Thomas Jenkinson aka Squarepusher est dans le game depuis plus de vingt ans. Un pied dans le jazz et l’autre dans l’électronique, il a œuvré pour Warp Records et créé Men Records avec Richard D. James (aka Aphex Twin). Autant figure emblématique de la sphère électro que sobre ovni d’un milieu dont il outrepasse volontiers les influences, Squarepusher est mal à l’aise avec le culte de la personnalité que briguent les DJs-star.
Déplorant le professionnalisme acharné des créateurs électronique d’aujourd’hui, il travaille à une forme de live plus vibratoire que spectaculaire — ceci comportant aussi sa part de risque —, et fantasme sa place de MC à un tout autre endroit que sous le feu des projecteurs. Son rêve ? N’être qu’une ombre discrète, un genre de propulseur d’énergies mêlé à une foule à peine consciente de sa présence mais qui, en propageant ses ondes avec force, serait tout autant responsable de l’ambiance festive.
Un concept ? Après une sortie studio en avril dernier, discutable et discutée et derrière des live d’une force de frappe ahurissante, nous avons découvert un personnage d’une étonnante profondeur. Au risque de se détacher de l’inatteignable perfection créatrice et de boycotter les abîmes narcissiques d’une auto-analyse sans fin, il s’attache dans ses actes les plus quotidiens et dans sa façon d’envisager la création, à philosopher. Car se sentir être un homme accompli et préserver l’authenticité de son âme d’enfant, voilà ses objectifs.
Vous l’aurez compris, Squarepusher est un original. Il jette ses créations à qui voudra bien s’en saisir et une fois passé l’accouchement, il les laisse chemin faisant et s’attaque à ses prochains défis sans trop perdre de temps à analyser ce qui se tient et grandit derrière lui. La passion du chemin plus que celle de l’accomplissement. Une course contre le temps, dont il dit manquer, encore et toujours. Une fuite vers l’avant. Une personnalité à découvrir sans plus attendre, d’autant plus que son nouvel album Damogen Furies, sorti en avril dernier et disponible en full stream, mérite un gros détour d’oreille. On vous recommande de ne le rater sous aucun prétexte lors de son passage au Peacock Society Festival ce week-end.
Rencontre avec Squarepusher
Il paraît que l’un de tes points forts c’est ce nouveau logiciel fait maison. C’est vrai ?
Le concept du logiciel que j’ai créé est le suivant : il s’agit d’être en mesure de garder un arrangement musical identique du studio à la scène. L’adaptation des sons pour le live engendre généralement des compromis, une perte de liberté. D’un côté, c’est impossible de ramener sur scène tous les hardware que j’utilise en studio et de l’autre, simplement appuyer sur play et danser pendant 45 minutes, ce n’est pas ce que je recherche non plus.
Tu es un peu partout en ce moment. Jusqu’à présent tu es satisfait de la tournée ?
La tournée se passe vraiment bien, il y a eu le Sonar et ce week-end le Peacock Society Festival à Paris. Je commence à être rodé et je ressens de bonnes vibrations du public donc tout se passe sous le signe du plaisir. J’ai mon nouveau logiciel bien dans les mains, donc tout va bien !
Avec les sons sur lesquels je travaille en ce moment, je repousse plus loin mes limites.
J’ai résolu cette équation en concevant ce logiciel, ce qui m’a permis de conserver une exigence dans la qualité sonore tout en augmentant le potentiel de flexibilité du live ; ce qui est une chose quasi impossible avec les logiciels que l’on trouve dans le commerce. Comme ce logiciel est pilotable sur ordi, les gens peuvent croire que je suis juste en train de checker mes mails (rires), mais non, je construis le live.
Tu te sens plus libre maintenant ?
Il ne s’agit pas de s’accorder une liberté totale, il y a toujours des contraintes et des limites. Au tout début de ma carrière j’aimais bien l’idée d’avoir des limites, lesquelles étaient contenues dans l’attirail très primitif de mon équipement. Je veux dire que ma musique a commencé en étant généreuse, faite maison, allant de la fabrication de circuits jusqu’à celle d’instruments un peu sortis de nulle part. Du coup, je suis plutôt familier avec ces notions de contraintes et de limites. Mais je sens qu’avec les sons sur lesquels je travaille en ce moment, je repousse plus loin mes limites. Parce qu’en évoluant en tant que compositeur, cela nécessite d’avoir une palette de possibilités la plus large possible.
