TRAX.176 TRIPEO AKA DARKO ESSER

Écrit par Céline Emmerechts
Photo de couverture : ©DR
Le 25.03.2016, à 12h45
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Écrit par Céline Emmerechts
Photo de couverture : ©DR
Polyvalent et passionné, le néerlandais Tripeo aka Darko Esser, avec ses quinze ans d’expérience sous le bras, s’est taillé une solide réputation. Directeur de Wolfskuil Records, en charge des événements de musique électronique au Doornroosje ainsi que DJ et producteur, tel un caméléon, il s’adapte à toute situation. Aujourd’hui, il a minutieusement préparé pour nous un excellent mix, que vous pourrez écouter en lisant l’interview un peu particulière qui suit, pour laquelle le français Shlømo s’est glissé dans la peau du journaliste, questionnant son acolyte un peu schizo, Tripeo aka Darko Esser.

Pas clairement définie – et c’est bon signe –, sa musique voyage entre house et techno avec, de temps à autre, un glissement vers d’autres genres. Il fait taper du pied les clubbeurs un peu partout en Europe (Berghain, Rex Club, Tresor, 11, House of God et bien évidemment Doornroosje). En parallèle, il organise une centaine d’événements par an, dont le Free Your Mind, festival à Arnhem.

En 2003, il lance le label Wolfskuil avec son ami DJ LL. Ensemble, ils ont signé quelques producteurs déjà bien établis comme Joris Voorn, DJ Yellow, Benny Rodrigues et Paul Brtschitsch, mais ils ont également permis à de nouvelles recrues d’être découvertes. Il n’y a rien à dire, ce monsieur est un grand homme.

darko esser

Quand Shlømo interviewe Darko Esser :

Tripeo/Darko Esser & BALANS, Wolfskuil, Wolfskuil ltd… Tu aimes classer ta musique et prendre différents noms en tant qu’artiste. Es-tu schizophrène ?

Bonne question. Le fait de tout diviser n’était pas prévu, j’ai commencé avec Tripeo et c’était quelque chose de pas trop sérieux. J’avais quelques tracks et je voulais les sortir, seulement, je ne voulais pas le faire sous mon propre nom comme je le faisais habituellement. C’était différent. Tripeo est un vieux surnom que j’avais lorsque je jouais dans des groupes de punk, il sonnait si bien que j’ai décidé de le faire revivre.

J’ai été assez surpris qu’il ait aussi bien pris. Quand c’est arrivé, il m’a semblé logique de faire des divisions entre les différents côtés de mon identité musicale. Tripeo est devenu mon alter ego pour tout ce qui est techno, et tout ce que je fais sous mon propre nom est beaucoup plus large, de la techno à la house, en passant par ce qu’il y a entre les deux. J’ai remarqué que le fait que je joue tous ces styles, genres et vibes différents rendait les gens confus. Je me suis donc rendu compte par après que cette division était une sorte de bénédiction déguisée.

Que penses-tu de la scène techno actuelle? En quoi est-elle différente de la scène hollandaise?

Depuis quelques années, la scène française semble connaître une renaissance formidable. Il y a tellement d’artistes, DJ’s, producteurs, labels, clubs et d’événements relativement nouveaux. Et pas seulement à Paris, mais un peu partout dans le pays. Dans un sens, ça me rappelle ce que la Hollande a vécu il y a 10 ou 12 ans, quand un nouveau climat musical a engendré un rafraîchissement et qu’un boom de nouvelles activités a émergé.

Il y a quelques similitudes entre les deux pays. Le son underground français a toujours été assez chaud et funky, influencé par Detroit et Chicago, comme c’est le cas pour beaucoup d’artistes techno ou house néerlandais. Selon mon expérience, la différence réside dans la manière dont c’est traduit sur le dancefloor. Les Français semblent être plus ouverts et avoir un gros tempérament, alors que les Néerlandais ont parfois besoin de plus de temps pour se chauffer. Cela doit venir de l’influence méditerranéenne.

