Sur les traces du Cosmic Sound, ce courant oublié de la fête qui embrasait l’Italie des années 80

Photo de couverture : ©DR
Le 18.08.2021, à 10h45
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Le site Internet Cosmic Journey plonge au cœur du cosmic sound, rassemblant des vidéos, des photos, ainsi que des contenus sonores et écrits pour documenter ce courant musical italien des années 1980. Un voyage nostalgique dans le temps et l’espace, piloté par trois jeunes artistes inspirés par les reliques de ces temples perdus de la fête.

Pour son projet de fin d’études à l’École cantonale d’art de Lausanne, Jean Reynaud est parti sur les traces du cosmic sound, un mouvement musical méconnu, très apprécié dans les clubs du nord-est de l’Italie des années 1970 à la fin des années 1980. Accompagné par ses camarades Achille Laplante Le Brun et Samuel Dumez, avec qui il a monté le collectif Musique de Fête, le jeune graphiste s’est rendu sur la côte adriatique pour visiter les lieux qui ont vu la naissance et l’apogée de ce courant musical, avant qu’il ne sombre dans l’oubli. Les trois artistes y ont produit photos, vidéos, interviews et collecté nombre d’images d’archives et d’anecdotes, procurées par les figures du genre, telles que Daniele Baldelli ou DJ Perry, afin d’alimenter un « documentaire augmenté » sous forme de site Internet intitulé Cosmic Journey.

©Achille Laplante Le Brun

C’était presque politique de ne jouer que des faces B.

Jean Reynaud

« Le cosmic, ce n’est pas un genre, mais une approche du mix, une façon de jouer », explique Jean. « Baldelli disait lui-même : “It’s a way to be a DJ” », complète Achille. Cette scène se caractérise moins par des sonorités spécifiques que par des techniques de mixage très caractéristiques, comme le fait de jouer les disques à la mauvaise vitesse. Elle croise une large gamme de styles, de l’électro au funk en passant par le jazz brésilien ou le folk africain, mixés dans un grand bouillon psychédélique entre 90 et 115 BPM. « Le but, c’était de trouver les disques les plus bizarres possible, et de les jouer », raconte Jean. « La côte adriatique est une zone très touristique et populaire, mais ça n’embêtait pas les mecs de passer des trucs complètement obscurs. Pour eux, c’était presque politique de ne jouer que des faces B. »

©Achille Laplante Le Brun

C’est dans les discothèques de la région, comme le Cosmic Club à Lazise d’où le genre tire d’ailleurs son nom, que les initiateurs comme Baldelli ont conquis un public venu de toute l’Italie, d’Autriche et d’Allemagne, envoûté à la fois par cette musique hypnotique et par l’héroïne consommée sur le parking. « Ils ne vendaient pas d’alcool, le club n’avait pas de bar. Donc les gars venaient, restaient tout le début de soirée sur le parking à se défoncer et à boire des coups, puis ils rentraient et dansaient comme des fous. Ils étaient forcément à fond. »

Le dancefloor du Cosmic Club en 1979©DR

C’était un peu la recherche des cités d’or. Dès qu’on avait une piste, on fonçait.

Achille Laplante Le Brun

Jean, Achille et Sam se sont donc rendus sur place pour rencontrer les figures de l’époque et visiter ce qu’il reste aujourd’hui du Cosmic Club, de la Melody Mecca ou de la Baia Degli Angeli. « C’était un peu la recherche des cités d’or », se rappelle Achille. « On était des archéologues pendant une semaine, à la recherche du signe, du symbole. Dès qu’on avait une piste, on fonçait », complète Jean. Tout au long de leur exploration, les trois passionnés ont aussi filmé les ruines et photographié les mots d’amour laissés sur les murs, non sans une once de mélancolie. « C’est drôle parce qu’on était nostalgiques de quelque chose qu’on n’a jamais connu. » Guidés par Daniele Baldelli, ses contacts et leurs anecdotes, les garçons se sont plongés dans une époque charmante mais révolue, et ont taché d’en extraire la substance pour rendre compte, à leur tour, de la richesse du cosmic.

Daniele Baldelli©Achille Laplante Le Brun
Daniele Baldelli©Achille Laplante Le Brun

Le site Cosmic Journey se visite sans règle, l’idéal étant de déambuler d’une page à l’autre, au gré des interviews et des images. « L’idée, c’est de laisser aux gens la liberté de se créer leur propre idée du cosmic. C’est de montrer qu’une scène musicale n’est vécue que par les gens qui l’ont vécue, le reste n’est que des histoires », conclut Jean. Derrière ce projet se trouve donc une histoire de transmission, un passage de flambeau. Et c’est tout un chacun que ce documentaire invite à embarquer pour un voyage cosmique.

©Achille Laplante Le Brun
©Achille Laplante Le Brun

Le documentaire est à retrouver sur cosmic.jean-rene-jean.dev.

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