#UberCestOver. C’est le hashtag que la twittosphère a choisi la semaine dernière pour dénoncer les harcèlements et agressions sexuelles de la part des chauffeurs de la marque de VTC. S’il n’a pas encore eu sa place dans les tendances et top tweet du réseau social, le phénomène est en train de prendre un dimension considérable sur Instagram.

Tout commence lorsque cette jeune femme de 22 ans raconte au journal Dernières Nouvelles d’Alsace, que son chauffeur Uber est rapidement devenu indiscret: « il m’a demandé quel âge j’avais, si j’habitais seule ». Puis il pose sa main sur la sienne, touche la cuisse de la jeune femme, avant de l’obliger à toucher la sienne. La victime décide ensuite de témoigner sur les réseaux sociaux. Un acte qui permettra à une seconde victime de reconnaître le même chauffeur par lequel elle avait été agressée deux ans auparavant à Strasbourg également. Cette autre jeune femme se confie alors à Anna Toumazoff, alias @memespourcoolkidsfeministes sur Instagram, qui relaie l’information auprès de ses 41.000 abonnés via une vidéo mardi 19 novembre.

Peu à peu, les langues se délient. Anna décide de porter la voix des victimes : chaque jour, des centaines de femmes lui témoignent, captures d’écrans à l’appui, des agressions vécues en rentrant de soirée. Sur l’App Store de Uber, sur Instagram et Twitter, les commentaires affluent, mais sont supprimés  : « C’est vraiment le truc qui a fait vriller les gens. Des harceleurs, y’en a partout, mais ces agressions peuvent être évitées si Uber fouille scrupuleusement le passé de ses employés. Et rien ne peut concrètement être mis en place si les courses où se sont produits les incidents sont supprimées du sytème.»

Le 21 novembre, Uber décide enfin de s’exprimer, et tweet : « La sécurité des utilisateurs de l’appli est une priorité absolue. Toute agression est traitée dans le cadre d’une procédure intransigeante. En cas d’incident lié à une agression sexuelle, le compte qui aurait commis les faits est systématiquement suspendu à titre préventif. Sur les réseaux sociaux, nous avons commis une erreur en supprimant des messages qui n’auraient pas dû l’être. Nous nous excusons sincèrement de ce manque de discernement et avons pris les mesures nécessaires. »

Mais pourquoi donc Uber ne fait rien pour protéger ses client.e.s ? Pourquoi ces chauffeurs-ils sont toujours en circulation ? Pourquoi les victimes n’obtiennent pas gain de cause ? Comment être sûr.e d’être en sécurité ? Anna vit ça comme une trahison : « Uber c’est le truc safe par excellence, on se sent trahi.e.s par une compagnie qui ne protège pas ses utilisateurs, alors qu’elle prône la sécurité. »

Le 22 novembre, alors que les victimes sont toujours dans l’attente de réponses, Uber diffuse un podcast intitulé “Comment sont traitées les agressions sur Uber ?” afin de lancer une nouvelle fonctionnalité, “Rappel en temps réel”. L’objectif ? Tout utilisateur.rice signalant une agression sur l’application sera rappelé.e en temps réel, par des employé.e.s formé.e.s pour gérer les incidents graves. La procédure pour ces incidents, décrite dans le podcast, sera alors immédiatement déclenchée. Dans la foulée, la marque crée une nouvelle plateforme, Uber Support pour toute question ou signalement urgent, et tweet  : « Les situations de harcèlement et d’agression sexuelle ne peuvent pas rester sans suite. Nous sommes mobilisés ». Anna réplique  : « pour moi, c’est n’importe quoi, ça suffit pas. Cette fonctionnalité, elle est déjà censer exister. Donc soit c’est juste un coup de com’, soit c’est vraiment un nouveau dispositif. Mais à ce moment-là, ils doivent assumer que leur sécurité était défaillante. »

Alors que samedi 23 novembre au moins 49 000 personnes défilaient dans les rues de Paris contre les violences sexistes et sexuelles, que dit ce Ubergate de la sécurité des femmes dans la rue ? « C’est ignoble, souffle Anna». « Déjà qu’on ne peux pas rentrer seule à pied, si on n’est pas en sécurité même dans un Uber, on fait comment ? On sort plus ? ». Sur les réseaux sociaux, quelques personnes partagent déjà quelques tips pour ne pas se faire agresser, ce qui « rend folle » Anna : se mettre derrière le chauffeur pour l’empêcher de voir le.la client.e ou le.la toucher par exemple, ou encore activer le GPS sur son téléphone, etc. Si pour le moment, Anna n’a toujours pas été contactée par Uber et que les plaintes n’ont pas toutes atteint les commissariats, la créatrice de la page @memespourcoolkidsfeministes continue de partager les témoignages et assure : « Il y a une profonde envie de revanche dans tous les messages que je reçois. » Affaire à suivre, alors que la marque de VTC californienne vient juste de perdre le droit d’exercer à Londres pour des problèmes sécurité, ce mardi 26 novembre.

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