Après une label night au Warehouse avec Paula Temple en décembre 2017, RAAR est de retour le 15 mars prochain dans le club nantais, pour une nouvelle soirée qui s’annonce tout aussi mémorable.
Fidèle à ses idéaux expérimentaux et à son attitude punk, l’écurie – créée en 2015 par l’Américaine Louisahhh et le Nantais Maelstrom –, dont le nom signifie “bizarre” en néerlandais, invitera à cette occasion le Britannique Perc, patron du label Perc Trax et figure avant-gardiste de la techno industrielle, passée par les clubs les plus prestigieux de la planète (Berghain, Fabric, Tresor…). Le Warehouse accueillera également Discord, acteur de la nuit nantaise et cofondateur, avec C.H.I.C.H.I., du festival Paco Tyson, pour un live techno modulaire. Dans la deuxième room, ambiance rave et frapcore avec Paul Seul et Von Bikrav du collectif gabber et hardcore Casual Gabberz, ainsi que les Nantais de Maison Acid.
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Les deux membres fondateurs de RAAR seront, bien entendu, de la partie, et présenteront leurs dernières réalisations, parmi lesquelles figurera, on l’espère, leur single collaboratif “Silence is Violence“, sorti il y a un mois. À cette occasion, Maelstrom a bien voulu répondre aux questions de Trax.
Quels sont les liens entre la musique de Perc et celle que produit RAAR ?
On suit Perc depuis longtemps. Il nous a beaucoup inspirés avec Louisahhh, au moment où on a créé le label. Il défend une musique entière, qui peut sembler brutale au premier abord mais qui est bien plus complexe qu’il n’y paraît. Il travaille à partir de sons très distordus et saturés mais il a une façon singulière de les sculpter et de les mettre en forme. C’est un son très physique mais aussi poétique. “Rotting Sound”, sur son album The Power And The Glory, est par exemple un collage de hurlements saturés, de kick drums hardcore et de bruits blancs, mis en forme dans un sorte de dialogue super poignant. La liberté formelle de la musique d’Ali Wells est quelque chose qu’on essaie de défendre aussi avec RAAR, en laissant aux artistes la possibilité de sortir de leurs propres routines, ou des structures imposées par le format club ou DJ.
Selon Ali Wells, « les artistes sans revendications politiques ne sont pas complets ». RAAR partage cette idée ?
Bien que notre musique ne porte pas de revendication à proprement parler – au delà du fait qu’on défend le club ou la rave comme un espace de liberté, de respect et de tolérance –, je crois que toute expression artistique est politique. Louisahhh dit que notre travail est de créer un espace pour les laissés pour compte, pour les marginaux, pour les ados qui ne sont pas populaires au lycée et qui ne se sentent chez eux nulle part. On voudrait qu’ils se sentent accueillis et qu’ils rentrent dans notre musique comme dans un endroit qu’ils pourraient enfin habiter. Les autres sont aussi les bienvenus évidemment !
Qui est Maison Acid et quels sont ses liens avec RAAR ?
Je les ai rencontrés pour la soirée du nouvel an au L.U où on jouait ensemble. Maison Acid, c’est difficile à décrire. C’est Nantais, c’est gabber, c’est trap… Je crois qu’on pourrait les résumer en imaginant un after sur le parking d’un supermarché de banlieue avec autant de Golf GTI que de Mercedes 508, des parkas et des sacs Louis Vuitton. Beaucoup d’amour, des larmes, de la drogue et du sexe.
Avec Discord du Paco Tyson, Maison Acid et toi, l’électronique nantaise sera à l’honneur lors de votre soirée au Warehouse. Nantes est-elle le noyau dur du renouveau de la techno ?
La scène nantaise est très en forme, il se passe plein de choses, avec beaucoup de soirées et d’événements. Mais malheureusement, par rapport au nombre de DJ’s et de bonnes soirées qui se montent à Nantes, il y a encore très peu de labels et de producteurs… Ceux qui émergent ont tendance à partir très vite vers Paris. Je dirais donc que la ville s’inscrit dans un renouveau techno plus global, mais qu’on a encore plein de choses à inventer pour permettre l’émergence de nouveaux artistes.
Quelles sont les perspectives de RAAR pour les années à venir ?
Après 2 ans très chargés entre les soirées et les sorties, on a passé les six derniers mois à repenser toute l’architecture du label de fond en comble, ce qui explique le peu de sorties en 2018. On voulait repenser la façon dont on travaille pour que sortir de la musique (re)devienne quelque chose de plus immédiat et de plus évident. Le label n’a pas l’ambition de devenir une grosse machine. On a de très beaux projets qui vont arriver, à commencer par de nouvelles collaborations entre Louisahhh et moi (comme le single Silence is Violence), mais aussi un album noise de Walter Gross, un producteur de Baltimore. L’album de Louisahhh est aussi dans les tuyaux mais je ne peux pas en dire beaucoup plus pour l’instant. Sinon en ce moment j’écoute beaucoup de punk, des groupes latino californiens comme NNN, plus anciens ou russes (cf leur show de janvier sur Rinse). Je pense qu’on va travailler sur des projets comme ça dans l’année qui vient.
Plus d’informations sur la soirée du 15 mars, sur la page Facebook de l’événement.