Toulouse : comment l’inimitable Electro Alternativ parvient à captiver la ville durant un mois entier

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©D.R
Le 21.09.2018, à 17h00
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Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©D.R
Ce n’est pas juste un nom. Electro Alternativ, ce festival électronique qui enflamme la région toulousaine, ne propose pas qu’une simple soirée techno, bien au contraire : étalé sur plus d’un mois, des anciens abattoirs de la ville (dorénavant le musée d’art contemporain de Toulouse) aux lieux les plus reculés, de la danse aux tables rondes, Electro Alternativ poursuit depuis 14 ans un noble combat pour inscrire la culture électro au rang d’art véritable. Son directeur, Karim Guerch s’est entretenu avec Trax, non pas pour parler de têtes d’affiche, mais de l’essence d’une cérémonie inscrite dans le vivier local, qui a maintenant les moyens d’inviter Carl Craig aussi bien que Rusko, et le crew de Bon Entendeur, tout en restant fidèle aux créateurs toulousains. Un projet pérenne, animé par de vrais passionnés. Du 7 septembre à Ramonville-Saint-Agne à la clôture du 23 dans les Jardins de l’Olympe se succèderont le dark ambient de Laake (le 13), la trance de Hilight Tribe (le 14), Sam Paganini, Regis, Carl Craig… Du très bon dans toute la région.


Espacé sur un mois, itinérant… malgré cela, Electro Alternativ a-t-il une identité bien à lui ?

Au début, pour beaucoup de raisons politiques et organisationnelles, c’était un événement condensé sur une soirée. Mais on a très vite voulu créer quelque chose de plus grand qu’une simple fête techno, de représentatif de cette culture électronique qui dépasse de loin les jeux stylistiques. J’ai tendance à ne pas parler de musique électronique, mais plutôt de culture électronique. Parce que la musique électronique, on l’entend partout maintenant. Dans la danse, dans le hip hop, dans les films… Le but d’Electro Alternativ, c’est justement d’élargir ce spectre, de montrer que c’est bien plus qu’une mode ou quelques styles de musique en particulier. On ajoute des choses plus expérimentales, qui renouent avec la genèse de la musique électronique dans les années 70. Des installations, des performances, des croisements, et de l’autre côté les innovations technologiques. Par exemple, on pourra assister à une performance qui s’appelle Anatomie du Néant, durant laquelle un vrai compositeur de musique électronique animera quelque chose qui ressemble au cirque contemporain.

Comment convaincre le public d’adhérer à tout ce propose la musique électronique ?

L’idée c’est de sortir la musique électronique de sa place habituelle. C’est une culture qui a beaucoup à dire, au niveau sociologique, historique. Je ne vais pas mentir, ça a été une vraie lutte.Tout a commencé il y a 14 ans, et si c’est encore compliqué aujourd’hui, imagine à l’époque des rave et de la hard techno. Chaque style musical a toujours du mener une bataille pour exister. Le jazz, les hippies, le punk, tous les mouvements jeunes ont du arracher le respect à la sueur de leur front. Ce qu’il faut, c’est des acteurs vigilants, conscients de l’enjeu social et citoyen qu’ils portent avec leur projet. C’est pour ça qu’en plus de la musique, on organise des conférences, des expositions un peu partout dans la région.

Les lieux que vous choisissez dénotent avec l’image qu’on se fait d’une soirée techno.

Musées, endroits de culture « noble » dans lesquels nous voulons montrer que la musique électronique a toute sa place. On ne choisit pas les lieux parce qu’ils ont un esprit qui s’accorde avec la musique électronique. C’est même souvent le contraire. Dans cette idée que j’énonçais de faire sortir la musique électronique de sa place habituelle, il y a cela justement. De pouvoir aussi la partager avec le bourgeois blanc dans un musée qui n’est pas du coutumier de ce genre d’événement. Le public a changé, maintenant tu peux croiser des gens en talons ou portant la légion d’honneur dans une fête Hardcore. Donc il faut s’adapter.

On sent cette idée de rester dans la région, de la développer.

On est vraiment mû par cette idée d’économie locale et collaborative. On ne travaille qu’avec des acteurs locaux, parce qu’il n’y a que comme ça qu’on peut grandir et s’assurer une force. Alors nous, dès qu’on sent que ton économie est locale, qu’elle va apporter cette force de la proximité, on va tout faire pour t’aider. On a pas d’agence parisienne etc, on préfère que l’économie reste ici : prestataires, intermittents… on veut que les gens d’ici s’impliquent. Avec un festival itinérant, on acquiert cette diversité musicale, esthétique, tout en en faisant profiter toute la région.

 

Electro Alternativ s’achève dimanche, après un mois de cérémonies endiablées, et c’est ici.

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