Ils ont mis la rave au musée
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Quelle émotion de voir Kraftwerk, Daft Punk, Laurent Garnier, Jean-Michel Jarre, Underground Resistance mis à l’honneur dans la grande exposition Electro de la Philharmonie ce mois-ci. En 40 ans, la musique électronique est devenue plus légitime, plus populaire et plus acceptée par des centaines de milliers de personnes. Logique donc, qu’aujourd’hui, cette musique de laboratoire, de piaules d’étudiant et d’usines en friche résonne dans un white cube. Mais qui a fait rentrer la rave au musée, et doit-on s’en inquiéter ? Car finalement, est-ce qu’une culture vivante, faite de live et de mouvements, a sa place dans un espace où l’art se fige ?
Les artistes eux-mêmes sont venus la chercher. En 1965 déjà, à Rome, trois architectes transforment le dancefloor du Piper en œuvre d’art sonore, lumineuse et humaine et ouvre à la voie aux autres Hacienda, Studio 54 et Palace. Puis avec Keith Haring, qui, en dessinant Larry Levan et en peignant sur le corps nu de Grace Jones au Paradise Garage en 1984, pousse des scénographes, artistes, danseurs, cinéastes ou peintres, à transposer le choc esthétique des musiques électroniques dans leurs œuvres. Aujourd’hui, la question se pose : et si cette culture rebelle portait la même démarche que celles des beaux arts contemporains ? C’est ce que semblent montrer les collaborations sans retenues entre cinéastes et compositeurs de musique électronique, ou bien l’algorave, ce jeune mouvement, fluide, inclusif et performatif, à la croisée du live coding et de la techno. Au musée, ces cultures nous apparaissent sous un autre jour : plus sages certes, mais aussi, une fois re-contextualisées, plus riches. Il faut parfois qu’un vinyle s’arrête de tourner pour que l’on puisse admirer le travail d’un talentueux dessinateur sur son macaron. Les musiques électroniques méritent bien qu’on leur consacre ce temps-là.
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