Summer of italo-disco #8 : Les dignes héritiers de l’italo-disco aujourd’hui

Écrit par Trax Magazine
Le 22.08.2016, à 12h17
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Écrit par Trax Magazine
Italo never ends ! Pour clore cette série d’été en beauté, retour à notre époque : trente ans après l’âge d’or de ce que d’aucuns considèrent aujourd’hui comme la première musique électronique dancefloor née en Europe, Trax vous emmène aux pays des héritiers de l’italo-disco. Car la génération qui fonda ce mouvement musical, si elle défend souvent avec force cette musique, a donné naissance à de nombreux petits-enfants subjugués par ce son. Place aux jeunes !Par Benjamin König

Cet article aurait pu être le plus court de l’histoire. Lorsqu’on aborde la question des héritiers avec le producteur historique Stefano Zito, auteur notamment de “Stop” sous le pseudo de BWH, il répond du tac-au-tac : « Non, il n’y a pas d’héritiers. L’Italo est morte à la fin des années 80. » Voilà une sentence qui pourrait couper court au sujet. Sauf que… 

Stefano Zito est intègre au  point d’avoir abandonné totalement la musique en 1986, après quelques productions fameuses et le dégoût de voir cette musique underground récupérée par d’énormes maisons de disques. Ensuite, avec le retour en grâce de l’Italo, il est évident que le style innerve de nombreuses productions actuelles. À tel point qu’on parle également de nu-italo ou d’italo-house. Alors des héritiers il y en a, c’est sûr.

Stefano Zitto

Le flambeau était à terre et des jeunes l’ont repris. C’est un peu ce que dit Tony Carrasco, le producteur-arrangeur le plus prolifique de l’italo-disco, et un des parrains de cette musique. “Pour être honnête je ne crois pas qu’il y ait aujourd’hui de nouveau mouvement italo. Il y a quelques DJ’s ou producteurs, mais on parle ici d’une période historique et d’un moment de l’histoire de la musique. Par contre, beaucoup défendent cette musique dans le monde : Morgan Geist, Todd Terje, Lindstrøm et Prins Thomas, Steve Kotey, Serge Santiago, mes amis d’enfance Louie Vega, Frankie Knuckles et Derrick Carter, mais aussi Carl Cox (à lire, notre interview-fleuve avec Carl Cox) et Derrick May, tous jouent et défendent la musique italo.”

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Des artistes majeurs de la scène techno et house originelle parmi les défenseurs de l’italo ? Pour l’ancienne génération, dont fait partie Tony Carrasco, le lien est évident. “L’unique mérite de l’italo, raconte le producteur d’alors Maurizio Sangineto, membre des groupes The Armed Gang et The Creatures, c’est peut-être celui d’avoir expérimenté – par nécessité, car la plupart n’étaient pas musiciens mais DJ –, les sonorités électroniques. Cela a pu influencer d’autres producteurs en Europe qui ensuite ont donné vie tant à la house qu’à la techno.”

Italo Disco

Qui se souvient qu’un des premiers remix du master Frankie Knuckles est celui d’un track italo sorti en 1983 ? Voici les deux versions, l’originale, et celle du regretté Frankie. La scène house de Chicago, et dans une moindre mesure la scène techno de Detroit, tous ont été influencés par l’italo. Un des sons fondateurs de la techno, “Sharevari“, sorti en 1981, est si proche des sonorités italo que beaucoup le classent encore aujourd’hui dans cette catégorie. Sans doute l’utilisation de la Roland TR-808 y est-elle pour quelque chose…

Avec un tel pédigrée, guère étonnant de retrouver l’italo parmi ses cousines house et techno. Pourtant cet héritage fut longtemps oublié. Et, en ce qui concerne l’histoire récente, il faut rendre hommage à celui qui a relancé le style : Ferenc Van der Sluijs, aka I-F, grâce à sa radio Cybernetic Broadcasting System, lancée en 2000. Ses productions, depuis le tournant des années 2000, ont pris un tournant marqué du sceau de l’italo-disco. 