En fait c’est une question de degré de liberté. Loin de moi l’idée de dire que qualitativement parlant ce disque est meilleur que les autres, par contre c’est quelque chose que j’ai vraiment créé selon le calibre de mes propres besoins. C’est ce genre de choses que j’ai envie d’explorer en ce moment. Je ne sais pas vraiment ce que c’est, une espèce de foutoir, un conglomérat des pièces que j’ai développées ces quinze – vingt dernières années, et qui a à voir avec ce que je fais maintenant. Et puis c’est aussi et surtout pour moi une manière d’échapper à la mainmise des sociétés de développeurs. Je ne veux surtout pas que ces personnes déterminent le degré de liberté auquel je peux avoir accès, ça me serait difficilement supportable. Ces logiciels, qui s’adressent pourtant à toutes sortes d’artistes, sont conçus pour maintenir l’esthétique sonore dans un champ restreint.
Être un élément de la soirée, et non l’élément de la soirée, c’est ça que j’aime.
Depuis Shobaleader One et Ufabulum, les visuels de tes live ont changé. Pourquoi avoir renoncé à l’éclairage LED ?
On n’utilise pas la diode LED comme une fin en soi, c’est sur le système de projections, plus que sur les LED en elles-mêmes, que se base le show. Encore une fois, jeter un coup d’œil sur le live session que je viens de mettre en ligne donnera une idée de ce que nous expérimentons en live en ce moment. Nous revisitons l’aspect visuel de nos shows. Maintenant, à la place du cache de LED, nous utilisons un système de projection des corps en mouvement, c’est-à-dire que j’essaie d’être le moins visible possible, ce qui n’est pas évident en live.
Les souvenirs de clubs et de rave que j’ai en tête, à l’époque où les DJs superstar n’étaient pas encore à la mode, me mettent aujourd’hui mal à l’aise avec le fait d’être scruté par le public, d’être le centre de toutes les attentions. Avant, le DJ jouait quelque part derrière le dancefloor, et les gens étaient plus orientés vers eux-mêmes que vers la personne qui jouait. Être un élément de la soirée, et non l’élément de la soirée, c’est ça que j’aime, car la soirée est en elle-même une somme de personnalités, d’identités des gens présents autour de l’artiste.
J’essaie toujours de donner cet état d’esprit à mes live, mais ce n’est pas toujours évident. Essayer de lutter contre la tendance au culte de la personnalité, destiné en fait à promouvoir des marques ou à renforcer l’aspect commercial des shows, c’est une chose ; il me reste malgré ça à être sur scène et à assurer le live. D’où le fait que ma préférence aille vers des espaces où il est techniquement possible de mettre en place des projections de mon corps, afin d’échapper à la classique mise en évidence du visage du DJ. Projeter ces images sur une toile m’évite d’être trop scruté par le public.
Le disque ou le live ? Qu’est ce qui compte de plus ? Je ne sais pas. Pour le coup avec cet album, j’ai spécifiquement composé en n’ayant que le live à l’esprit. C’est mon vieux fantasme du live, et je suis vraiment arrivé, de mon point de vue, à la musique parfaite pour ça. Mais en fin de compte tout ça reste conflictuel, dans le sens où d’un côté tu travailles à élaborer une musique qui sera idéale pour le live, et de l’autre côté tu te trouves confronté aux problèmes d’exécution du live. C’est un truc un peu schizophrène. Parfois j’aimerai juste composer, puis laisser quelqu’un d’autre s’occuper du live. Sauf qu’au final, la dynamique n’est pas la même si le compositeur et le performer ne sont pas la même personne. Je crois que le public ressent plus profondément la musique lorsque c’est le compositeur qui joue lui-même ses propres morceaux.
