Après avoir passé son adolescence à Bruxelles, c’est à Paris qu’il est établi aujourd’hui. Si son nom est associé à celui de DKO Records, ce label qui fait vibrer la France et ses pays limitrophes sur les rythmes groovy d’une house ensoleillée, c’est parce qu’il en est l’un des fondateurs.
Baigné dans la musique depuis son plus jeune âge, il doit son éducation musicale à son nid familial. “Mon père faisait partie d’un groupe de rock dans les années 60 et mon grand frère aussi, un peu plus tard. C’est grâce à eux que j’ai découvert beaucoup d’artistes que j’écoute encore aujourd’hui.” À 3 ans, il commence à faire du piano mais abandonne rapidement parce que “le solfège, c’est assez contraignant”. Il se met ensuite à la guitare et, alors âgé de 12 ans, il crée son premier groupe de rock.
Plus tard, Ralph n’est pas épargné par la French Touch. Ses oreilles, comme celles de beaucoup d’adolescents à cette époque, sont séduites par le tourbillon de beats électroniques qui jaillissent un peu partout en France. Justice, Cassius, Daft Punk apparaissent comme des révélations. Pour Ralph, cette découverte est la porte ouverte à une exploration plus approfondie du temple de la musique électronique. “Quand j’ai découvert la house, je n’écoutais plus que ça. Pendant deux ou trois ans je n’ai rien écouté d’autre. Grâce à mon cousin, j’ai découvert et commencé à apprécier des artistes un peu plus underground”. Il achète Logic et commence à produire de la musique.
Secret Value Orchestra © Samuel Lagarto
Il y a 5 ans, il rencontre Larry. Ils forment ensemble le duo Ralph & Larry Houl et sortent en 2014 leur EP Back to You sur Frank Music. Poussés par l’envie d’enrichir leur musique, ils partent à la recherche d’un pianiste, “pour qu’il [les] aide à créer des harmonies un peu plus complexes et à ajouter des arrangements”. Après quelques auditions ratées, Larry rencontre le futur élu, Paul Cut, en club. Ils accrochent directement, et une semaine plus tard, ils sont déjà occupés à faire de la musique ensemble. Ce coup de cœur fait grossir la formation rapidement et deux autres amis sont embarqués au passage : Théo (Mud Deep) aux drum-machines et Popo (Mezigue) en tant qu’ingénieur du son, élément indispensable pour gérer les live. Et voilà comment Secret Value Orchestra est né.
Raconter l’histoire de Flabaire sans raconter celle de D.KO, c’est comme écrire un roman en omettant son héros. “D.KO, ça a à peu près tout changé pour moi. D.KO est ce que je fais de ma vie maintenant”. Le collectif est créé à l’origine pour organiser des soirées. En 2013, alors que l’idée germait déjà depuis quelques années, le label est mis en place. “DKO, c’est une manière de diffuser de la musique sans contraintes et dans une plus grande dimension.” Lancé avec un EP qui rassemble Mad Rey, Paso et Flabaire lui-même, il a aujourd’hui dépassé dix sorties, et les copains derrière le label espèrent bien pouvoir continuer sur cette voie.
De son background de rockeur, Ralph a gardé un amour pour les instruments. Bassiste dans Secret Value Orchestra, il utilise des machines dans ses projets solo pour combler le vide qu’il peut ressentir au niveau des outils dans la musique électronique. “Jouer d’un synthé, c’est comme jouer au piano. J’y suis plus habitué et puis, ça a un son plus chaleureux, un son qui me plaît davantage, plus analogique, très chaud, qu’il est difficile de retrouver avec un ordinateur uniquement. J’utilise le Nord Lead 2 pour mes basslines et pour les nappes, je privilégie le Elka EK22”. Parfois, il a l’impression de trahir ses origines.
“Quand j’entends du rock, je me dit que ça, c’est de la vraie musique. J’ai toujours une sorte de complexe dans un coin de ma tête quand j’écoute un morceau des Beach Boys ou des Beatles par exemple, je me dis que c’est à des années-lumières de ce que je fais.”
Mais une sortie en club, à se trémousser sur de la house, suffit à lui rappeler à quel point la musique électronique est formidable. “J’aime le côté festif et le côté répétitif, un peu enivrant et psychédélique, qui te fait rentrer dans une transe. L’énergie qui se dégage de cette musique est incroyable. Ce qui est cool, c’est que c’est violent, sans être agressif.”
Cette année, il a sorti son premier album. Pour lui, c’est un moyen de faire le lien entre ces deux styles musicaux qu’il aime tant. Le titre, “It’s Just a Silly Phase I’m Going Through”, évoque un morceau des années 70 et rappelle cette relation ambiguë qu’il entretient avec la musique électronique. “Je me dis qu’en fait ce n’est qu’une passe, que ça ne va pas rester ; mais d’un autre côté je sais que ça va perdurer car j’adore cette musique, même si je ne veux pas me l’avouer tout à fait”. S’il pouvait allier ses occupations actuelles dans le domaine de la musique électronique à un groupe de rock, Ralph serait le jeune homme le plus heureux du monde.
Aujourd’hui, la musique, c’est sa vie. Ayant arrêté ses études, il se consacre pleinement à la production et composition de sa musique ainsi qu’à son label. “La musique, je ne fais que ça. Même indirectement, elle ponctue ma vie, les relations que j’ai avec les gens…” Ce qui tombe assez bien, car mis à part cela, Ralph ne voit pas très bien ce qu’il ferait dans la vie.
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Tracklist :
- LB aka Labat – “Personal Present for Collective Future” (D.KO Records)
- Steven Tang – “Disconnect to Connect” (Smallville Records)
- Shakarchi & Stranéus – “Iraq” (Geography Records)
- Exotic Coco Magic – “Fruits in Common” (Jens Records)
- Move D – “Lush Summer Rain” (Shanti Records)
- André Lodemann – “The Light” (Best Works Records)
- Trentemøller – “Le Champagne” (Naked Music Recordings)
- Trouble Men – “Crown Control” (Kif Recordings)
- Sweely – “Music Is Something Special” (Pont Neuf Records)
- Paul Cut – “Moving” (D.KO Records)