Un milliard de dollars. C’est la somme que vient de lever Spotify auprès d’investisseurs qui doivent maintenant se frotter les mains. Prenant la forme d’obligations convertibles en actions, ces contrats octroient à ces mêmes investisseurs le droit, dans le cas où Spotify ferait son entrée en Bourse cette année, de bénéficier d’un différentiel avantageux de 20% par rapport au prix d’introduction sur le marché. Et passée cette période, ce différentiel grimpera de 2,5 points tous les six mois, ce qui inciterait la firme suédoise à donner un bon coup d’accélérateur et concrétiser rapidement son IPO (Initial Public Offering, comprendre introduction en Bourse). “Il n’empêche que sur ce marché en plein boom, c’est maintenant qu’il faut lancer les campagnes marketing pour se faire connaître, ou de nouveaux contenus pour attirer des abonnés”, souligne de son côté le site Les Echos.
Des sources relayées par le Wall Street Journal, à l’origine des révélations autour de cette importante transaction, feraient pourtant état d’une trésorerie confortable de 600 millions de dollars dans les caisses de Spotify. Alors, pourquoi une telle opération ? Selon toute vraisemblance, il semblerait bien que le numéro un mondial du streaming tente une bonne fois pour toutes de se frayer une place au soleil, et d’entraver ainsi sérieusement sa concurrence (pour ne pas citer Apple Music), alors même que le climat de la planète financière n’est pas forcément au beau fixe pour le streaming. Ces conditions d’emprunt, relativement “dures” pour certains, font d’ailleurs suite aux revers subis dernièrement par des sociétés comme Deezer, qui a repoussé de quelques mois son introduction en Bourse, ou Pandora, qui a fébrilement vécu la sienne (le cours s’était effondré de 36% en une seule séance, avant de repartir à la hausse).
Les spécialistes du secteur ont cherché plusieurs explications possibles à cette soudaine levée de fond : parmi les plus probables, Spotify pourrait avoir en tête des acquisitions, pourquoi pas du côté de ses rivaux historiques. Certains évoquent un investissement massif dans la vidéo, à l’instar du site Re/Code. Bien que Spotify caracole encore en tête avec ses 30 millions d’abonnés, loin devant Apple (11 millions), Deezer (6 millions) et Tidal (3 millions), la firme a enregistré en 2014 une perte de 162 millions d’euros, contre un chiffre d’affaires de 1,08 milliards d’euros. Cette opération de levée de fonds pourrait donc aussi servir de réserve, afin de “voir venir” cette introduction qui se profile tant.