Tu as toujours un intérêt pour le clubbing ? Pas franchement, non. C’est sûr, j’écoute ce qui se fait, ce n’est pas comme si je vivais dans une bulle, mais il faut bien dire que je n’y accorde pas énormément d’attention.
Y’a-t-il une signification particulière derrière tes titres ? Non, les titres n’ont pas de signification particulière, ces mots ne veulent rien dire. C’est de la responsabilité de l’auditeur de créer le sens qu’il y percevra, en fonction de ses propres sensations et interprétations de la musique. Ces mots-valises sont vraiment des sortes de contenants vides, qui peuvent s’emplir à loisir des significations et associations d’idées qu’on ressent à l’écoute de la musique. Je ne veux rien dire de particulier, c’est pourquoi la plupart du temps j’invente des mots. J’aime aussi créer des mots simplement pour la résonance qu’ils acquièrent une fois prononcés. Une façon de créer des connections entre la musique et le langage. C’est vraiment à chacun de nous de créer du sens, je n’essaie pas de dire quoi penser à qui que ce soit. Je voudrais vraiment que les gens pensent par eux mêmes.
Je ne veux rien dire de particulier, c’est pourquoi la plupart du temps j’invente des mots.
Les mots que tu utilises pour les titres sont assez grossiers, durs. C’est fait exprès ?
Grossiers ? Oh ! (rires) Oui, ça c’est intéressant. C’est probablement plus moi que les mots d’ailleurs. Mais ça me fait penser à une histoire marrante tiens. Une fois, j’ai rencontré un journaliste Hollandais qui m’a demandé : « Bon, tu sais ce que signifie ‘kont’ en hollandais ? », « Euh, qu’est ce que ça signifie ? » « Ça veut dire cul. » Franchement j’ai trouvé ça vraiment excellent et je dois admettre qu’il m’a vraiment appris quelque chose ! En fait j’avais juste aimé la sonorité du mot “kont”. En le rapprochant de ma musique, j’y raccrochais plus un sens du style : jazz brutal, désordonné, un peu moche, un jazz fait de détritus. Le fait que ça signifie “cul” en hollandais, je trouve ça juste parfait ! C’est le genre de coïncidence marrante, joyeuse même.
Comment décrirais-tu l’esprit qui souffle sur ton nouvel album ?
Avec cet album, j’ai essayé de me rapprocher d’un esprit un peu nocturne, de club. Ce genre de musique qu’on aimerait écouter un vendredi soir. Mais, comme à d’autres moments de ma carrière, Damogen Furies se pose aussi comme une forme de protestation contres les icônes. Je dirai, une contestation du professionnalisme qu’on retrouve de plus en plus dans l’industrie musicale.
La scène électro d’aujourd’hui : tu te sens toujours dedans ?
Quand j’ai commencé à faire de l’électro, c’était un milieu à mon sens très ouvert qui encourageait vachement l’expérimentation. Un milieu qui parvenait à échapper à pas mal de stéréotypes, puisque l’intérêt principal des gens était de chercher des nouvelles idées dans la musique. Idem pour les instruments et les machines, on était obligés de les concevoir nous-mêmes, ce qui nécessitait d’avoir à l’esprit une image claire du dispositif qui allait nous permettre de produire le son particulier qu’on était en train de rechercher. À l’époque, il existait très peu d’appareils. Et je ne parle même pas de la période avant les années ’80 – ’90 où le choix était carrément limité. Même lorsque ceux qui les fabriquaient avaient une idée précise des machines qu’ils mettaient sur le marché, au final les personnes qui les utilisaient y amenaient quand même des finalités différentes.
Je veux que les gens soient éveillés !
