Nous l’avions au préalable soumis à l’exercice des “10 armes secrètes”, en vain. Sans considérer la nature et le tempérament de Rødhåd, alors dans l’incapacité de nous dévoiler une telle sélection, faute de détails, de précisions : le producteur berlinois s’attache tout particulièrement à la culture, aux affinités d’une communauté, d’une ville entière, d’un lieu spécifique.
Un élément prégnant, redondant au cours de cette interview, lorsque nous questionnons l’artiste phare de Dystopian quant à son attrait à la musique ambient et au drone, à la scène techno française et à ses singularités.
Quel regard portes-tu sur la scène techno actuelle, en France ?
A dire vrai, je suis toujours aussi impressionné par la façon dont Paris a investi (de nouveau) la sphère techno, de manière aussi qualitative, avec autant d’énergie positive. En mon sens, je trouve ça cool qu’il y ait parfois davantage de soirées techno et house à Paris qu’à Berlin ou à Londres. Même s’il n’est pas toujours bon qu’une scène locale soit soumise à une compétition aussi intense. Mais cela montre que les gens veulent entendre cette musique, découvrir de nouveaux lieux et s’opposer à certains défis en tentant d’organiser de tels événements.
D’après toi, quelles sont les principales différences et similitudes entre la techno française et allemande ?
Il est plutôt difficile, ces temps-ci, de déceler une différence entre les deux scènes. Lorsque j’écoute les productions de jeunes producteurs français, je suis incapable de dire s’ils viennent de Paris, de Berlin ou de l’Antarctique. Je veux dire, certains artistes disposent d’un style unique, et je les reconnais immédiatement, mais d’autres ne peuvent être réduits à une ville en particulier.
Parfois, il est difficile de trouver sa propre identité sonore et de ne pas ressembler aux autres.
Mais, pour moi, la scène techno actuelle dispose d’une certaine énergie qui lui permet de tenter certaines choses, et j’espère que les producteurs et les artistes font de même et prennent également des risques, pour ce qui est de la composition. J’essaye de le faire moi-même, d’évoluer à travers mes propres productions, mais parfois, il est difficile de trouver sa propre identité sonore et de ne pas ressembler aux autres.
Quand quelqu’un prononce ton nom (à Paris, du moins), les autres finissent toujours par dire “putain, ce mec est un boucher”. Es-tu conscient de cela ?
D’une certaine façon, j’imagine qu’ils ont raison, mais que penses-tu d’une telle réputation ? Ahh, ça sonne comme quelque chose de brutal. J’espère sincèrement que les gens ne me considèrent pas comme un boucher, dans le mauvais sens du terme. J’essaye à chaque fois d’instaurer un certain équilibre, d’insuffler une certaine dose de sensibilité dans mes mixes, parmi les tracks que je sélectionne.
Mais ouais, je pense avoir joué dans de nombreuses soirées techno de qualité à Paris, ces quatre dernières années, et ma définition d’une techno noire et équilibrée s’avère toujours dansante.
Tu es réputé pour tes puissants sets techno. Peut-on s’attendre, un jour, à un set ambient (ou quelque chose de plus doux, par exemple) de ta part ?
Bien sûr, j’aime toujours jouer ce genre de choses. Mais cela nécessite un environnement spécifique, et les bonnes personnes autour de moi. Si vous souhaitez écouter des sons relax, du drone, disposer d’une ambiance similaire, il vous faut être prêts pour cela, que vous soyez là pour écouter de la musique, danser ou mixer. Nous devrions essayer de créer cet univers-là.
Qu’est-ce que tu prévois pour la suite ?
Ces prochains mois, je ne ferai rien d’autre que tourner et produire de la musique. Mais pour mettre l’accent sur certains événements, je jouerai avec Dystopian et Divided Love à Paris le 23 octobre. Je serai aux côtés de Daniel Avery et de nombreux amis avec lesquels je travaille. Le 13 novembre, je participerai à l’une des dernières soirées 50Weapons, au Warehouse Project de Manchester. Le 20 novembre, nous organisons également une soirée Dystopian à Berlin… Et puis au mois de décembre, j’ai une surprise pour vous, il vous faudra patienter.
ENGLISH VERSION
What are your thoughts on the French techno scene these days?
Actually, I am still quite impressed by how Paris entered the techno world (again) with such quality and such positive energy. For me, it’s nice to see that there are sometimes more techno and house parties running than just in Berlin or London. Which, of course, is not always good when you have such massive competition in a city. But it also shows that people want to hear the music, see different locations and take on challenges in organising such events.
From your point of view, what are the main differences and similitudes between French and German techno?
These days, it’s actually hard to describe a difference. At least, when I hear a lot of your younger producers, I couldn’t even tell you if they are from Berlin, from Paris or from the Antarctica. I mean, there are some artists who have a unique style and I recognize them immediately, but that’s more to do with the artist and can’t be reduced to any city. But for me the current techno scene has an energy of trying things out, and I really hope that producers and artists also take more risks in producing. I also try to do it and grow with every one of my productions, but sometimes it’s hard not to sound like the rest and to find your own identity.
Did you know that, in Paris at least, whenever someone mentions your name, the reply goes something like “damn, that guy is a butcher!”? In some sense I suppose it’s true, but what do you think of this reputation?
In some sense I suppose it’s true, but what do you think of this reputation? Ahh, that sounds brutal. I really hope that people don’t think of me in a bad way as a butcher. Because I have always tried to be sensitive and balanced in my mixes and with my track selections. But yes, I think I have played a lot of good techno parties in Paris over the last 4 years, so my brand of dark and balanced techno is still a danceable one 🙂
You certainly are known for your powerful techno sets. Might it be possible to listen to an ambient set (or something softer) from Rodhad one day, for instance?
Sure, I still love to play that stuff. But it has to be the right environment and setting, actually also with the right people around me. If you want laidback sounds and ambience and drones, you have to be ready for that, as a listener, as a dancer, and as the DJ. We should try to create that world.
What’s next for you?
The next few months are full of touring and producing. But to point out some highlights: 23 October I am playing with DYSTOPIAN and DIVIDED LOVE in Paris. That’s together with Daniel Avery and a lot of the friends I work with. 13 November, I am playing one of the last 50WEAPONS parties in Manchester at Warehouse Project! 20 November, we’re doing our DYSTOPIAN party in Berlin… And then in December, well you’ll have to wait and see.