Pour toute la génération actuelle, la passion et le travail d’I-F ont été fondateurs. Il a permis à la jeune génération de se réapproprier le style. L’émergence d’Internet a également été primordiale : des passionnés ont pu ainsi partager leur amour de cette musique, et, plus prosaïquement, leur collection. Parmi eux, une figure majeure : le DJ, producteur et collectionneur de (très) rares disques d’italo, Marcello Giordani.

Membre du duo Marvin & Guy, cet Italien, dont les productions actuelles tournent davantage autour de la deep house, a ouvert en 2008 un blog dont l’unique but est de partager sa collection de vinyles : italodeviance. C’est également le nom de son label, sur lequel sont sorties quelques belles cartouches, comme ce track tout en mélange “italotechno” : “Danza Meccanica“.

Je ne crois pas qu’il existe des héritiers à proprement parler au niveau des nouvelles productions, punche Marcello aujourd’hui, mais des personnes qui font avancer ce son et cette musique comme je peux l’être moi, ou des labels comme Mothball, Dark Entries ou Archivio Fonografico Moderno.”

Italo Disco 

Aujourd’hui, l’italo et ses lointaines cousines ont essaimé un peu partout, en Europe surtout, mais pas seulement. Il y a les Nordiques, des Pays-Bas aux pays baltes en passant par la Norvège. Parmi eux, de grands noms tels que Lindstrøm, dont la dernière release, sortie en mars dernier, oscille entre italo et space disco : ça s’appelle “Closing Shot” et c’est très bon. Autre Norvégien, Prins Thomas, auteur par exemple d’un EP au nom sans équivoque, “Italia Uno”, dont voici un des tracks, entre house, balearic et italo, intitulé “Monte Baldo“.

Il y a aussi les Britanniques, notamment Ali Renault et son label Vivod. Sur ce label est sorti par exemple ce track du producteur grec Vercetti Technicolor : inclassable, oscillant entre horror disco, techno et italo, il s’appelle “Voight Kampf“. Autres Anglais, Casionova, spécialiste de la space-italo, comme sur ce “1983“, et Antoni Maiovvi, fondateur avec Vercetti Technicolor du label Giallo Disco, consacré à l’italo et plus largement à la synth disco. 

Et comment passer sous silence Christian Wood, aka Il Bosco, fondateur du label Red Laser Records, qui fait un travail remarquable de réédition et de promotion de nouveaux artistes, dont le Parisien Leon X Leon. On trouve même quelques Américains, comme le duo new-yorkais Nico Nightingale et Pierre Klein, auteur de quelques très bons tracks dont “Futures”, sous le pseudo Wall $treet.

Enfin, il y a les Néerlandais, peut-être les plus fervents amateurs d’italo. Outre I-F, un autre monument de cette scène se nomme Rude 66. Il a joué encore récemment à Paris dans le tout nouveau club Nuits Fauves, lors de la soirée Mélange #2. Ce producteur historique touche à tout ce qui concerne la wave, depuis l’acid à l’industrial dark en passant, donc, par l’italo. Deux tracks pour illustrer ce lien : l’industriel “Machine“,et ce missile sorti en 2014 sur le label Bordello a Parigi et intitulé “Paranoia“.

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Citons aussi, parmi les nombreux producteurs néerlandais influencés par l’italo, Alden Tyrell, qui a composé ce track, sorti sur Clone Records, qui sonne comme un hymne : “Rendez-vous à Rimini“. Comme un ultime hommage à l’un des lieux phares de l’italo et des débuts de la dance music européenne. Forza Italo !

  Tous les épisodes de la série italo-disco :

Summer of italo-disco #1 : Mais au fait, c’est quoi l’italo-disco ?

Summer of italo-disco #2 : Giorgio Moroder, la grande interview à l’italienne


Summer of italo-disco #3 : Les plus grands labels de l’italo-disco


Summer of italo-disco #4 : Les clips les plus kitsch et grandioses de l’italo


Summer of italo-disco #5 : Les 15 plus grands producteurs de l’histoire


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