Claudio Simonetti, le pianiste
Claudio Simonetti – Twin Peaks Theme
Quitte à se contredire, autant le faire d’emblée : Claudio Simonetti est loin d’être méconnu. Mieux, il est sans doute un des compositeurs et musiciens les plus renommés d’Italie. Au point qu’il a droit à sa page Wikipédia, et en français s’il vous plait. Pour une raison simple : Claudio Simonetti est une légende de la musique de film, notamment d’horreur. Il en a composé une trentaine, la dernière pour le film de Dario Argento, Dracula, sorti en 2012. Chez les mélomanes, c’est son premier soundtrack qui a marqué le public : “Profondo Rosso“, avec son groupe de l’époque, Goblin, et déjà pour Dario Argento. Côté Italo, Trax vous a déjà parlé de quelques-unes de ses productions, notamment pour son égérie Vivien Vee.
Son œuvre est colossale (42 releases, 445 credits), et cet immense pianiste – samplé par Justice pour le titre Phantom part 1 – a notamment composé les hits de Kasso, Easy Going et, donc, Vivien Vee. Trax vous propose d’écouter le catchy et déjanté “Telephone Computer” du projet Crazy Gang (édité en 2006 sur Flexx Records), et “I Love The Piano“, où il laisse libre cours à ses talents de claviériste.
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Rago – Farina, le couple infernal
Pleasure Discipline (Rago Farina) – For Hours Now (Remix)
Ah, les couples à l’italienne… Il y en a plusieurs, dans l’Italo, qui sont indissociables. Francesco Rago et Gianluigi « Gigi » Farina sont des ces producteurs de l’ombre, des pionniers, qui se sont toujours cachés derrière des noms de projets plus ou moins loufoques. Mais ils ont à ce point marqué l’Italo – et bien davantage, la dance music – que leur notoriété a fait le tour du monde. Avec leur acolyte Xenia Monneret, ils ont composé des chefs d’œuvre tels “Robot Is Systematic“, qui sonne comme un Patrick Cowley sous acid, ainsi que “The Man From Coulours“. Et surtout ce track dont la version dub est un véritable masterpiece : “On And On“, sous le pseudo Decadance.
Pulga – Ninzatti – Bonsanto, le trio-Kano
Kano – I’m Ready (12″ Version)
Plus fort qu’un couple : un ménage à trois. Voici résumée la carrière de ces précurseurs, dont le nom du premier groupe d’Italo dira quelque chose y compris aux non-avertis : Kano. Stefano, Luciano et Matteo sont par exemple à l’origine de l’immortel “Ikeya Seki,” un des sons les plus mélodiques et puissants de l’Italo, samplé des dizaines de fois, la dernière en date par Kavinsky sur son hit Grand Canyon. Si le trio est indissociable, Matteo Bonsanto s’occupait plus de la partie arrangements, et le couple Pulga – Ninzatti est ainsi associé à des tracks fondatrices, de celles qui secouent encore un dancefloor, et dont Trax s’est déjà fait l’écho dans les articles précédents de cette série Summer of Italo : Kano, c’est la base, foncez. Mais écoutez aussi les bootlegs et autres covers – une grande habitude dans l’Italo, sous le pseudo de Pink Project, dont le plus connu demeure ce surprenant bootleg de Another Brick In The Wall et Mammagamma (de Pink Floyd, sait-on jamais). Ça s’appelle “Disco Project“ et c’est foufou.
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Tony Carrasco, l’americano
Tony Carrasco – Take My Soul (Miami Style Mix)
Une légende. Dans ce tour d’horizon des grands producteurs, Tony Carrasco dénote un peu : son œuvre est immense mais il n’a pourtant jamais écrit de morceaux d’Italo. Son truc à lui, c’est plutôt la house, par exemple ceci. Mais avant de se mettre à la composition proprement dite, il a contribué, derrière les platines en studio, à la quasi-totalité des grandes tracks de l’Italo. À commencer par le fameux Dirty Talk, de Klein & Mbo, dont Trax vous parlait dans un précédent épisode de Summer of Italo.
C’est un des noms les plus célèbres, on lui doit un nombre incroyable de remix, arrangements, productions studios, et même pas mal de vocaux. Un aperçu avec l’excellent “Waiting For A Train“, de Moonbase, et “Tenax“, le tube de Diana Est, dont Tony Carrasco a fait le remix extended. Diana Est, star de l’époque, qui tourne d’ailleurs toujours dans des soirées, un peu partout en Europe.
Anfrando Maiola, l’huluberlu
KOTO Show
Ah, ce grand fou d’Anfrando. Quand on parle avec lui, il faut décoder ses onomatopées, ses phrases sibyllines et ses points d’exclamation plus nombreux que les lettres. Son œuvre à lui tient principalement en quatre, de lettres : Koto, pour la majeure partie réalisée avec son acolyte Stefano Cundari, immense producteur décédé en 90. « La définition d’un bon son Italo ? Accrocheur (en italien on dit « oreillable », ndlr), simple, dansant. Et surtout c’est une collaboration entre un dj et un chanteur. » Son premier track se nomme “Chinese Revenge“, et le son de Maiola se reconnait à la première note. On lui doit aussi la cover Italo du fameux titre de Vangelis, “Pulstar“, qui est passé à la postérité en tant que générique du film Blade Runner.
