C’était il y a vingt-cinq ans. À La Châtre, commune rurale de 4 000 âmes, les jeunes du village n’attendent qu’une chose : que le samedi soir vienne enfin les délivrer de la routine dans laquelle ils sont plongés. Pour Stéphane alias “Gasoil” et ses amis, le rendez-vous hebdomadaire a lieu au Vibration, la discothèque incontournable de la région. Le Castrais s’y rend dans sa Renault 5 tunnée, file sur la nationale à travers champs pour rejoindre le lieu de lumières. Là bas, sous les lasers et à travers la fumée de synthèse, les caméras du réalisateur Jean-Michel Destang captent pour France 2 une époque aujourd’hui disparue : celle de la France pré-internet, reliée à la modernité et au monde par le seul poste de télévision familial. C’est l’époque des slows et du quart-d’heure américain, des nuques longues et de la dance.
Un quart de siècle plus tard, le journaliste Joachim Barbier est retourné à la Châtre, constater sur place ce qu’il restait de cette époque de fête débridée. Le constat qu’il dresse dans l’article “Retour à la Châtre”, publié par le magazine Society, est amer : rebaptisée entre temps, la discothèque Vibration a brûlé en 2016 dans d’étranges circonstances. Quant aux jeunes de la Châtre, ils ont été rattrapés par la réalité de la vie à la campagne. Gasoil, personnage principal du documentaire, a même fait les frais de son exposition médiatique. À l’écran, on le voyait payer des tournées de pastis au PMU avant de sortir en boîte. Une séquence vidéo sur laquelle est tombé le propriétaire de son appartement à qui Gasoil devait plusieurs loyers. Après la diffusion de Samedi soir en province, le fêtard s’est fait virer de son studio.
Pour en savoir plus sur la disparition progressive des discothèques et da fête en milieu rural, procurez vous le numéro 229 de Trax Magazine. Disponible sur notre store en ligne.
