En trois ans, le jeune Trym s’est imposé comme l’un des représentants de cette nouvelle génération porteuse d’un son radical, et déterminée à bousculer les codes. Aujourd’hui, sa hard techno mélodique s’exporte à travers toute l’Europe et rencontre un succès fulgurant. Pour le lancement du label de Possession, il signe sur leur première compilation “Pandora”, un hymne hard dance qui se prête autant aux warehouses qu’aux clubs. Nous l’avons rencontré à l’occasion de sa diffusion en premiere sur Trax.
Avant d’apparaître sur la première compilation de Possession, tu as déjà collaboré avec le collectif, notamment sur la série de podcasts qu’ils ont lancé pendant le confinement. Tu sembles entretenir un lien fort avec eux. Quelle est ton histoire avec Possession ?
On s’est toujours très bien entendus Mathilda, Anne-Claire et moi. On est sur la même longueur d’ondes, on se fait confiance. J’espère que c’est le début d’une histoire. Ça fait plus d’un an et demi qu’on est en contact et on a encore plein d’autres projets. J’espère que ça va durer ! Avec Possession, tout a commencé en novembre 2019. Ils m’ont contacté en me disant qu’ils croyaient en ma musique et qu’ils voulaient me donner l’opportunité de me mettre en avant sur la scène parisienne et européenne. Ils m’ont proposé de jouer à la Boiler Room en novembre 2019. C’était mon premier événement avec eux et ma première Boiler Room. J’étais comme un gosse quand j’ai appris la nouvelle ! J’ai fait de mon mieux à cet événement pour montrer qui est Trym et quel est mon univers. Beaucoup de pression ! Mais tout s’est bien passé et ça m’a ouvert des portes pour faire des dates en Europe.
Comment as-tu été amené à paraître sur cette compil’ ?
En janvier 2020, j’ai reçu un mail de Mathilda dans lequel elle me parlait du lancement du label et la sortie d’une première VA avec une dizaine d’artistes ayant joué à Possession. On avait six mois pour préparer le track. Normalement, on devait aller en studio mais il y a eu le Covid…
Comment s’est passé la production de “Pandora” ?
Je l’avais produit en décembre 2019. On l’avait déjà utilisé pour le teaser qui annonçait ma venue à la prochaine Boiler Room sur Paris. Vu qu’on n’avait pas pu aller en studio, je leur ai proposé ce track-là. Mathilda et Anne-Claire l’ont écouté et puis elles ont aimé. J’avais un bon feeling sur ce morceau. Je l’avais joué une ou deux dates avant. Après la vidéo d’annonce de la Boiler Room, il y a eu pas mal de demandes de track ID. Grand plaisir que les gens l’attendent autant.

Sur SoundCloud, certains de tes tracks sont signés « sparkling water boy ». D’où vient cet alias ?
L’alias a été créé au fil du temps. Sur une Q&A que j’avais fait sur Instagram, quelqu’un m’a demandé d’où venaient mes inspirations et je ne savais pas trop quoi répondre. À ce moment-là j’avais une bouteille d’eau pétillante San Pellegrino à côté de moi, alors je me suis pris en photo en répondant « c’est parce que je bois de l’eau pétillante » [rires]. À partir de là, le nom a commencé à tourner. J’ai trouvé le surnom plutôt sympathique et puis plus tard c’est devenu une marque de vêtement que j’ai lancé sous les initiales SWB. Je sors une ou deux collections par an.
Cet alias, on le retrouve aussi sur sparklingwaterboy.com, le site que tu as ouvert en mai dernier pour la promotion de ton EP Millenium. Comment as-tu monté ce projet ?
Le 10 juin 2019, “Millenium Pain” était sorti sur SoundCloud. C’est un des tracks dont je suis le plus fier jusqu’à présent, et je me suis dit que je pouvais en rajouter deux pour en faire un EP. Dès la production du premier track, l’idée m’est venue de le signer sur vinyle. On a voulu proposer un teaser interactif qui plaise au public, alors on a eu l’idée de créer un site sur lequel on pouvait diffusé un clip de 20 minutes avec un compte à rebours pour annoncer la sortie du vinyle. Possession m’a laissé carte blanche sur la communication. Pendant un mois, j’ai décliné toute une charte visuelle sur Instagram avec des textes en japonais. On a eu un mois jour pour jour pour tout faire. C’était la course ! Au moment de la sortie, le site comptabilisait 1 000 visites et en 4 mois, plus de 60 000. On a bossé comme des fous sur ce projet. J’espère qu’on va en faire d’autres comme ça à l’avenir, mieux préparés et avec plus de temps ! [rires]
C’est bien des samples de Naruto que tu as utilisé sur les autres morceaux d’ailleurs ?
