Depuis leur création en 1973, les Trans Musicales de Rennes ont acquis une indéfectible réputation de vivier de talents. C’est peu dire que les programmateurs ont souvent eu le nez creux pour repérer les légendes au berceau : Nirvana en 1991, Underground Resistance en 1992, Björk en 1993, Daft Punk et St Germain en 1995… Autant d’artistes apparus au Trans moins de trois ans après leurs débuts.
Quelques 2000 concerts plus tard, les Trans Musicales reviennent enflammer les scènes de Rennes pour leur 38e édition du 30 novembre au 4 décembre 2016. Au programme, une centaine d’artistes venus du monde entier répartis sur 17 scènes, de l’immense parc des expositions aux écrins plus intimes de l’Ubu ou du Triangle, la salle de la cité de la danse.
Trax a assisté à la séance d’écoute organisée par le cofondateur et programmateur des Trans Jean-Louis Brossard au Truskel, où il présentait avec passion les artistes de la cuvée 2016. Voici ceux sur lesquels nous parions pour le futur.
Super Parquet
“Musique psychédélique d’Auvergne“, c’est ainsi que les quatre larrons de Super Parquet définissent leur musique. Une cornemuse, un banjo, un orgue de barbarie couplé à des pédales d’effet et une flopée de machines composent cet ensemble qui semble né d’une fête de village finie au LSD. Saturées, réitérées jusqu’à l’hallucination, les mélodies des airs traditionnels qu’ils réinterprètent parviennent à vous faire simultanément plonger en transe et danser la farandole.
Rozzma
De Rozzma, on ne connaît que le masque de Ramsès II qu’il photoshoppe à l’arrache sur son visage, et le rap surpitché qui surplombe un beat electro-chaâbi brutal et corrosif dans le clip de “Baby”, son seul morceau disponible. Le mystérieux MC venu de la scène underground du Caire présente aux Trans son premier live après avoir déferlé sur Dour en 2016, et quelque chose nous dit que l’on n’a pas fini d’entendre parler du premier artiste signé sur Acid Arab Records, le label du duo éponyme.
No Zu
Basslines au groove imparable, synthétiseurs rétro, chœurs, cuivres et solos de congas : No Zu est un trip ravageur qui semble nous ramener tout droit à l’âge d’or du space disco. Leurs deux albums Life et Afterlife, sortis en 2012 et 2016 donnent une idée du tohu-bohu créatif entre no wave et funk qui caractérise les huit australiens. L’univers queer et débridé qu’ils cultivent dans leurs clips, peuplé de bodybuilders, travestis et freaks en tout genre, laisse présager un live à la hauteur de nos attentes.
Kondi Band
Projet tout frais né en 2016, Kondi Band est le fruit de la collaboration entre le joueur de kondi (un piano à pouces) Sierra Léonais Sorie Kondi et le DJ américain Chief Boima, lui aussi originaire de Sierra Leone. Avec un EP à son actif sorti sur le label Strut, bien connu des diggers, le duo signe une dance music langoureuse qui convie les dancings nocturnes de l’Afrique de Francis Bebey, où le beat chaleureux du cajón détrône la boîte à rythme.
Ash Koosha
Avant de se mettre à la musique électronique, Ashkan Kooshanejad fût le chanteur du duo Take It Easy Hospital, dont l’histoire a inspiré le docu-fiction Les Chats Persans (primé à Cannes en 2009), récit de jeunes musiciens iraniens qui tentent de quitter le pays pour se produire à l’étranger. Depuis, le producteur a posé ses valises en Grande-Bretagne et sorti en mai dernier son second album I AKA I sur le prestigieux label Ninja Tune. Mélodieuse et frénétique, sa bass music futuriste oscille entre voix transfigurées, cadences broken-beat et chiptune dissonant, avec comme un atavisme d’Actress ou de Flying Lotus.
Reykjavíkurdætur
Elles sont 15 et veulent dominer le rap game ! Les Islandaises de Reykjavíkurdætur possèdent un des flow les plus intéressants du moment. Dans leurs productions, elles abordent tant la corruption que la sodomie. Elles ont été jusqu’à écrire un morceau sur la violence sexuelle (“D.R.U.S.L.A.”, “Salope”) en suivant le modèle de l’hymne islandais. Dans un genre musical où l’image de la gente féminine est souvent dégradée, la démarche artistique de ces Islandaises apparaît comme un véritable activisme. La barrière de la langue ne nous empêchera pas d’aller bouger la tête samedi soir à 2h du mat dans le hall 8.
Meute
Une douzaine d’allemands armés de grosse caisse, de tambours, de cuivres et d’un xylophone s’unissent dans les rues pour reprendre des morceaux…de techno. Ce véritable orchestre se définit comme un Techno Marching Band. Sans électricité ni boîtes à rythme, ces musiciens reprennent des morceaux de techno. De Âme à Dennis Ferrer en passant par Gonçalo, le groupe revisite avec des instruments classiques les productions techno des références en la matière.
Aïsha Devi
Piochant entre les influences de son grand-père suisse métaphysicien et la spiritualité de sa grand-mère népalaise, Aïsha Devi sort son premier album en 2015. En plus de partager un univers visuel à la croisée des mondes, l’artiste produit une bass music mystique, sur laquelle elle rajoute des nappes vocales vocodées planantes à souhait. En se consacrant depuis cinq ans à la méditation, la jeune femme a pris le temps de penser sa démarche artistique. Devi compte même sur son album pour “déclencher une prise de conscience sociale et spirituelle à travers la musique“.
Yuksek (en live)
Est-il vraiment nécessaire de présenter Yuksek ? Déjà venu aux Trans’ en 2007, depuis, le bon élève de l’électro pop française s’est entouré d’artistes prometteurs (Juveniles, Clarens, Tepr, Jean Tonique…) sur son label Partyfine, lancé en 2013. C’est d’ailleurs avec ces jeunes poulains qu’il s’est récemment entouré afin de construire un nouveau live en exclusivité aux Trans. Pour compléter la présence de Clarens et de Juveniles, Yuksek a aussi fait appel aux deux voix du groupe rennais Her pour son dernier EP, Sweet Addiction. Jeudi 1er décembre, le Parc Expo retrouvera donc les sonorités soul and disco du jeune Rémois.
UVB 76
Outre une radio fantôme russe émettant des ondes bizarres depuis les années 70, UVB 76 est le nom apposé au projet techno de deux Rennais : Gaëtan Bizien et Tioma Tchoulanov. Une référence esthétique qui fait appel aux goûts des deux comparses pour les ambiances industrielles, métalliques et froides que l’on retrouve dans leurs productions. En sortant leur premier EP en 2015 chez Midi Deux, UVB 76 s’assure une bonne réputation bretonne. Après leur passage au Transient Festival et au Visions cet été, leur présence sur l’affiche des Trans Musicales 2016 n’est que suite logique.