Summer of italo-disco #3 : les plus grands labels de l’italo-disco

Écrit par Trax Magazine
Le 15.07.2016, à 11h27
06 MIN LI-
RE
Écrit par Trax Magazine
Après un premier épisode qui tentait tant bien que mal de définir le style, Trax vous emmène aujourd’hui à la découverte des principaux labels de l’italo-disco. Certains sont devenus mythiques, d’autres sont vieux de cinq ans à peine. Trax ne saurait être exhaustif sur le sujet : on ne compte plus les sous-labels obscurs, ou, a contrario, les énormes maisons de productions industrielles. Alors, forcément, ce tour d’horizon se limitera à une sélection subjective. Si la curiosité vous démange, on ne vous conseillera jamais trop de vous perdre dans les méandres des pages de ce merveilleux outil qu’est discogs… Pour sa part, Trax a sélectionné pour vous deux titres de chacun des labels. Avanti !Par Benjamin König

Avouons-le sans détour : le  titre est trompeur et la publicité mensongère. Tous les labels d’italo ne sont pas en Italie, même si, bien évidemment, les premières et principales “case di dischi” ont vu le jour chez nos cousins transalpins, et plus spécialement dans le nord de l’Italie. Mais commençons par une petite infidélité, avec le label ZYX, dont le fondateur est un Allemand nommé Bernhard Mikulski. C’est ce dernier qui forge le terme d’italo-disco en 1983, désireux de trouver un nom à une compilation des premiers titres. Ce sera The Best of italo-discoqui compte pas moins de 24 releases. Voilà pour l’anecdote : pour le reste, ZYX n’a jamais été une véritable maison de production dans l’italo.

A lire également
Summer of Italo-disco #1 : Mais au fait c’est quoi l’Italo-disco ?

Les Ritals, canal historique

“Les grands labels ? Pour la qualité, Italian Records, pour les ventes et la popularité, il Discotto.” Voici le résumé d’Alessandro Piatto, le frère de Davide, fondateur du groupe N.O.I.A, et qui produit actuellement une musique oscillant entre italo et techno.

Italian Records : une maison basée à Bologne, spécialisée dans l’italo mais aussi dans la new wave, les deux styles étant d’ailleurs très proches. Trax vous propose d’écouter “I.C Love Affair“, de Gaz Nevada, “The Rule to survive, de N.O.I.A, que l’excellent DJ et producteur norvégien Prins Thomas a récemment remixé : c’est ici.

Quant à Discotto, comment dire… Il faudrait un bouquin aussi long que l’Enfer de Dante pour parler de ce label, peut-être le plus connu et le plus emblématique, avec son jeu de mot à la con, “disque-huit”, qui en italien rappelle “biscotto” : un biscuit, un bon gâteau, et son logo maintes fois décliné.

Allez, voici deux titres sortis sur ce label milanais, un pour déconner (quoique), une cover de “Tequila par Bo Boss, et l’autre qui ne déconne pas du tout : le grand classique du genre “Feel the Drive“, de Doctor’s Cat. Discotto a fermé ses portes en 1987, en proie à des difficultés financières, alors que le style battait son plein, et c’est à se demander si quelqu’un n’a pas tapé dans la caisse…


Car l’autre grand label, le rival de Discotto, lui, a tenu le coup bien plus longtemps : il faut dire que Discomagic ne faisait pas que de l’italo, mais aussi de la house, puis, dans les 90s, de la dance. Un label “mythique” pour Hysteric, un DJ australien si fou qu’il a fondé son propre label d’italo… Trax vous en touche quelques mots plus bas.

Mais Discomagic, c’est près de 50 sous-labels et plus de 2 000 releases. Alors, forcément, choisir, c’est renoncer : pour le son et le clip (attention la télé italienne des années 1980 ça pique les yeux), disons “Orient express“, de Wish Key, et pour le petit plaisir perso, le lent et mélodique “Good Times“, de Paul Paul.

“Ah, j’adore Sensation Records aussi, un label légendaire que j’ai diggé de fond en comble quand je me suis intéressé au style”, nous confie Hysteric. Sensation Records est en réalité un sous-label de Discomagic. Mais il est si important et reconnu pour la qualité de ses productions qu’il serait criminel de ne pas mentionner “When I let you down“, de M&G. Et surtout, cette cartouche que l’auteur de ces lignes ne peut s’empêcher de glisser dans (presque) chacun de ses sets : “New Dream”, de Clay Pedrini. Attention, son épique !

“Oh là là, je ne me rappelle plus de tous les noms, glisse Anfrando Maiola quand on lui demande son avis sur la question. Mais déjà, Memory records.” Normal : c’est sur ce label que sont sorties ses productions. Anfrando Maiola est un joyeux luron originaire de Parme dont le nom de groupe vous dira peut-être quelque chose : Koto. Un des plus  célèbres de l’italo, avec notamment le fameux “Visitors“. C’est également sur Memory Records qu’est sortie cette cover très punchy du classique vénézuelien “Moliendo Café”, écrit en 1958 :  

Autre label mythique : Banana Records, sur lequel sont sorties notamment les productions du grand pianiste Claudio Simonetti. Deux titres sont emblématiques : le classique queer “A Gay time latin lover” de Easy Going, et le tube qui a cartonné partout en Europe et qu’on trouve partout, même chez Emmaüs : “Walkman, de Kasso.

