Télérama Dub Festival : le dub international ne s’est jamais aussi bien porté

Écrit par Paul Brinio
Photo de couverture : ©Amnexia
Le 17.11.2016, à 15h13
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Écrit par Paul Brinio
Photo de couverture : ©Amnexia
C’est dans la nuit du samedi 29 octobre que les Docks de Paris, à Saint-Denis, entendaient résonner, une nouvelle fois, les basses du Télérama Dub Festival. La capitale était le point de départ d’un pèlerinage ralliant Saint-Malo, Bordeaux, Tourcoing, Le Havre, La Rochelle, Lyon, Besançon, Marseille, Montpellier et Toulouse. Pour cette quatorzième édition, le festival a divisé sa résidence parisienne en trois scènes, avec pour objectif de couvrir toutes les déclinaisons du dub. Trax est allé y faire un tour.


À peine nos véhicules garés, les basses des sound-systems vrombissent à travers la taule et par extension à travers nos casques. On est au bon endroit. Il est 23h30 lorsque nous pénétrons dans l’enceinte des Docks de Paris. Le temps de balayer l’espace des yeux, nous nous remémorons les mots que Frédéric Péguillan, directeur artistique et fondateur du Télérama Dub Festival, confiait à Trax quelques jours auparavant. « Ceux qui ne connaissent pas le dub ont souvent une image de gens alternos, fumeurs de pétards, limite punks à chien, ce qui est loin d’être le cas quand on voit le public du Télérama Dub, qui n’a cessé de rajeunir. » Il ne pouvait pas être plus dans le vrai. Nous avons sous les yeux un parterre d’une diversité étonnante. Des jeunes se mêlent à des gens plus âgés, des types en costard côtoient des gars aux cols Mao.

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Forcément, quelques dreadlocks tournoient dans les airs, sous le regard amusé des plus petits, accompagnés de leurs parents. Joli melting-pot. Un dénominateur commun : le sourire sur toutes les lèvres. Il règne sur le Télérama Dub Festival une excellente vibe communicative et contagieuse. « Le dub n’a pas le côté glamour et sexy de l’électro, sur lequel tout le monde se bouscule. Ce n’est pas non plus le rock, qui est entré dans le domaine public » nous disait Frédéric Péguillan, à propos de son festival, il n’empêche qu’on s’y sent bien.

Hall O.B.F

Abécédaire du dub  

Passé l’agréable surprise de la population, il nous faut faire un choix. Sur notre gauche le hangar principal, renommé pour l’occasion Hall O.B.F, du nom du crew français de dub mené par Rico et G., qui officiaient à plusieurs moments de la soirée. Minuit résonne quand nous entrons dans le hall, Lee “Scratch” Perry, accompagné de Subatomic Sound, est alors à l’ouvrage. La légende a 80 ans mais n’en laisse rien paraître. Celui qui a connu l’indépendance de la Jamaïque et la période des Wailers interprète des classiques comme “War Ina Babylon”, “Sun is shining” ou “Chase the Devil”. En voyant ce personnage affublé d’une casquette à pointes fluo, dans un style entre grunge et rasta, on comprend pourquoi il est soupçonné d’avoir mis le feu à son propre studio Black Ark à Kingston. Il est accompagné par un percussionniste, un saxophoniste, un guitariste et les machines de Subatomic Sound. Voyage sans escale direction les années 70.

Lee Scratch Perry & Subatomic Sound System @ Coachella week

Le Kamaïcain laisse ensuite la place à Manudigital et son sound-system. La foule semble bien réceptive aux sons de reggae digital du gars des Yvelnes. On en oublierait presque qu’il nous reste encore deux salles à visiter.

Hall Zion Train

Après un rapide passage au bar, armé d’une pinte fraîche, direction le warehouse d’en face, le Hall Zion Train. Notre montre affiche 1h30 et ce sont ces derniers qui sont en train de se produire. Après avoir pris le relais du live de Dub Dynasty, le mythique sound-system anglais Zion Train est en train de retourner son propre hall. Neil Perch et ses dreads sont derrière les machines. La musique colle parfaite à l’ambiance rougeâtre de la pièce, où des murs d’enceintes sont répartis aux quatre coins. On est plus dans le roots et on se laisse prendre. Beaucoup d’échos de leur dernier album Land of The Blind. C’est parti pour trois heures.

Fidèles en pleine prière / Hall Zion Train

« On danse. On sourit. On partage. »

« A 3 heures, il sera 2 heures », nous disait Evelyne Dhéliat avant le départ. Nous l’avions presque oublié. Bonne nouvelle, nous allons pouvoir danser une heure de plus et aller visiter la dernière scène, sponsorisée par Grolsch. Dépassé les quelques food-trucks ici présents, nous arrivons sous le chapiteau. L’endroit est plein à craquer, la population plus jeune que sur le reste du festival, on est dans quelque de plus trash et énervé, proche du dancehall. Poirier balance jusqu’à 3h30, avec le changement d’horaire, il y a largement de quoi syncoper la moitié de la foule.

Grolsch Corner

Nous nous frayons un chemin à travers l’assistance en ébullition pour arriver au stand de bière. Un rapide échange de regards entre nous suffit à comprendre que nous ne sommes pas dans un mood aussi électrisé que le Grolsch Corner. Retour au Hall O.B.F.

Parcourir les allées du Télérama Dub Festival, c’est ressentir cette bonne humeur portée en étendard par les organisateurs de l’événement. Effectivement, comme il est écrit sur le flyer, ici on danse, on sourit, on partage. RSD, tout droit venu de Bristol, est en train de distiller ses vibes planantes. Il est de nouveau 2h30 lorsque OBF reprend les machines, accompagné d’Iration Steppas. Ce live est une sorte de versus au cours duquel chacun s’affronte à la voix. La chaleur monte d’un cran dans le hall et c’est lessivés qu’on quitte les Docks de Paris, en se disant que le dub n’a pas fini d’évoluer. 

Iration Steppas on OBF Sound System @ Dub Station Festival 2016

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