Tu es dans le business depuis longtemps maintenant, quel est ton morceau secret, celui qui trouve encore aujourd’hui une place dans tes playlists malgré les années?

Après plus de 20 ans dans le game, j’ai beaucoup d’armes secrètes. La quantité de musique dans laquelle je peux aller piocher grandi chaque année, et cela ne concerne pas seulement les nouveaux morceaux, mais aussi les anciens morceaux que je redécouvre dans ma collection ou auxquels je n’avais pas accès à l’époque. Selon moi, cela rend le fait d’être DJ plus intéressant chaque année, plus additif même. Pour les vieux tracks, je joue beaucoup celui-ci actuellement.

Pourquoi as-tu voulu créer un label (et tous les autres qui ont suivi) ? Était-ce une manière de pouvoir donner au public un peu plus de ta vision de la musique ?

J’ai toujours rêvé d’avoir mon propre label, une plateforme où je peux exprimer ma vision musicale du mieux que je peux. J’aime travailler avec d’autres gens, cela vient de mon passé de promoteur. Il y a quelque chose d’inestimable dans la réalisation d’un projet (comme un maxi ou un album) avec quelqu’un d’autre qui est dans le même état d’esprit. La synergie qui peut s’en dégager est difficile à décrire avec des mots. C’est habituellement très personnel et cela permet d’exprimer ma vision sur la musique électronique contemporaine bien mieux que si je ne devais mettre que mes propres trucs. J’ai toujours apprécié faire partie de quelque chose qui me transcende. Gérer un label est un moyen de contribuer à cela.

ORIGINAL VERSION

Tripeo/Darko Esser & BALANS, Wolfskuil, Wolfskuil ltd… You like to class your music and divide yourself as an artist. Are you schizophrenic?

Good question. The division was not something planned, Tripeo started out as nothing to serious. I had some tracks lying around that I wanted to release, but not under my own name as I usually did. They just felt different. Tripeo was an old nickname I had when I played in punk bands, it fitted to sound so well I decided to revive it. I was quite surprised it took a live of it’s own. It made sense to make the devision between the different sides of my musical identity when it happened. Tripeo became my techno alter ego and everything I do under my own name is a lot broader from house to techno and anything in between. I noticed that people found it quite confusing that I was playing all these different styles, genres and vibes, so afterwards I realised the split was a blessing in disguise.

What do you think of the current French techno scene ? How is it different from the Dutch scene ?

The French scene seems to be experiencing a tremendous renaissance the last couple of years. There seem to be so many great relatively new artists, DJ’s, producers, labels, clubs and events. And not just Paris, but all over the country. In a way it reminds me of what Holland experienced about 10-12 years ago, when a new musical climate caused a fresh breeze and a boom of new activity emerged from it. There are quite a few similarities between both countries. The French underground sound has always been quite warm and funky with a clear link to Detroit and Chicago, as is the case with lot of the Dutch techno and house artists. The difference lays more in the way it translates on the dance floor from my experience. French people seem to be more outgoing and have a lot of temperament, where the Dutch need some time to warm up sometimes. It must be the mediterranean influence.

You’ve been in the business a long time now – what is your secret track, the one which still finds a place in your playlists despite the years ?

There are so many of those secret weapons after being 20+ years in the game. The amount of music I can choose from only grows and grows every year, not only new tracks but also rediscovering old tracks from my collection or didn’t have access to at the time. It makes it more interesting for me to DJ every year, more addictive even. On old track I’m currently playing a lot is this one.



Why did you want to create a label (then others following that)? Was it a way you could give the public a bit more of your vision of music?

It was always a dream of mine to have my own label, a platform where I got express my musical vision the best I could. I like working together with people, it comes from my background as a promoter. There’s something priceless about releasing a project (like a twelve inch or an album) with someone else who has the same frame of mind. The synergy that can come from it is hard to put into words. It’s usually very personal from both sides and it allows me to express my vision on contemporary electronic music a lot better then if I was to put out only my own stuff. I’ve always enjoyed being part of something that is bigger then myself and running a label is one way of contributing to that.

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