Rinse France a 3 ans : “La scène française avait besoin d’une radio comme ça”

Écrit par Smaël Bouaici
Le 07.02.2017, à 18h30
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Écrit par Smaël Bouaici
Petite sœur de Rinse FM – fameuse radio pirate (devenue officielle depuis 2010) qui a participé à l’essor du grime ou du dubstep outre-Manche –, Rinse France diffuse depuis trois ans sur le Web le meilleur des crews et DJ’s électronique hexagonaux.

Gilb’R, Lazare Hoche, Antinote, Teki Latex, Nick V, InFiné, Château Bruyant ou Booty Call viennent régulièrement passer des nouveaux disques dans le studio du 11e arrondissement. La station célèbre sa troisième année ce samedi 11 février avec un grand format à la Machine du Moulin rouge et un line-up éclectique, à l’image de sa grille de programmes, avec DJ Absurd, DJ Kesmo, Feadz, AZF, Betty, Teki Latex, Mad Rey, NSDOS, Myako ou Raphael Fragil. On a fait le point avec son fondateur Manaré Coly.

Trois ans après son lancement, comment se porte Rinse France ?

Le bilan est positif, il y a de plus en plus d’appels entrants, d’opportunités, de projets… Ça a été crescendo. Le déménagement avait un peu ralenti les choses mais on a mis les bouchées doubles, et on est agréablement surpris de voir comment le projet s’immisce dans le paysage des médias et de la musique électronique français.

La grille des programmes comprend les labels, DJ’s et collectifs parmi les plus intéressants du moment. Comment recrutes-tu ?

Je reçois beaucoup de demandes et la grille est en perpétuel mouvement. C’est ce qui est intéressant, ça montre que la scène bouge beaucoup. On aime bien comment les choses se font, certains partagent l’aventure pendant un certain temps, d’autres arrivent, souvent des jeunes, et on tient à pousser les plus petits collectifs, les nouvelles choses excitantes qui se passent. Tant qu’il y aura de nouveaux producteurs, notre mission sera toujours d’actualité.

L’idée au départ, c’était de rassembler et canaliser les forces de la musique électronique française. Mission accomplie ?

Un événement comme celui de samedi (avec des artistes aussi divers que Feadz, AZF ou Mad Rey) montre que l’on arrive à unir les forces. C’est gratifiant de voir que plein de DJ’s jouent le jeu en venant mixer avec d’autres artistes, qu’ils sont peut-être moins habitués à croiser, dans un contexte familial.

Quelles sont les perspectives de développement pour Rinse ?

On va faire beaucoup d’événementiel cette année, qu’il soit culturel ou festif. On commence tout doucement à songer à du management, à accompagner les artistes plus en profondeur. Rayon sorties : une deuxième compilation arrive au printemps et des sorties physiques à la fin de l’année – des white labels pour rester pertinents auprès de notre audience de DJ’s et de disquaires.

Est-ce que vous pensez à une fréquence FM, ou à la RNT (radio numérique terrestre), qui est en plein développement ?

Ce sont des choses auxquelles on réfléchit, mais ce sont des dossiers qui prennent du temps. On ne veut pas se lancer n’importe comment, donc pour le moment, on perfectionne ce qu’on a déjà, et on essaye de garder notre avance. Pour le moment, il y a plus de radios qui migrent de la FM au Web que l’inverse. On estime donc qu’on est en avance. Pareil pour la RNT, on est une petite équipe et on se concentre sur les projets qu’on a sur la table. Mais on garde ça en tête, et quand on le fera, on le fera bien.

Comment se porte l’audience de Rinse France ?

On ne communique pas sur les chiffres, mais l’audience est toujours en progression. Et au-delà des chiffres, on voit les attitudes des professionnels et du public changer. Il y a un an ou deux, les gens se demandaient : “C’est quoi Rinse ?” Aujourd’hui, c’est une évidence.

Quel est l’atout principal de Rinse dans le paysage audiovisuel français ?

D’être toujours à l’affût des nouvelles tendances. On écoute de la musique de manière active, on est toujours à repérer les derniers producteurs, les derniers crews ou labels. Souvent, quand tu vois un artiste monter dans le circuit des festivals, on l’aura eu à la radio avant. C’est plutôt encourageant, on tombe souvent juste. C’est important de garder cette avance et cette pertinence dans les musiques qu’on veut défendre.

Rinse France est arrivée avec des DJ’s et des disquaires à l’antenne, et s’est installée sur un créneau de défrichage délaissé par des radios comme Nova, notamment quand ils ont arrêté les résidences de DJ’s au début des années 2000. Il y avait une place à prendre ?

Beaucoup disent qu’on a repris le boulot que faisait Nova. Ils ont arrêté, peut-être parce qu’il y avait moins à dire, je ne sais pas. Il y a aussi eu une période où la musique électronique était moins populaire, et il n’y avait pas vraiment besoin du média radio alors qu’elle explosait sur Internet. Nous, on est tombé au moment où il se passait plein de choses, et ça continue, ça prolifère au niveau des scènes locales, que ce soit à Paris, Nantes, Marseille ou Lyon. La conjoncture fait qu’il y a besoin d’une plateforme comme la nôtre pour représenter tout ce qui se passe.

Quel retour as-tu de la maison mère, Rinse Angleterre ?

Ils sont très contents. On travaille de plus en plus main dans la main et ce sera plus visible dans les prochains mois, avec la refonte de notre site qui inclura plus de correspondances entre les deux plateformes. On fait de l’échange d’expertises, et de plus en plus au niveau artistique. Plus on avance, plus on se comprend, c’est très intéressant. 

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