Small Talk : Pourquoi ne sont-ils pas aussi inutiles qu’on ne le pense ?

Écrit par Clarisse Prevost
Le 19.09.2022, à 18h45
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Écrit par Clarisse Prevost
Les small talk semblent souvent creux, ennuyeux, mais de la surface peut émerger beaucoup.

« Il fait beau aujourd’hui. T’as quel âge ? T’as fait quoi ce week-end ? » Autant de sujets qui apparaissent dans l’imaginaire collectif comme du small talk : une conversation polie autour de sujets prosaïques, sans grande importance –autrement dit des banalités. Tous les jours affluent sur twitter une horde de tweets exprimant un dégoût pour ces apparents bavardages de surface. En effet, il y a quelque chose d’extrêmement ennuyeux et mécanique dans ces interactions, et cela en particulier lorsque l’intérêt véritable pour la réponse de l’interlocuteur est moindre. L’anxiété sociale peut également nous inciter à nous y adonner tant la peur de ne rien dire semble pire que de dire des choses que nombreux considèrent secrètement inintéressantes. On choisit ou pas de jouer ce jeu, très douloureux pour certains. Cependant, le small talk aurait une fonction toute particulière : celui du ciment social par le partage d’une expérience.

En 2014, le psychologue et universitaire Nicholas Epley de l’Université de Chicago a mené une expérience dans laquelle on a demandé à certains usagers du métro d’engager la conversation avec l’étranger assis à côté d’eux, tandis qu’on a demandé aux autres de rester entre eux. Ceux qui ont engagé la conversation ont davantage apprécié le trajet, et plus la conversation était longue, plus ils se sentaient heureux. Cela était vrai même pour les personnes qui préféraient généralement la solitude.

Malgré l’apparente frivolité de ces sujets, le small talk est un véritable outil pour dessiner de nouvelles amitiés – d’une seconde comme d’une vie – agissant aussi comme un échappatoire, ce que la pandémie du Covid-19 a notamment démontrée. Lizzie Post, coprésidente de l’Emily Post Institute, explique : « Je suis devenue incroyablement reconnaissante envers mes voisins. Même ces interactions très basiques du type «Comment va votre journée ? » qui se produisaient de l’autre côté de la clôture sont devenues précieuses. »

Selon elle , les sujets de conversation seraient classés en plusieurs catégories – 1 : les domaines sûrs et confortables qui n’ont pas besoin d’être trop personnels. 2 : les sujets un peu plus profonds, lesquels émergent plus souvent avec des connaissances ou dans des contextes festifs. 3 : les sujets très personnels abordés avec le cercle restreint. Mais les sujets propres à chacune de ces catégories tendraient à se déplacer tant l’expérience intime permet un sentiment de familiarité plus rapide et donc un confort spirituelle avec un impact positif immédiat et latent. D’une question d’apparence frivole peut émerger des questionnements sur soi, une découverte d’autrui, des nouvelles reflexions et sensations. C’est également la reconnaissance et la considération de l’autre quand tout nous pousse à vouloir aller trop vite, répondre à un objectif de productivité ou rester dans sa zone de confort sociale.

Néanmoins, nombreux sont ceux à se sentir mal à l’aise dans le small talk pour une autre raison : eux-mêmes ont peur de paraître inintéressants, peu originaux. Ainsi, nous ajoutons à l’interaction spontanée une pression qui l’a rend complexe, déterminante (ce qui n’est pas le cas). Post explique : « Le fait de s’intéresser à ce niveau de surface ne signifie pas que l’on est faux ou que l’on fait semblant. Cela reflète plus authentiquement nos vies réelles. Tous les jours ne sont pas terriblement excitants. Tout le monde ne l’est pas non plus. Et ce n’est pas grave. » Ne minimisez pas les small talk et l’impact positif qu’ils peuvent avoir sur chacun d’entre nous; si l’échange est sincère, ce sont des mains tendues.

On vous laisse notre article, Amitié : Faut-il privilégier la qualité à la quantité ?

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