Enfin pour finir ce giro d’Italia, dernière étape à Rome avec deux labels importantissimes. D’abord Best Records et ses nombreux sous-labels, avec notamment “Don’t stop, de Asso, ou bien l’incroyable et très housy “Come on closer”, de Pineapples.

Ensuite le respecté House of Music, sur lequel est sorti ce que beaucoup considèrent comme la meilleure release de l’histoire de l’italo : “Stop / Livin it up”, de B.W.H. Deux cartouches pour le prix d’une : un disque si demandé qu’il a récemment été réédité. 

B.W.H est le pseudo du DJ et producteur Stefano Zito accompagné de sa femme, Elena, et qui avait laissé au placard des pistes jusqu’à l’année dernière. Cet unreleased est désormais dispo, et c’est tant mieux, car c’est peut-être le son le plus puissant de l’italo : ça s’appelle “All Right”, toujours sur House of Music.

Les étrangers

Bien entendu, il n’y a pas que les Ritals dans l’italo. Mais forcément, dans le reste du monde, il y a moins de labels. Sans compter que de nombreuses productions, passées ou actuelles (on parle aujourd’hui de nu-italo), sortent souvent sur des labels qui ne sont pas spécialisés dans le style – et c’est d’ailleurs très bien comme ça.

Trax en a sélectionné quatre, dont trois se situent aux Pays-Bas. C’est tout sauf un hasard : nos amis bataves sont littéralement fous d’italo. À tout seigneur, tout honneur : place à Bordello a Parigi. Un label fondé en 2011 par Otto Kranen (également connu sous le nom De Dupe ou Julien Tavernier, car le garçon a aussi un faible pour la synth-pop française), et qui s’est rapidement imposé comme un des meilleurs labels au monde, en tout cas dans le style.

Un nom qui sonne comme un manifeste : ce label, c’est un beau bordel, féru de tout ce qui touche à l’italo (italo-disco mais aussi italo-house) ou à la culture italienne des années 1980. Il mélange des rééditions de sons de l’époque et nouvelles productions, composées par de jeunes producteurs influencés par l’italo, via notamment la série Riviera disco, dont le 6ème opus vient de sortir.

Il n’y a pas grand-chose à jeter chez Bordello, et Trax ne saurait trop vous conseiller de prendre quelques centaines d’heures pour en faire le tour. Voici deux sons pour comprendre un peu le truc : une production récente, “Come into my dreams”, du duo danois à suivre de près Salta & Roma, puis un classique italo, remixé par Hysteric : “Break Up” de Daniella Poggi.

Un son sorti conjointement par Bordello et le label d’Hysteric, justement : Mothball Records. Mothball Records est donc un label de Melbourne, tout entier dévoué à l’italo. Pourtant, son fondateur y est venu sur le tard : “J’écoutais des musiques de film italiens, de Goblin notamment. L’italo peut me rendre fou… J’ai même rêvé que je diggais des tracks obscurs !”, en rigole encore Hysteric.

Ce label fait un travail de réédition fantastique, avec notamment des sons inconnus ou presque jusque-là, comme le titre très dark-italo (oui oui, ça existe) “Follow me, ici retouché par le boss du label. Sans oublier des mixes qui font référence, sortis par Filippo Bacchni et Flemming Dalum, le fameux Danois qui a sans doute la collection d’italo la plus complète au monde : Trax vous racontera son histoire incroyable très bientôt.

Ces mixes s’appellent “Lost-treasures of italo-Disco” (ici le n°2), et Trax vous conseille de vous jeter dessus si vous accrochez au style.

L’Europe

Allez, revenons en Europe pour un dernier tour d’horizon : il ne faudrait pas omettre Disco modernism, le label du chanteur Fred Ventura, sur lequel sortent ses productions actuelles, ainsi que celles d’autres producteurs, notamment italoconnection. 

En Angleterre, c’est à Manchester que ça se passe, avec le label Red Laser Records. On y trouve un peu de tout dans le style, comme le très bon EP Red Planet de Kid Machine : écoutez donc cette track space-italo, “Martian Emotion”.

On y trouve même un producteur parisien, Leon X Leon, avec notamment l’excellent  “Acid disco. La France n’est, de façon générale, pas en reste en la matière : un nouveau label a vu le jour récemment, et il est à suivre, ça s’appelle No More Pop, lancé en janvier 2016 par un allemand du nom de Murphy Jax, accompagné par Celina Seng.

No more pop a la particularité de ne sortir que des 45 tours, de très belle facture, et si c’est plus orienté synth-pop et minimal synth, l’italo est présente, notamment dans ce fabuleux titre : “Emotions”, de l’obscur groupe grec Transport. Et de l’Italie à la France en passant par l’Australie ou les Pays-Bas, la boucle est bouclée.

  A lire également
Summer of italo-disco #2 : Giorgio Moroder, la grande interview à l’italienne

Retrouvez toutes les musiques de cet article en une seule playlist :

Newsletter

Les actus à ne pas manquer toutes les semaines dans votre boîte mail

article suivant