Le sampling est la sœur de l’enregistrement : dès qu’il a été possible de fixer un son sur un support, les artistes ont cherché à triturer, modifier et réemployer ce dernier. Des découpages de bandes magnétiques de Pierre Schaeffer aux superpositions de boucles dans le dub jamaïcain, le sampling est partout. Si le hip-hop apparaît comme son genre historique, la musique électronique et la pop ne tardent pas à s’y intéresser à leur tour.
“Tous les gens qu’on a samplés sont des gens qu’on aime, dont on reconnait la force musicale” – Akhenaton
L’épisode Génération sample brosse un portrait transversal de cette pratique, avec, comme dans les autres épisodes de Soundbreaking, un casting cinq étoiles. Pour parler du hip-hop, qui de mieux placé que Rick Rubin, fondateur de Def Jam, RZA, producteur mythique du Wu Tang Clan, ou Akhenaton d’IAM ? Sans compter Chuck D de Public Enemy, Q-Tip de A Tribe Called Quest, Darryl McDaniels de Run-D.M.C…
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De ses origines caribéennes à l’avènement des DJ’s avec le disco, le documentaire s’attache à replacer le sampling – longtemps dénigré, parfois carrément taxé de vol – dans la grande histoire de la musique ; l’on y voit ainsi des vidéos d’archive d’Herbie Hancock effectuant une démonstration du Fairlight CMI, le tout premier sampler électronique, ou le guitariste Nile Rodgers, du groupe disco Chic, raconter comment leur super tube “Good Times” a servi de base au séminal “Rapper’s Delight” du Sugar Hill Gang.

“Tous les gens qu’on a samplés sont des gens qu’on aime, dont on reconnait la force musicale“, résume Akhenaton, avant de raconter comment il s’est retrouvé un jour dans les mêmes studio que George Benson – dont le tube “Give Me The Night” a été samplé dans “Je danse le Mia” –, lequel aurait payé le champagne à tout le groupe IAM. Parmi les séquences d’anthologie, citons également le film de présentation par Roger Linn de la toute première MPC 60, Afrika Bambaataa déclarant que “sans James Brown, toutes les musiques d’aujourd’hui seraient nazes“, ou le producteur de Public Enemy, Hank Schocklee, expliquant que depuis les procès de la fin des années 90, le sampling est réservé à une élite de musiciens, tels Kanye West, capables de s’acquitter des droits.
“Sans James Brown, toutes les musiques d’aujourd’hui seraient nazes” – Afrika Bambaataa
Des vocals de la house au micro-sampling de Ricardo Villalobos ou Akufen, le sample est devenu l’un des outils premiers des producteurs de musique électronique. Le genre est assez peu abordé dans le documentaire, mais qu’importe : se plonger dans cette histoire de la musique qui jette des ponts entre dub et musique concrète, heavy metal et hip-hop, funk et breakbeat, c’est comprendre que la perméabilité entre les genres est justement ce qui permet leur évolution. “De nombreux chemins ont été empruntés par le passé, et si l’on veut devenir un musicien accompli, il faut les emprunter à son tour“, déclare RZA. Nous n’aurions pas dit mieux.
L’épisode sera disponible sur Traxmag.com jusqu’au 24 février, minuit, puis durant une semaine sur Arte+7.
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