Le romantisme instantané d’un baiser sous la pluie est devenu aussi obsolète que perdre ses amis dans un festival. Le seul dénominateur commun à ces deux situations : l’utilisation non-stop de nos smartphones… et leurs applis météo ou map. Honnêtement, c’est quand la dernière fois que vous vous êtes perdus dans une foule ? Si bien que vous avez incrusté un groupe d’inconnus et n’avez jamais retrouvé le chemin vers votre tente ? Oui, ça fait un bail.
Et pour cause, nos téléphones intelligents nous permettent de prédire en temps réel tout notre agenda. On sait qu’il va pleuvoir, alors pourquoi sortir boire un verre ? « Être un festival sans portable, cela permet aux gens d’échanger, de se reconnecter à leur environnement, de se perdre surtout », constate Noé Thoraval, président et fondateur du Sarcus Festival. Là est donc la question que s’est posée l’équipe du Sarcus pour concevoir le festival : maintenant que l’on a déconnecté tout le monde avec les pochettes Yondr, comment fait-on pour reconnecter tous ensemble ?
C’est un château authentique et mystérieux. Je le sens habité, ce château.
Patrimoine végétal, architecture de demain
Pour ce faire, l’équipe du Sarcus a prévu de grandes installations. Parmi elles, certaines sont des sortes d’agora et d’autres tentent de stimuler les 5 sens sur un parcours sensoriel entre les scènes et le camping. Un véritable land-art, qui a demandé plusieurs mois de travail sur tout le site. Heureusement, le lieu est fait pour ça. Cette scénographie unique permet aux festivaliers d’expérimenter le plaisir de se perdre et de se rencontrer. Mais surtout, elle s’inscrit dans un projet pérenne. Ancienne maison forte de moines chartreux, le château-monastère de la Corroirie fût un temps une cachette en cas de guerre, un lieu de méditation, puis d’agriculture. « C’est un château authentique et mystérieux. Je le sens habité, ce château », rêvasse Noé.
Le propriétaire des lieux, un ancien baron des nuits parisiennes, permet aux équipes d’installer le festival tranquillement. En contre partie, la cohorte de mains habiles rénove la vieille bâtisse. « On est en véritable partenariat avec le château pour que les visiteurs se connectent au patrimoine végétal et architectural de la région.» Une vision à contre sens des visites « muséo », tournées vers le passé. « On souhaite dynamiser le patrimoine en créant un lieu de vie culturelle », défend le fondateur. », défend le fondateur.
Musique vivante et culture musicale
Et quelle fabuleuse façon de rénover ces témoins du passé en programmant de la musique ET du spectacle vivant. Noé s’en félicite : « L’année dernière il y a des gens qui nous ont dit qu’ils étaient venus juste pour la musique mais que la claque, ils se la sont prise l’après-midi au théâtre. »
Côté musique, l’ambient se mêle à la jungle et la techno, puis laisse place au down tempo, la trance, house, jungle, bass music, et même de la musique expérimentale concrète. Peu de champs sont oubliés. « Le spectacle vivant crée des variations et des rythmes uniques que tu ne retrouves pas forcément dans tous les évents de musique électronique, où il y a peu de parole », explique Noé.
Plus vert que nature
Tri sélectif, cendriers de poche, recyclage de mégots avec Green Minded… Le festival fait son maximum pour réduire ses déchets. Plus encore, la totalité de la décoration et le matériel vient de l’up-cycling ou est loué. Côté scéno, Green Résistance s’occupe du mobilier avec des palettes et du bois mort trouvé dans la forêt. Pour l’alimentation, des générateurs fonctionnent aux biocarburants. Un de nos systèmes son fonctionne à l’énergie solaire avec le Pikip Solar Speaker. Bien sûr, les toilettes sont sèches et les douches sont fournies avec les eaux de pluie, chauffées avec des panneaux photo-voltaïques.
Côté transports, l’entraide est à l’ouvrage. Depuis la gare de Tour, des navettes s’occupent des festivaliers et une page est présente sur le site de co-voiturage gratuit Togetzer. Côté restauration, la viande rouge est totalement proscrite et 100% de la carte est en circuit court. Enfin le Sarcus ne programme que des artistes résidant en France, ce qui veut dire que l’avion est banni de la programmation. Si toutes ces mesures laissent penser que le Sarcus est irréprochable dans son approche écologique, Noé tient à rester humble et conclut : «Je ne pense pas que l’on puisse être considérés comme une référence. Ça voudrait dire que l’on a tout bien fait. L’urgence climatique est telle qu’il y a toujours des progrès environnementaux à faire. Sans ces engagements, nous ne pourrions éthiquement pas continuer à organiser un festival.» Certes. En tout cas, l’intention est là.
Le Sarcus a lieu du 27 au 29 août au château-monastère de la Corroirie. Toutes les informations et la billetterie sont à retrouver sur la page Facebook du festival.