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Manlio Cangelli, le fou du synthé
B. Rose – Hey D.J. (Give Me A Lot Of Music)
Trax vous a déjà parlé – et fait parler – de cet excentrique producteur, originaire de Bergame, à la formation musicale classique, entre violon et piano. Un des premiers à s’être équipé en synthé, séquenceurs et batteries électronique de toutes sortes – « c’était un métier extrêmement couteux à l’époque ! », rappelle-t-il, lui qui, à partir du milieu des années 90, s’est adonné à la library music et autres illustrations sonores pour la musique. Un touche-à-tout qui produit encore énormément via sa maison d’édition musicale, MC Harmony.
On lui doit, outre le fameux New Dream, cette autre cartouche : “I Wanna Fly Away“, sous le pseudo de Blue Russell, qui n’est autre que le duo avec sa femme Lorella Ghilardi, qui chante sur ce titre. Sans oublier cet ovni, dans le plus pur style Italo : “Hey Dj, Give Me A Lot Of Music“. Attention, solo de piano magique !
Alexander Robotnick, le patron
Alexander Robotnick – You Have Time
Que ceux qui ne connaissent pas Robotnick – de son vrai nom Maurizio Dami – lèvent le doigt ! C’est impardonnable… Depuis ses débuts en 1983 avec le planétaire “Problèmes d’amour“, qui narre le désespoir d’un robot en manque d’amore, Robotnick n’a jamais cessé de produire de la musique, et de la bonne.
Il n’est plus seulement une figure de l’Italo, mais de l’ensemble de la dance music européenne, multipliant les collabs avec des producteurs émergents. Parmi ses innombrables sons, signalons “Alienation“, dans un style électro teinté d’Italo, ou bien ce très bon track Nu-Italo composé avec un jeune producteur florentin, Tulioxi, et sorti en 2015 sur Bordello a Parigi. Ça s’appelle “Roboxi” et c’est ici.
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Stefano Zito, celui qui a dit Basta
Blackway – New Life
« Mon histoire est très simple : j’étais dj et un jour j’ai rencontré un musicien qui s’appelle Steve Galante. Ensemble on a commencé dans son studio, j’ai ouvert mon premier label qui s’appelait Moon Records. » Les deux compères sortent deux releases sous le nom de Blackway : “Music For Us” et surtout “New Life“. « Puis j’ai rencontré Carlo Favilli et semble on a créé un autre label : House of records. » Trax vous a déjà présenté ce label sur lequel sont sortis les cartouches de Stefano Zito, sous le pseudo de B.W.H, avec par exemple cet autre track incroyable : “Livin’Up“. Les synthés qui tombent sur le rythme catchy ont cassé plus d’un dancefloor… On doit à Stefano Zito quelques autres très bons titres tel que “Cybernetic Love“. Après une dernière production, en 1986, Stefano Zito arrête tout : « Pour moi une époque était finie, les grandes maisons de disques avaient repris le marché et une certaine façon de faire de la musique avait disparu. Je ne m’amusais plus, alors je suis sorti de la musique ». Stefano Zito est aujourd’hui dans le cinéma et produit des films.
N.O.I.A, les inclassables
N.O.I.A. – The Rule to Survive (Looking For Love)
Trax ne pouvait pas diviser ce groupe dont la carrière est partagée entre deux époques : une new-wave, voire punk-wave, et une autre, plus tardive, consacrée à l’Italo. « En 1978, on a décidé de faire un groupe, témoigne Alessandro Piatto, le frère de Davide, la cheville ouvrière musicale de N.O.I.A. Mais sur cinq personnes, seules deux savaient jouer. On avait deux influences principales : la new-wave de Devo, Talking Heads, Ultravox, et l’électronique/kraut de Kraftwerk, Can ou Neu ! On a joué en 81 à un festival à Bologne, et le boss du label Italian Records, Oderso Rubini, est venu nous voir. Ça a commencé comme ça. » Le premier titre sorti sur ce label sonne clairement Italo et s’est imposé comme un classique du genre : “Stranger In A Strange Land“. Mais Trax voulait aussi vous faire profiter des premiers sons de ce groupe incroyable, dont une dizaine d’unreleased sont finalement sortis en 2003 sur le label de Détroit Ersatz : c’est absolument fou et un des titres, tout en violence punk-wave, s’appelle “Stop Thinking“. On comprend mieux le lien entre la wave et l’Italo…
Aujourd’hui, N.O.I.A est un label sur lequel sortent des sons Italo-Techno, que Trax ne saurait que trop vous conseiller de digger un peu…
Maurizio Sangineto, le guitariste
Matrix – Stay (I Need you Love)
Trax vous a gardé le meilleur pour la fin – enfin, c’est un goût personnel – avec celui que les Italiens appellent Sangy et qui fut même candidat à la mairie de Vicenza. Un vrai grand musicien qui vient du jazz et du fusion, guitariste virtuose et qui tient à le signaler : « Dans ce que je jouais, chaque piste était créée avec des vrais instruments, alors que 90 % de l’Italo dance était faite avec des séquenceurs et du playback. A part quelques exceptions, pour moi qui me suis bousillé les mains sur les cordes d’une guitare et d’une basse, le terme Italo-disco est quasiment une offense ! (rires) »
Alors rendons à Sangy ce qui appartient à Sangy : son premier track, influencé par les Commodores, Chic ou Earth Wind & Fire, est un titre fondateur de l’Italo : “Love Is Gonna Be On Your Side“. Par la suite, avec Mario Flores, Sangy sera à l’origine d’un des groupes les plus novateurs en matière de synthés : The Creatures. On lui doit notamment cet hymne wave d’une puissance (presque) inégalée : “The Amazing Run In a Tube“.
Trax vous conseille de l’écouter fort, de nombreuses fois, jusqu’à la semaine prochaine et le next épisode de ce Summer of Italo. Ciao ciao !