TRAX.238 : Siriusmo fait danser les neurones et redouble de grooves déstructurés en 1H de mix

Écrit par Éléonore Reyes
Photo de couverture : ©Siriusmo
Le 27.09.2017, à 17h57
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©Siriusmo
Écrit par Éléonore Reyes
Photo de couverture : ©Siriusmo
Siriusmo est l’un de ces producteurs de l’ombre qui se laisse difficilement identifier. Sa phobie de la scène – qui s’est frayé un chemin jusque sur sa page Wikipédia – le rend discret, mais chacun de ses albums réaffirme son importance dans le panorama électronique actuel. Dans le cadre de la sortie de son dernier opus Comic, le 15 septembre dernier, il se dévoile dans un mix qui prend pour thème la bande dessinée.

Grand copain du duo star berlinois Modeselektor et de Boys Noize, qui le considère comme “un génie”, Siriusmo n’est pas seulement un producteur (respecté) de musique : il vit de la peinture et du dessin, son “gagne-pain”. Son dernier album s’appelle logiquement Comic, pour évoquer les bandes dessinées qui “représentent vraiment [sa] musique. Il y a plein d’effets de surprise, de retournements, des choses un peu drôles voire pathétiques”. Sorti sur Monkeytown Records, le label de Modeselektor (voir Siriusmodeselektor), Comic marque son retour dans les bacs quatre ans après Enthusiast. Un ovni hybride qui éclabousse autant la scène electronica, bass, post-rock que hip-hop.

D’où lui vent cet éclectisme ? “Je suis vraiment curieux de tout. Quand j’entends un son, un chant d’oiseau, quand je vois un truc, ça m’interpelle. La musique et le dessin sont des manières d’exprimer cette curiosité.” Ouvert aux inspirations et aux modes d’expression, il garde néanmoins une grande réserve sur le DJing : “Je ne suis pas un DJ. C’est quelque chose que j’apprécie mais je ne suis pas fait pour ça. Déjà parce que je ne suis pas un collectionneur. J’aime et je connais beaucoup de musique bien sûr, mais pas comme les vrais DJ’s. Et puis la scène n’est pas vraiment mon truc. Pour être DJ, il faut communiquer quelque chose à ton public, montrer que tu aimes être là et faire danser les gens. Ce n’est pas mon cas.”

© Jan Siebert

Mixé sur le logiciel Cubase, son podcast pour Trax apparaît comme un collage. Les morceaux s’y enchaînent sans véritables transitions, ce qui démontre bien la philosophie de Siriusmo : dans une BD, les cases sont nettement séparées mais le cerveau du lecteur parvient à en retrouver le sens. Ici, c’est aussi à l’auditeur de découvrir l’histoire que raconte le mix.

Le processus est le même que son album Comic. Lorsqu’on lui demande d’en parler, c’est spontanément qu’il demande : “Mais toi, tu en as pensé quoi de cet album ?” Et plus tard : “Je ne sais pas vraiment ce que j’en pense en fait. Ce sont des morceaux que j’ai choisi de retravailler longuement, parmi la masse de projets qui déborde,t de mon ordinateur.” La formule qui résume le concept de Comic serait alors : “14 morceaux arrachés d’un album de dessins pour être vivement coloriés par vous !”

Iconoclaste invétéré doté d’une âme d’enfant prodige, Siriusmo nous livre ici un mix qui présente un univers composite, décalé et intriguant. On le retrouvera sur scène au H7 Warehouse d’Amsterdam aux côtés de Modeselektor le 18 octobre prochain. Et pour se procurer son album Comic rendez-vous juste ici

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