Basé à Berlin depuis 2008, Tommy Four Seven aka T47 est depuis plus d’une dizaine d’années un nom de référence sur la scène techno. Le natif d’Angleterre a d’abord fait ses armes sous le label de Chris Liebing, CLR, puis sur celui de Lucy, Stroboscopic Artefacts. Bien rôdé, T47 est un sacré numéro : aussi violents les uns que les autres, ses lives nous rentrent dans le lard dès leurs débuts et ne nous laissent pas d’autre choix que de balancer nos gros poings en l’air, histoire d’en découdre avec un ennemi invisible.
Des performances énervées mais réglées si minutieusement qu’elles laissent transparaître une maîtrise évidente du genre : une techno bruyante, profondément noire mais surtout vivifiante. Comme un gros shot qui requinque. Ce podcast n’échappe d’ailleurs pas à la règle : entre kicks très lourds et hurlements féminins, Tommy Four Seven nous prouve que, malgré sa belle gueule, il n’est pas là pour nous faire les yeux doux.
Interview Tommy Four Seven
Ça fait maintenant dix ans que tu bosses. Comment fais-tu pour rester si underground ?
Je ne me suis jamais considéré comme underground ou du moins je pense vraiment que l’underground n’existe plus au sein de la scène techno. Je pense que j’ai toujours essayé de rester fidèle à moi-même et j’ai essayé de ne pas me laisser distraire par le hype ou le fait de courir après la gloire. J’aime me dire qu’en étant créatif, j’ai confiance en mes instincts et que je ne prends pas de décisions créatives basées sur des formules de set copiées par la musique commerciale qui marche. Je trouve que c’est très important d’être authentique, surtout si tu veux durer dans ton art, et de manière générale, rester en phase avec ce que tu fais.
L’underground n’existe plus au sein de la scène techno.
Tu as grandi sous Create Learn Realize (CLR) puis Stroboscopic Artefacts. Ça fait quoi d’être élevé avec ces titans ?
Vu que j’étais aussi sur d’autres labels, dont le mien, peut-être que c’est mieux de dire que j’ai acquis de la maturité avec CLR. Il y a à peu près sept ans, Chris Liebing est entré en contact avec moi et m’a demandé si je voulais faire une sortie sur CLR. Peu de temps après, il m’a demandé de rejoindre son agence de booking, qui maintenant n’existe plus. Son offre est arrivée pile au moment où je venais d’arriver à Berlin, après avoir quitté mon ancien agent et manager et je venais aussi de finir l’université. Travailler avec Chris et grandir avec le label m’a vraiment propulsé à l’international et m’a donné un vraie plateforme sur laquelle faire mes sorties, mon premier album inclut.
Sans le soutien de Chris Liebing, je ne serais pas là où j’en suis aujourd’hui.
Pendant les années Myspace et avant qu’il ne lance Stroboscopic Artefacts, Lucy et moi étions en contact sur Internet. Presque au même moment, nous avons tous les deux déménagé à Berlin et bien sûr, on sortait beaucoup. Après avoir sorti la même année notre premier album et échangé des remixes, travailler ensemble sur le label nous a semblé naturel. C’est toujours intéressant et inspirant de travailler avec Lucy parce qu’il sait ce qu’il veut et il est très impliqué dans l’Artist & Repertoire (ndlr : pôle d’un label chargé de découvrir les nouveaux artistes). C’est pour ça qu’il forme un son si distinct avec le label.
Tu viens juste de lancer ton label et ton club 47. Mais 47 quoi ? Bougies ? Succès ? Comment fais-tu pour gérer tout ça en même temps ?
Ha ! Et bien, 47 est bien entendu lié à mon nom d’artiste et la soirée de lancement qui était en octobre dernier à l’Arena Club à Berlin avec Ancient Methods, Killawatt et Material Object. Je voulais créer une soirée où je pourrais inviter des amis et des artistes qui ont vraiment aidé à construire mon son mais je voulais aussi soutenir et pousser des DJs et des lives dont la musique fonctionne vraiment avec mes DJ sets ou qui font tout simplement des choses que je trouve intéressantes. Cela fait du bien d’être plus impliqué dans cette scène et d’utiliser cette plateforme pour soutenir les autres. Je gère seul la plupart des aspects des soirées et du label. Bien sur, c’est chronophage mais j’aime m’en occuper, et à la fin le résultat est vraiment gratifiant. J’ai moins de temps pour faire d’autres choses, comme produire ma propre musique, mais quoi qu’il en soit, ce projet m’a aussi aidé à me concentrer de manière créative.
Quelle différence y aura-t-il entre ton label, CLR ou encore Stroboscopic ? Comment vois-tu sa construction ?
