Swarm Factory, la micro house a trouvé son collectif d’ambassadeurs en France

Écrit par Maïté Pesche
Photo de couverture : ©Swarm Factory
Le 12.06.2018, à 12h07
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©Swarm Factory
Écrit par Maïté Pesche
Photo de couverture : ©Swarm Factory
Depuis 2013, le crew Swarm Factory anime les nuits de l’Hexagone en organisant des warehouses principalement minimal et micro house. À l’occasion de leurs prochaines soirées Undoing Time – en club cette fois-ci –, la fine équipe s’est livrée à Trax et nous raconte leur histoire, leurs inspirations et l’organisation d’évènements. Et pour les retrouver, ça se passe du côté de la Machine du Moulin Rouge le 15 juin prochain.


Crew/Swarm Factory, c’est une bande de six potes qui ont fait leurs premières armes lors d’une soirée de Nouvel An improvisée il y a quelques années. Depuis, on les retrouve dans des warehouses où des milliers de personnes s’entassent pour aller voir des pontifes de la micro roumaine tels que Cezar, Priku, Arapu, Dan Andrei ou encore Mihigh, mais aussi des locaux comme le Parisien d’origine tchèque Varoslav, Janeret de Yoyaku Records… Pourtant initialement passionné de techno, Crew Factory s’impose peu à peu comme le collectif micro parisien du moment, avec un public grandissant d’année en année.

Swarm Factory, Crews Factory, Undoing Time… On est un peu perdu.

Notre crew à la base organise des warehouses qui s’appellent Swarm Factory, mais le nom de notre association c’est Crews Factory. On utilise rarement ce dernier, c’est plus une dénomination sociale. Quant à nos soirées en club, elles s’appellent Undoing Time.

Comment s’est créée cette association ?

On est cinq potes d’enfance qui se sont connus à l’internat, plus un autre pote qu’on connaît depuis quatre ans. La première teuf qu’on a organisée était complètement inattendue. Notre pote cofondateur Alexis avait trouvé une salle pour le Nouvel An 2013. On voulait organiser une soirée avec nos amis et des amis de nos amis, pas plus. On s’était dit que plutôt de le fêter à 30 dans une maison, on allait louer une salle. Sauf que le spot était trop grand ; au lieu de trouver 100m2, on en a trouvé 800. Alors on s’est dit pourquoi pas faire une teuf là. On n’était vraiment pas expérimentés, on avait fait payer les entrées pour rentabiliser la salle et nos potes mixaient. On avait réussi à vendre 350-400 préventes, alors que c’était vraiment à l’arrache ! Le jour même, on s’est demandé comment on allait faire le vestiaire ; on n’avait rien, du coup on a pris des filets de chantier pour y accrocher nos cintres dessus – ça faisait un peu bricoleur, mais c’est l’une de nos meilleures soirées à nos yeux.

Quels sont vos fondamentaux pour un évènement réussi ?

L’équation est assez simple finalement. De la bonne musique, avec une belle programmation et un système son de qualité, une vraie scénographie, ça, c’est quelque chose d’hyper important pour nous, car on propose une réelle immersion à la fois visuelle et sonore. Et surtout une atmosphère et une vibe familiales. On est vraiment une bande de potes qui fait ses soirées pour faire plaisir et se faire plaisir, que ça soit les organisateurs ou les barmans, on a vraiment le sens du détail pour satisfaire au maximum le public. Par exemple, on va toujours demander aux vigiles de distribuer de l’eau, on aime prendre soin de ceux qui nous soutiennent. D’ailleurs, on cherche toujours à récupérer des feed-back pour nous améliorer, on aime avoir un public respectueux, et surtout acteur de la soirée, pas seulement consommateur. C’est tout l’art de recevoir des gens chez soi finalement.  

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Vous avez exporté votre crew dans toute la France ces dernières années.

Guillaume, qui est promoteur immobilier le jour, s’est dit pourquoi ne pas faire des teufs dans toute la France. On s’est chauffé et on s’est retrouvé à Lille, à Lyon, à Montpellier et à Rouen. Et c’est vrai qu’on s’est un peu éparpillé sans essayer de capitaliser d’abord sur la scène parisienne. Depuis un an, on a décidé de se reconcentrer sur la scène parisienne et l’Île-de-France en général. C’est compliqué en fait de développer ton nom, ta marque sur une soirée, quand t’en fais une tous les trois mois et que tu veux couvrir toute la France. Le public t’oublie, les partenariats… on avait l’impression de repartir à zéro à chaque fois, on a donc préféré se focaliser sur la région parisienne.

Selon vous, quelle est la particularité de votre public ?

Notre public a en général entre 22 et 35 ans et on a la chance, je crois, d’avoir un public assez mature, il vient vraiment par amour de la musique. De plus, on ne fait pas d’énormes soirées, on fait surtout des événements intimistes avec 600-800 personnes … Ce public « averti » finalement, c’est lui qui fait l’âme de nos soirées ! Les gens sont plus fantaisistes, se déguisent, on a une atmosphère vraiment détendue et conviviale. Tout le monde sait en général « se tenir », il y a très peu de débordements et ça, c’est très important pour l’atmosphère.

Quel est le concept des soirées Undoing Time ?