Oui. J’ai essayé de créer une histoire autour des aventures de Naruto en sélectionnant des extraits d’épisodes importants. Sur le vinyle, l’ordre des tracks suit l’évolution de Naruto.
En club, même à 300 personnes on peut mettre le feu et ça peut être fou.
Trym
Tu es issu de cette jeune scène techno qui a repris d’assaut les warehouses de la périphérie parisienne, et pourtant il y a aussi un côté très club dans ta musique. As-tu un terrain de prédilection ?
J’aime autant l’un que l’autre, mais je ne peux pas nier ma préférence pour les warehouses. En warehouse, le son a le temps de se diffuser, de baigner dans toutes les parois du hangar. Il a plus d’espace pour respirer avec la hauteur de plafond. Ça ajoute du grain et ça lui donne beaucoup plus d’impact. En club, le ressenti est différent. Quand il y a trop de mélodies, ça peut vite faire too much. Après, en club il a cette intimité qui crée une atmosphère particulière. Même à 300 personnes on peut mettre le feu et ça peut être fou. Parfois on peut même prendre plus de plaisir à jouer en club grâce à ça.
On peut souvent te voir en closing des événements où tu joues. Est-ce que tu te considères comme un artiste de closing ?
Je ne sais pas trop… c’est au public de le dire ! Effectivement, j’ai cette image d’artiste de closing, à Paris en tout cas. Et j’en ai joué sur les réseaux sociaux. Dès mes débuts en 2017, j’étais placé en closing parce que mon style rapide et hard collait plus en fin de soirée. Au fil du temps, j’ai fini par me dire que c’était ma place. Pour avoir déjà joué hors closing, c’est vraiment là où je me sens le mieux. C’est un honneur pour moi de faire les closing. C’est les dernières heures, le moment de finir en apothéose ! Et puis en closing, il n’y a pas de limites, il faut fatiguer tout le monde. À chaque fois je me dis : « Vas-y fonce ! Lâche les chevaux ! ».
Comment ta musique est reçue à l’international ?
J’ai fait ma première date en Espagne le 13 septembre dernier. Comme à chaque fois que je joue dans une nouvelle ville, j’avais une petite appréhension par rapport au style de musique que je joue. C’est une techno qui ne plaît pas forcément à tout le monde. J’ai déjà eu quelques mésaventures sur des dates où ça ne collait pas. Et c’est le risque quand on essaye de proposer quelque chose d’original. Mais je préfère rester naturel et jouer ce que j’aime. Et franchement, c’était ouf à Madrid ! C’était spécial parce que les gens étaient séparés comme sur des places de parking. Mais malgré ça, le public était réceptif et je n’ai eu que des bons retours.
Pour moi, la production c’est comme écrire un livre ouvert ; je mets tout dedans. Elle grandit en même temps que moi.
Trym
Est-ce que ça t’a poussé à adapter ton style quand tu joues en club ?
Parfois j’essaye d’adapter ma musique, mais très légèrement. En warehouse j’opte pour des sons plus mélodieux, plus orientés hard trance par exemple. Quand j’ai commencé, je faisais beaucoup d’industriel. Maintenant, ce que je propose est totalement différent. Pour moi, la production c’est comme écrire un livre ouvert ; je mets tout dedans. J’essaye de raconter une histoire tout en transmettant mon ressenti du moment et mon univers. Ma musique évolue au fils de mes expériences, de mes dates, de mes voyages, des événements de la vie… Elle grandit en même temps que moi.
De quel œil vois-tu l’année 2020 ? Comment as-tu vécu ces derniers mois ?
Je pense finir l’année sur “Pandora”. Pour l’instant je n’ai rien d’autre de prévu, mais comme je suis en free style, je vais peut-être finir par sortir un nouveau morceau. C’est l’avantage de ne pas avoir un calendrier de sortie trop contraignant. Je reste libre là dessus.

Comment s’annonce l’année 2021 pour toi ?
Beaucoup de choses sont prévues. On travaille sur un gros projet avec des vidéos, similaire à “Millenium”, mais en plus abouti et plus professionnel. On veut surprendre davantage le public avec des nouveautés.
Comment te projettes-tu dans tes prochaines années de carrière ? D’autres projets en vue ?
C’est une bonne question ! [rires] Pour le moment, je ne me pose pas trop de questions. Je continue et je profite. Je me sens privilégié de pouvoir vivre de ma passion librement et j’essaye de rendre ça au public. Jamais j’aurais cru faire tout ce que j’ai fait ces trois dernières années. Je vais essayer d’aller toujours plus loin et continuer à casser toujours plus les codes.
Trym jouera à Paris son premier All Night Long à La Machine du Moulin Rouge lors la Club Trax du 15 avril avec Roni et Betty.