En tant que label, 47 fait écho aux soirées en ne signant que les artistes qui y auront déjà joué. Chaque EP représentera quatre tracks originaux — chacun d’eux venant de trois artistes invités et le dernier sera écrit par moi-même. La seule règle créative est de rester concentré sur le dancefloor et comme je l’ai dit, ces trois artistes devront avoir déjà joué lors d’une soirée 47. Le premier EP sera composé de Kwartz, Killawatt, Isolated Lines et moi-même.
47 n’est pas un label traditionnel, dans le sens où je n’ai pas prévu de sortir des EPs ou des albums en solo.
C’est quoi la suite ? On te voit tourner partout sur la planète en ce moment. As-tu prévu de faire une pause ou vas-tu continuer à tourner encore et encore jusqu’à ce que tu aies 47 ans ?
Jusqu’à présent, 2015 a été génial, il y a eu beaucoup de changements et je suis vraiment excité de travailler sur les évènements 47 et de gérer le label. Je planifie d’exporter le clubbing hors de Berlin mais vu que c’est aussi important d’avoir un équilibre dans la vie, je ne suis pas pressé. Ces jours-ci, je suis plus conscient quand j’accepte des dates, je ne veux pas faire un burnout avant 47 ans ! 🙂 Je suis aussi très heureux d’annoncer qu’un nouvel EP sortira sur mon autre projet collaboratif, These Hidden Hands et qui comprendra des contributions avec Lucrecia Dalt. À part ça, je ne veux pas chercher à voir trop loin dans le futur : c’est trop important d’apprécier le présent.
English version
First, you have been working since 10 years. How do you do for remaining so underground?
I’ve never seen myself as underground, nor do I really believe that the underground truly exists in the techno scene anymore. I think I’ve always tried to remain true to myself and I’ve tried not to get distracted by hype and chasing fame. I like to think I trust my instincts in being creative and I don’t make creative decisions based on copying formulas set by commercially successful music. I find it’s important to be authentic if you want longevity in your art and to remain happy in general with what you do.
You grew up under CLR Records and then Stroboscopic Artefacts. Tell us a bit about being raised with these titans and about your experience with them?
Maybe it’s better to say I matured with CLR as I was releasing with other labels including my own previously. Chris Liebing got in touch around 7 years ago and asked if I like to release on CLR and soon after asked me to join the now defunct booking agency. His offer came at the right time as I had just moved to Berlin after leaving my old agent and manager and I had also just finished university. Working with Chris and growing with the label really propelled me internationally and provided a great platform to release on, including my debut album. It’s fair to say without this support, I’d not be where I am today. Lucy and I were in-touch online back in the ‘MySpace’ days, before he had launched Stroboscopic Artefacts. We both moved to Berlin around the same time and of course hung out. After releasing our debut albums in the same year and swapped remixes, working further on the label felt natural. It’s always interesting and inspiring to work with Lucy as he knows what he wants and is very involved with A&R and it is why he’s managed to shape a very distinct sound with the label.
You just launched your label and your club 47. 47 what for? Candles? Success?How do you manage all that in the same time ?
Ha! well 47 of course relates to my artist name and the party was launched last October at Arena Club, Berlin featuring Ancient Methods, Killawatt and Material Object. I wanted to create a party where I could invite friends and artists who have really helped shape my sound and also I wanted to support up and coming DJs and live acts whos music feature heavily in my DJ sets, or otherwise are simply doing things I find interesting. It feels good to be involved more in the scene and to use my platform to support others. I manage most aspects of the party and label alone. Of course it’s time consuming but I enjoy curating and the end result is very rewarding. This does reduce my time in other things such as producing my own music, however this project has also helped me to focus creatively.
How different will be your label from CLR or Stroboscopic? How do you see its construction ?
As a label, 47 reflects the party by only releasing music from artists who have previously played at 47. Each EP will feature four original tracks – one track each from three guest artists, and the last track written by myself. The only rule creatively is to keep the focus on the dance floor and as said, those three artists must have already played at a 47 show. The first EP features Kwartz, Killawatt, Isolated Lines and myself. 47 is not a “traditional label” like CLR or Stroboscopic Artefacts as I have no plans to release solo EPs or alums.
What’s next? We see you everywhere on the planet right now. Are you gonna take a break or touring again and again until you’ll be 47 ?
So far 2015 has been great, there’s been a lot changes and I’m excited to work on the 47 events and supporting label. I do plan to take the club night outside of Berlin but I’m in no rush as balancing life is also important. I’m more conscious these days when accepting gigs as I don’t want to burnout before I’m 47! 🙂 I’m also happy to announce a new EP will be released via my collaborative side project, These Hidden Hands, including contributions by Lucrecia Dalt. Apart from that, I don’t want to try and look too far into the future as I find it’s more important to enjoy the present.