Certains Parisiens un peu snobs considèrent Toulouse comme une ville d’étudiants zonards vaguement politisés, fanatiques de drum’n’bass et grands buveurs de pills tiède. « Ça n’est pas totalement faux », concède d’un sourire Paul Guglielmi, natif de la Ville Rose. « Mais on a peut-être le droit à une seconde chance, non ? » Ce qu’essaie de dire le manager du collectif toulousain Boussole Records, c’est que derrière l’image d’Épinal, sa ville abrite une scène dance riche et prometteuse, peut-être un peu dénigrée dans le reste du pays.
Boussole Records est un des acteurs de ce microcosme confidentiel. Le crew s’est formé il y a sept ans avec la volonté de rassembler une nouvelle génération de DJs house et techno éparpillée en ville. « En 2013, nous avions tous 23 ans et tout le monde mixait de son côté dans les bars de la ville », se souvient Paul. Lui n’est pas DJ mais évoque volontiers les soirées passées à l’Épisode café, un bar du centre. « On pouvait y entasser 60 personnes sur un tout petit dancefloor et faire la fête mais à 2h du matin il fallait trouver un autre plan », remet le manager, décrivant le quotidien de la plupart des amateurs de musique électronique qui ne vivent pas à Lyon, Paris ou Marseille.
Mangabey, François 1er, La Petite Grande, FaCIL et Filiber décident donc de s’unir pour avoir accès à des formats de soirées plus adaptés à leur musique. 7 ans plus tard, le collectif dispose d’une résidence dans la salle mythique du Bikini en plus d’être l’un des principaux pourvoyeurs de house music dans la région. Les quelques années durant lesquelles le collectif a édité de la musique auront même lancé des carrières. La dernière en date : celle du producteur Kendal. Propulsé par le crew toulousain sur Moustache Records, prestigieux label néerlandais de David Vunk, le DJ signe Manifesto, un EP déjà sold out. Kendal prépare déjà un prochain maxi sur Dischi Autunno, maison de disques fondée par Jennifer Cardini.
Mais la dance music à Toulouse ne se résume pas à Boussole Records. Folklore, un crew de graffeurs, organise des free parties dans des entrepôts à l’extérieur de la ville. Au mois de juin, le festival gratuit Les Siestes Électroniques investit le jardin Compans-Caffarelli avec une programmation de musiques électroniques avant-gardiste. Dans les murs de la cité, plusieurs associations se partagent les créneaux house et techno : Grand Boulevard, Flash, les Chineurs de Toulouse ou encore le Toulouse House Nation se produisent au Connexion Live ou au Bikini. « Ce sont les deux seules salles qui offrent des créneaux club et qui sont à l’écoute et en phase avec le tissu associatif », regrette Paul Guglielmi. Malgré l’effervescence, la Sacem ne fait pas référence à la scène toulousaine dans son étude de 2016 portant sur la musique électronique en France. « On a du mal à se faire entendre, peut-être parce que le microcosme est trop opaque », suppose le manager de Boussole. « Toulouse a cette image de ville ‘’du Sud’’ où les jeunes font la fête sur n’importe quelle musique. C’est comme si personne n’était venu voir ce qui se passait depuis des années. » Pour le Toulousain et son équipe, faire briller la ville du téfécé est une question de principe : « on n’a pas envie de grossir jusqu’à devenir énorme. Le but de Boussole ça n’est pas de se délocaliser à Paris. Toulouse, on y est vraiment attachés. »
Toutes les informations sur la Club Trax du 8 février sont à retrouver sur la page Facebook de l’événement.