Le concept d’Undoing Time c’est de faire redécouvrir les clubs classiques en les « rhabillant » dans une tout autre ambiance, avec beaucoup d’effort sur la scénographie. On est soumis à quelques contraintes parfois qui nous empêchent de nous renouveler complètement, de nature financière ou normative avec les règlements assez stricts des clubs. Le club, c’est un moyen de se faire plaisir artistiquement, car en club on peut vraiment former de beaux plateaux comme Priku en b2b avec Cezar all night long (prévu pour le 15 juin à la Machine, NDLR). C’est quelque chose qui est pour nous, très intéressant. Cette saison on gardera justement ce format b2b all night long pour chacune de nos soirées Undoing Time, le 29 juin on aura par exemple le boss du label Discobar Lamache et Digby, ça va être lourd.

Pourquoi ce virage micro/minimal alors que vous programmiez des artistes techno par le passé ?

On était plus techno à la base, une techno plutôt mentale, mais on aimait aussi la minimal et la micro. Ce créneau, on y est resté au début, puis au bout d’un moment on ne voulait plus faire de la techno parce que le public qui venait ne nous correspondait plus – à Paris, c’était l’indus qui prenait de plus en plus d’ampleur. Les soirées ont évolué, pas forcément à notre image, on n’avait pas envie de prendre ce virage. Du coup on a pris le virage dans l’autre sens, cette idée d’organiser des soirées house nous trottait dans la tête. On a envie que nos soirées nous ressemblent et que notre public soit en accord avec nous. Honnêtement on prend beaucoup plus de claques musicalement parlant aujourd’hui ! On voulait diffuser une scène plus travaillée, plus construite, moins violente et plus subtile et ça se voit ! Les DJ’s sont en général plus vieux et prennent moins cher alors qu’au final ils sont plus expérimentés, il y a plus de groove ! On veut toujours organiser des soirées, mais en se faisant plaisir même si on écoute encore beaucoup de techno.

Vous devez avoir pas mal d’anecdotes croustillantes, à force…

Un soir les agents de sécurité ne sont pas venus, il était minuit et ils ne répondaient pas. On a réussi à trouver une autre agence de sécurité, mais en attendant c’était le photographe avec sa lampe torche qui s’est chargé de fouiller les gens à l’entrée, c’était marrant. On aussi retrouvé des gens faisaient l’amour à notre dernière soirée, du coup on a une photo d’un mec avec la bite à l’air. Pour notre warehouse du 2 mars aussi, on a eu des soucis avec East End Dubs qu’on faisait venir de Londres. Il neigeait partout à cette période, et 3 de ses vols ont été annulés. Ce n’est qu’au bout du quatrième qu’on a réussi à le faire venir. Entre les vols annulés et les routes enneigées impraticables c’était une vraie galère, mais on y est arrivé !

Ça se passe comment vos befores ?

Tu te tapes des barres, on rigole beaucoup et on est très pastis – une bouteille chacun ça peut nous aller. On est une vraie famille, Swarm c’est des potes d’enfance, certes, mais on intègre aussi totalement les gens qui nous ont rejoints depuis. On cherche vraiment à créer de belles histoires. Ce côté humain est essentiel, on ne se prend pas du tout la tête. Nos meufs aiment bien la musique commerciale donc on s’ambiance quand même avec elles. On n’est pas des nazis du son. Pour nous, l’important, c’est le plaisir et ne pas se prendre au sérieux.

Ça rejoint l’idée de votre groupe Swarm Family.

On a lancé ça tous les deux avec Guillaume, car on s’est dit qu’il fallait vraiment créer un lieu d’échange, qui nous permettrait de récolter ce que les gens pensent de nos soirées. On y poste des questionnaires, mais aussi des jeux-concours. Ça nous permet d’adopter aussi un ton dans notre communication un peu plus familier, ce qu’on apprécie beaucoup.

En écoute en ce moment dans votre casque ?

Mihai Pol. C’est un grand génie, on aimerait bien le booker, mais il est passé récemment à Paris, du coup on ne sait pas encore. On aime beaucoup aussi Markus Nikolai. On écoute beaucoup les vieux Perlon, c’est un label avec plein de sorties très variées. D’ailleurs Guillaume a acheté le premier vinyle Perlon de Markus Nikolai sorti en 1997, y’a du kick, mais c’est très chantant – bref c’est génial. Et en DJ set, Zip c’est aussi un monstre qu’on rêverait vraiment de booker ! Tout ce qui est du label Nervmusic aussi, celui de Denis Kaznacheev, on écoute énormément.

Quelle est la suite pour vous ?

En juillet, on va organiser un open air sur 2 jours en partenariat avec la ville de Saint-Denis et Kumquat, le collectif qui organise des soirées à la Bellevilloise. L’idée, c’est de proposer pleins d’activités sportives l’après-midi dans une ambiance familiale avec une scène plutôt chill, et à partir de 17/18h, une programmation pointue avec de la minimale dans un lieu vraiment beau, au bord du canal de Saint-Denis juste à côté du Stade de France. C’est un peu l’aboutissement de ce qu’on a essayé de développer sur l’année, en attirant un public un peu plus mature et responsable pour faire un truc qui soit plus éclectique dans le format et pluridisciplinaire.

Le mot de la fin.

Amusez-vous, respectez-vous, respectez-nous, et ne vous prenez surtout pas au sérieux !

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