Je me souviens, quand je me suis acheté ma première boite à rythmes, j’ai essayé d’en faire une espèce de synthé. Il faut préciser qu’à la base elle était simplement conçue pour être un dispositif d’accompagnement pour guitariste…
En fait, je conçois la musique électronique comme quelque chose qui doit forcément passer par l’expérimentation. Et justement, le professionnalisme engloutit toute forme d’expérimentation, ce qui est à mes yeux assez repoussant. Je n’aime pas le fait qu’au moment où on achète un disque, on puisse déjà avoir une idée de ce à quoi la musique va ressembler. J’aime croire qu’un artiste peut être quelqu’un qui va surprendre, en allant dans des endroits auxquels nous n’aurions même pas pensé. Je ne vois pas vraiment l’intérêt de sortir un disque, si son but n’est pas d’apporter quelque chose de nouveau ou de mettre en exergue des idées inattendues, ou sans précédent. En bref, j’essaie d’aborder avec le plus de lucidité possible cette espèce de professionnalisme grimpant dans l’industrie musicale.
Tu ressens encore le besoin d’outrepasser tes limites… Cela ne te rend pas un peu solitaire ?
Oui, absolument. Je veux dire, d’ailleurs, quelle autre raison que celle d’être un artiste aujourd’hui ? Il y a des animateurs et des DJs qui font ce qu’on leur demande de faire. Pour ma part, je ne peux pas envisager mon travail de cette manière. C’est même frustrant d’être encore en train d’essayer de repousser des limites, de déplacer les attentes des gens, de jouer avec leur perception de la musique. En vrai j’espère juste qu’au moins lorsque je joue, quelqu’un reste éveillé, attentif et ouvert au fait de ne pas savoir à quoi s’attendre avant d’écouter ma musique. Ça me semble être l’approche la plus saine. Quand on perd cette perspective, c’est le début de la fin : on arrête de se questionner sur ce qu’il va advenir, on se met à oublier son environnement, et on devient une sorte de machine. Je suis totalement contre ça. Je veux que les gens soient éveillés ! L’endormissement des masses ne nous aidera pas à affronter les défis que l’on a en face de nous.
En plus, je constate autour de moi une tendance au rétro qui ne me donne pas beaucoup d’espoir pour le futur. Quand j’étais gosse, une partie de mes fantasmes allaient en direction de l’espace, du futur, de comment les choses allaient évoluer, comment elles allaient être dans 20 ans. Et je pense toujours comme ça. La tendance générale montre le contraire : les gens préfèrent s’orienter vers le passé, sans doute parce que rêver du passé est beaucoup plus confortable que regarder vers le futur.
Peut-être faudrait-il tout simplement aborder la musique comme une passion ?
Derrière les choix musicaux que tu fais, y’a-t-il une forme d’oppression que tu t’imposes ?
Opprimé, je ne sais pas si c’est ça. C’est sûrement un autre degré d’oppression. Je n’ai pas le sentiment de m’être opprimé de ma carrière. À aucun moment. Au contraire, j’ai toujours essayé de trouver les moyens de donner libre cours à mon imagination, et de la retranscrire par écrit, à travers des phrases, des mots, ou dans la musique par les instruments que j’utilisais. Le lien à l’imaginaire a toujours guidé ma façon d’aborder les instruments.
Dans l’industrie musicale, je ne suis qu’une personne parmi tant d’autres, qui laisse vagabonder son imaginaire et se demande ce qui va suivre… Je ne dis pas que ce qui découle de notre imagination est toujours bon, je n’oblige personne à s’intéresser à mes nouvelles sorties, aussi imparfaites qu’elles soient. Mais peut-être faudrait-il tout simplement aborder la musique comme une passion ? C’est d’ailleurs pour ça que j’essaie le plus possible de m’opposer à ce concept de professionnalisme, c’est devenu un style de vie, un chemin de carrière. Si, j’avais envisagé la musique d’un point de vue carriériste, j’aurai sûrement fait complètement autre chose.
En fin de compte, comment t’es rentré dans le game ? Es-tu musicien de formation ?
Dès mon plus jeune âge, j’étais fasciné par tout ce qui est électronique, et par la radio aussi. Les seules musiques auxquelles j’avais accès étaient les musiques qui passaient à la radio. Le système de radiocommunication en lui-même me fascinait : le fait qu’on puisse émettre une musique par des circuits connectés et les communiquer à la face du monde. Par rapport à ce que j’entendais passer à la radio, les choix étaient limités et tout ne m’intéressait pas. Puis j’ai pris quelques cours de guitare mais quand ma prof a commencé à tiquer que je préférai systématiquement jouer des ré-interprétations de ce qu’elle m’apprenait, au lieu de les lui jouer en l’état, j’ai décidé d’arrêter. Pourtant j’aimais vraiment étudier, mais nos perceptions de la pédagogie étaient trop différentes. Je préférais autant continuer tout seul.
