Tunisie : l’appel à la prière techno de Dax J tourne au lynchage public sur les réseaux

Écrit par Jacques Simonian
Photo de couverture : ©Dax J
Le 04.04.2017, à 11h47
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©Dax J
Écrit par Jacques Simonian
Photo de couverture : ©Dax J
Lors d’une soirée de la deuxième édition de l’Orbit Festival, qui se déroulait du 31 mars au 1er avril dans la région de Hammamet en Tunisie, le DJ britannique Dax J a joué un track samplant l’adhan, l’appel à la prière. Un acte qui a suscité de vives réactions dans un pays où l’Islam est la religion d’État ; le club El Guitoune, où Dax J se produisait, a été fermé, et une enquête pour atteinte aux bonnes mœurs et outrage public à la pudeur a été ouverte. Le DJ aurait par ailleurs reçu des menaces de mort sur les réseaux sociaux et a décidé de clôturer tous ses comptes.

Tout est parti d’une vidéo partagée dimanche dernier, le 2 avril. Dans celle-ci, on voit des festivaliers dans un club de Nabeul, El Guitoune – un établissement prisé des touristes – danser sur un sample de l’appel à la prière, que le producteur techno Dax J a joué durant son set, le soir précédent. Le londonien se produisait dans le cadre de l’ORBIT Festival, dont il partageait l’affiche avec DVS1, La Fleur et Radio Slave. Alerté, le gouverneur de la ville, Mnaouar Ouertani, a confirmé dans un communiqué repris par l’AFP la fermeture du club, visé par une enquête d’atteinte aux bonnes mœurs et d’outrage public. Avant d’ajouter : « Nous ne permettons pas l’atteinte aux sentiments religieux et au sacré. »

La nouvelle a suscité une polémique sur les réseaux sociaux. Le principal intéressé, Dax J, a immédiatement présenté ses excuses sur la page Facebook de l’ORBIT Festival : « Je n’ai jamais voulu provoquer ou offenser quiconque. » Un commentaire posté depuis sa page officielle, supprimée depuis, à l’instar de ses comptes Twitter et Instagram – une décision sans doute motivée par le déferlement de commentaires injurieux, voire de menaces de mort, qui lui aurait été adressé selon Sourdoreille.

dax j

Les organisateurs se sont eux aussi fendus d’un long mot d’excuse : « Sans vous, ORBIT Festival 2017 n’aurait pas eu lieu. (…) Dax J n’avait nullement l’intention de provoquer votre colère ou vous offenser. Il est clair, après ses excuses, que Dax J est sincère et n’a aucune raison de faire du mal à nos chers festivaliers. Le son de l’appel à la prière l’a inspiré musicalement et il a trouvé que la tonalité pouvait nous toucher. Ce qui a été le cas. Mais à prendre d’un point de vue de PAIX et de RÉCONCILIATION et surtout d’une bonne foi de sa part. Il ne croyait pas que cela pouvait vous offenser. » L’équipe a tout de même tenu à « décliner toute responsabilité ».

La nouvelle a également fait réagir d’autres DJ’s. Joseph Capriati s’est ainsi exprimé sur l’événement : « Je pense que si tu es un producteur et que tu utilises un sample, tu dois tout d’abord comprendre ce que cela signifie. Cela peu arriver à beaucoup de DJ’s de ne pas reconnaître une prière sacrée et de la jouer sans vouloir offenser qui que soit. (…) Le mieux, selon moi, c’est de ne jamais mixer des vraies prières avec notre culture de la musique, et si tu veux produire un track avec un sens spirituel, il y a de nombreuses manières de le faire. Je suis triste pour ce qu’il s’est passé pour Dax. Je suis persuadé que ce n’était pas son intention d’offenser qui que soit. La techno est une façon d’unir les gens et de propager la paix. »

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