Skatepark : les coulisses d’un ballet punk sur roulettes, en mai à Paris

Écrit par Partenariats Trax
Le 27.04.2023, à 09h24
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Au CNDC d’Angers, la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen nous donne accès aux coulisses de sa dernière pièce, Skatepark. Une pièce punk et rebelle pour un groupe de skateurs, patineuses, danseurs et musiciens entre 11 et 36 ans. Un ballet où cet espace de glisse se présente avant tout comme politique, et qui investira la Grande Halle de la Villette en mai prochain.

Dans les backstages du quai à Angers, une dizaine de jeunes hommes, femmes et ados discutent, regardent leurs smartphones, installés sur des canapés. Mette Ingvartsen, grande blonde au sourire chaleureux, s’avance : « Vous n’êtes pas trop fatigués ? Ça s’est bien passé hier, mais ne vous inquiétez pas, ce n’est pas la peine de faire exactement la même chose aujourd’hui ! », lance-t-elle au groupe, d’une voix douce à l’accent nordique. La veille avait lieu la première de Skatepark. Une pièce orchestrée par la chorégraphe danoise, qui met en scène un groupe de performeurs entre 11 et 36 ans. Certains sont skateurs, d’autres patineuses ou encore musiciens (parfois tout ça à la fois), mais tous et toutes habitué·es des espaces de glisse. 

Monter une pièce pour des non-danseurs, c’est une première pour Mette Ingvartsen. Et on était un peu sceptiques du résultat. Force est de constater qu’il s’y tisse la même réflexion qui lie les corps et la politique que dans ses précédentes pièces, à l’instar dans de to come (extended) (2017), qui questionne le genre, et The Dancing Public (2021), qui interrogeait le caractère subversif des manies dansantes. 

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Tout commence au skatepark La Chapelle à Bruxelles, où la chorégraphe (qui pratiquait assidûment le roller ado) emmène ses enfants. Curieuse de cet espace public singulier, où se retrouvent des personnes de tout âge, elle part à la rencontre des habitantes et habitants de cet espace. Elle fait alors connaissance avec le réseau de skateurs et patineurs de Bruxelles et de ses environs, des jeunes femmes et hommes qui deviendront les interprètes de Skatepark. Elle raconte : « Le skatepark est un endroit que l’on habite, même si c’est de manière temporaire et changeante. J’étais curieuse d’explorer quelles formes de vies évoluent dans ces espaces, publics mais protégés à la fois. J’étais d’ailleurs étonnée que les pré-ados y soient sans leurs parents. En se retrouvant dans ces espaces, ils forment non seulement des bandes d’amis, mais aussi des familles alternatives, » détaille Mette Ingvartsen.

L’équipe de Skatepark aussi est devenue une grande famille. Quelques heures avant la représentation, au milieu des imposantes rampes en bois installées sur le plateau du quai, ils et elles exécutent leur rituels : danser et chanter ensemble en cercle avec entrain, presque comme dans un cypher de hip-hop. Puis, les uns après les autres, ils se lancent dans des échauffements de skate, arpentant le plateau d’un bout à l’autre, dévoilant des figures complexes. Une cohésion touchante, qui porte ses fruits le soir-même sur le plateau. La joyeuse équipe prend des allures de troupe un peu étrange et hétéroclite : certains arborent des masques, deux patineuses des maquillages bigarrés en chantant façon punk, d’autres jouent de la guitare du haut d’une rampe ou filment les exploits des skateurs avec leur smartphone. Au fil des allers retours sur les rampes, se dessine un ballet qui paraît totalement spontané, monté sur roulettes, punk et surtout rebelle. Une utopie grisante de communauté : « Je ne suis pas sûre que ça colle totalement à la réalité des skatepark. La pièce est le fantasme d’une manière d’être ensemble dans cet espace public où l’on se sent libre et en sécurité, » conclut-elle.

 Dans le cadre de la programmation Chaillot Nomade à La Villette Skatepark, de Mette Ingvartsen, du 9 au 14 mai 2023 à la Grande Halle de la Villette.

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