Tout savoir sur les quatre nouvelles chaînes de Boiler Room

Écrit par Paul Herincx
Le 17.08.2016, à 16h35
04 MIN LI-
RE
Écrit par Paul Herincx
La célèbre plateforme de streaming va désormais classifier ces shows en quatre catégories, selon des genres musicaux. De nouveaux concepts font leur apparition, un nouveau site et une nouvelle appli sont également dans les tuyaux. Autant de raisons de s’entretenir avec l’équipe derrière le projet.

Des premiers DJ sets retransmis en direct par webcam depuis une petite pièce de la capitale anglaise en 2010, Boiler Room a connu une ascension fulgurante jusqu’à atteindre le statut d’institution de la dance music. Si la plateforme n’a pas inventé le format du streaming musical en direct, elle domine clairement son sujet depuis qu’elle s’y est lancé, et recouvre désormais un spectre de musiques varié.

Au point que l’équipe derrière le projet ressente le besoin de clarifier son offre auprès des internautes. « Je pense qu’on en est arrivé au point où l’on recouvre tellement de genres musicaux, et que tellement de gens nous suivent, qu’on doit segmenter ce que l’on retransmet » explique Gabriel Szatan, jeune chef programmateur (25 ans) de Boiler Room, depuis leur QG londonien. Pour ce faire, la plateforme catégorisera désormais ses shows en quatre chaînes distinctes : Channel 1, 2, 3 & 4.


Dfunkclub at Boiler Room Buenos Aires 2014

 « On peut penser cette segmentation de manière chronologique, dans la façon selon laquelle Boiler Room a évolué », poursuit Ahad Elley de l’équipe marketing. « On a commencé avec de la UK bass et du grime, ce qui correspondra à l’univers de Channel 1. On est ensuite allé à Berlin, où l’on a fait plus de house et de techno, ce sera Channel 2. Channel 3 correspond aux beats et au hip-hop, à ce qu’on a fait à LA. Channel 4 sera plus expérimentale, avec des groupes de rock, du jazz, de l’ambient, des choses qui n’ont pas forcement leur place en club comme Oneohtrix Point Never. »

Plus d’individualisation, moins de découverte ?

Entité globale par excellence, Boiler Room organise, filme et retransmet chaque semaine des performances captées aux quatre coins de la planète pour les exposer à la face du monde entier. Mais la jeune équipe londonienne (tous les membres ont moins de 30 ans) ne craint-elle pas de briser un concept favorisant les découvertes surprises en divisant ses internautes en plusieurs communautés ?

« On ne les sépare pas vraiment, c’est avant tout une façon de catégoriser. Le but est que le gens ne se retrouvent pas perdus dans le flux », défend Gabriel Szatan. « C’est peut-être mieux si tu es d’abord introduit aux artistes moins connus qui correspondent à tes affinités musicales. Si ta curiosité peut te mener vers d’autres catégories, tant mieux, mais tout le monde n’a pas cette ouverture d’esprit. On recouvrera toujours des musiques différentes, mais ce n’est pas facile pour tout le monde de faire le pont entre Seth Troxler et du jazz africain. »

Le vaisseau Boiler Room continuera donc l’exploration de l’univers des musiques actuelles en les séparant en plusieurs galaxies. « Si ça marche, ça veut dire qu’on pourra faire encore plus de shows et aller encore plus loin dans l’exploration de ces genres musicaux sans effrayer les gens. Ce n’est pas forcément une histoire de personnes, c’est aussi une question d’horaires. Si tu te lèves le dimanche matin par exemple, tu peux te brancher sur la 4 et tu pourras tomber sur le show ambient/yoga qu’on a fait l’an dernier avec Laraaji. »

Laraaji Boiler Room London – Deep Listneing Session

Une classification qui a déjà commencée

En pratique, comment va s’opérer cette transformation ? Boiler Room va garder un seul compte YouTube. Le nom de la chaîne sera seulement précisé dans le titre des vidéos. Le site, lui, devrait rapidement évoluer en adoptant la classification par chaînes. Une nouvelle application est également dans les tuyaux.

A vrai dire, le lancement des chaînes a déjà commencé. Elles ont été inaugurées avec des épisodes spéciaux intitulés Round-Up et Breakfast Show, des retransmissions qui entendent aller au-delà de la simple retransmission de performances musicales. Pour les Breakfast Shows, Boiler Room s’invite chez un artiste et lui offre la possibilité de s’exprimer devant la caméra, de jouer de la musique, de passer des disques, d’interagir avec d’autres personnes : de faire ce qu’il veut.

Breakfast with DJ Spinna – Channel 3

Les Round-Up, quant à eux, sont présentés par les leaders de chaînes (nous y viendrons juste après). Ces derniers y passent des disques, parlent de l’univers musical de la chaîne, et invitent des artistes à en faire de même, un peu à l’image d’une émission de radio. Les Round-Up et Breakfast Shows des mois à venir devraient mettre à l’honneur Francis Inferno Orchestra, Mr Beatnik, Noise In My Head, Erol Alkan, Trim, Trevor Jackson, Spooky…

Channel 2 Round-Up 002

Les quatre chaînes Boiler Room ont donc chacune leur propre équipe de programmation avec un leader, qui va jouer le rôle de curateur. « Avant, on était tous dans une pièce à réfléchir à quel show faire ou ne pas faire. Quand je voulais faire tel show de grime, on me répondait parfois que c’était quelque chose qui correspondait trop à une niche. Maintenant, chaque chaîne décidera en interne pour savoir quel show diffuser ou pas » développe Ahad Elley, aka Ahadadream, leader de Channel 1. Charles Drakeford sera à la tête de Channel 2, Errol Anderson (aka Andwot) de Channel 3 et Gabriel Szatan de Channel 4.

« On veut jouer le rôle de guide, comme quand on écoute les shows de Benji B pour la musique électronique, Gilles Peterson pour la nouvelle world music et le jazz, ou Mary Anne Hobbs pour la bass music », explique Gabriel. « Ce qui rendait Boiler Room assez unique au début, quand Tristan, Bradley et Nick présentaient les shows – au-delà du fait qu’ils invitaient les meilleurs DJ’s du monde –, c’est que c’était un groupe d’amis de Londres, avec des caméras, qui faisaient tous les MC’s par dessus. Ça avait du charme et on veut essayer de garder cette particularité d’une certaine manière, en mettant davantage les visages de l’équipe derrière Boiler Room à l’écran. »

Vers un futur au-delà du stream musical

Dans les lignées des Round-Up et des Breakfast Shows, l’équipe de Boiler Room commence à recouvrir des sujets qui s’écartent purement de la musique à travers des retransmissions de mini-conférences. Avant le vote du Brexit, plusieurs musiciens et professionnels étaient invités à discuter en direct sur le stream de l’avenir de l’industrie musicale britannique dans le cas où la Grand-Bretagne quiterait l’Union Européenne. Ce lundi, plusieurs rappeurs (Novelist, Big Narstie et Sian Anderson) et d’autres protagonistes discutaient autour du thème « Black lives matter » sur le stream.

« Doucement, on commence à aborder des sujets culturels qui ne sont pas de la musique mais qui y sont liés. On a aussi des opinions sur ces sujets. Ça restera des gens assis à discuter de sujets de musique et de culture, mais à grande échelle », explique Gabriel Szatan. Avant de conclure : « On ne veut pas se limiter à des fêtes. »

Newsletter

Les actus à ne pas manquer toutes les semaines dans votre boîte mail

article suivant