Beaucoup d’artistes de ton âge sont collectionneurs. C’est ton cas aussi?
Pas vraiment. Même avec les objets qui suscitaient en moi beaucoup d’attraits, comme les livres, les disques ou les instruments, j’ai toujours essayé de les accumuler le moins possible. L’accumulation me donne la sensation d’étouffement, j’ai besoin d’espace autour de moi alors que le fait de collectionner des objets, je trouve que c’est une façon de s’emmurer, de s’ériger une protection contre le monde extérieur, en s’entourant d’objets considérés comme sûrs et inspirants. Ce sont des symboles de ces propres convictions et c’est pour ça que ça me rend mal à l’aise de collectionner des trucs. Je veux rester en éveil perpétuel.
Je ne ressens pas le besoin de m’enorgueillir de mes acquis, je préfère enchainer sur du neuf.
Une fois la découverte ou l’usage passés, je préfère laisser les objets partir, et m’en aller en quête de quelque chose de nouveau. Bien sûr, je garde quand même des choses en ma possession, j’ai des instruments que j’adore, et avec lesquels je travaille dur pour tenter d’en tirer le maximum. Mais je ne veux pas être entouré de douzaines d’instruments auxquels je n’aurais qu’à peine le temps d’accorder un regard, un peu comme dans un putain de musée. Nous n’avons pas assez de temps dans une seule vie pour faire honneur à autant d’instruments. Et puis avoir devant soit toute une collection me ferait penser à une accumulation de trophées, ou me donnerait l’impression d’être un mec qui veut absolument montrer qu’il a du fric, ou même, à un type qui penserait qu’en achetant des instruments de collection, qui ont appartenu à d’autres avant, ça donnerait plus d’importance à ses compositions. Tout ça c’est de la merde, la seule chose qui compte pour moi c’est l’imagination.
Ça t’arrive de regarder en arrière ?
J’ai attendu dix ans avant de sortir mon premier disque. Ces dix années d’expérience dans la musique m’ont semblé suffisantes pour commencer à vraiment me lancer. En fait je ne suis pas trop du genre à regarder en arrière. Une fois que quelque chose est passé, qu’un disque est sorti, j’esquive la phase d’évaluation. Ça me fait toujours drôle de réécouter mes anciens disques et c’est même assez déplaisant. Mais je m’en fous, pas de prise de tête là-dessus, je passe à autre chose. C’est aux autres d’en faire ce qu’ils veulent, j’ai fait ce qu’il m’était possible de faire à un instant, et c’est sorti, voilà. Je ne ressens pas le besoin de m’enorgueillir de mes acquis, je préfère enchainer sur du neuf.
C’est beaucoup plus accessible aujourd’hui de faire ses premiers pas dans la musique avec des outils pareils.
Et l’idée d’évolution du type « il a fait ça, puis ensuite il a évolué comme ça, etc. » ne me correspond pas. À chaque fois, j’essaie d’avoir une approche de la musique la plus fraiche possible, comme si je n’avais rien fait auparavant, en recommençant à zéro avec l’enthousiasme et la curiosité d’un débutant. Bien sûr on ne peut pas faire abstraction de ses expériences passées, mais au moment de la création, j’essaie de garder quelque chose qui soit nouveau et qui soit un moment d’excitation, de joie et d’inspiration.
Toujours enthousiaste par rapport aux technologies ?
C’est une question qui m’a toujours mise dans l’ambigüité. D’un côté, les technologies apportent leur lot de complication, de complexification, ce qui implique d’en rester un minimum distancié. Et puis de l’autre côté, elles offrent une multitude de possibilités, musicalement. Par exemple, c’est beaucoup plus accessible aujourd’hui de faire ses premiers pas dans la musique avec des outils pareils. C’est ça qui est vraiment extraordinaire.
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