Il faut avouer que la promesse était belle. Une nuit de fête au sommet du Col des Aravis, le sommet immaculé du Mont Blanc pour tout horizon, et pour réchauffer le chalet des Rhodos transformé en club, tout en haut, la house de Art Of Tones et Lazare Hoche.
Partir de Paris n’aura pas été compliqué.
À Annecy, les éléments nous ont fait comprendre que la suite n’allait pas être aussi simple. Si ici il pleut, on nous annonce dès notre descente du train que notre point de chute est déjà sous la neige.
Moins d’une heure plus tard, Thones puis La Clusaz derrière nous, le pilote de notre 4×4 attaque le dur. La route en épingles serrées glisse énormément et le brouillard limite notre champ de vision à quelques mètres seulement. Il est à peine 18h, et tout autour de nous, il fait déjà nuit. On croise les doigt pour que le car mis en place entre Annecy et le col puisse monter…
L’accueil par l’équipe de Collective est royal. Ici le dancefloor, le grand espace restaurant maintenant vidé de ses tables, au-dessus les chambres, super équipées et tout de bois vêtues, qui nous serviront de backstage (et de courte villégiature). Et partout, le nouveau système de sonorisation portable F1 Flexible Array, modèle 812 de Bose : au poil. La sono passe le test du mix bass music d’Antoine Buffard, patron de Trax, haut la main. Après avoir manuellement adapté les éclairages de la salle pour qu’ils arrêtent de vibrer sous les assauts des basses.
Une frugale assiette où le goût du reblochon local domine, il est bientôt l’heure de lancer les hostilités. C’est Antoine aka Calcium qui commence, en mode freestyle. “Ça fait une semaine que je me réserve pour cette soirée”, glisse Delphine, dynamique manager de la maison ce soir.
Dans une région où les fêtes techno sont encore un combat, la soirée est attendue.
L’impatience et l’inquiétude liée aux intempéries entament sérieusement nos réserves de cigarettes. Mais la neige a finalement cédé : la navette partie une heure plus tôt du bas de la vallée arrive enfin, et la salle s’emplie en un éclair. Le patron oscille entre morceaux breaks et house pour servir la suite de la soirée sur un plateau à l’ami Art Of Tones.
Art Of Tones
Aujourd’hui signé chez 20:20 Vision et Local Talk, le DJ producteur fait grimper le mercure. Sur ses envolées deep house très souriantes, on se rappelle que le désormais sudiste a déjà connu une période de gloire sous le nom de Llorka, à la belle époque de Fcom. Ce soir il entraîne dans son sillage un public quasi au complet, pendant que la chambre à l’étage connaît des émois que l’on élude ici.
Lazare Hoche est arrivé en cours de route. Un temps réfugié dans ses appartements, il y trouvera un sac de frappe qui lui tiendra lieu de warm up. C’est ainsi échauffé que le jeune génie de la house française prend en main la fin de soirée. Savant expert des synthés, collectionneur assidu de disques anciens, il sert sans faillir son savoir-faire house pour satisfaire les presque 200 personnes qui lui font face.
Lazare Hoche
Relevant le tout d’une note techno, le Parisien laisse en bout de course une foule exsangue qui déjà se disperse. Il n’est que 4h du matin mais ce sera suffisant. Le cadre du chalet, bien que transformé en lieu de danse éphémère, porte déjà les stigmates d’une nuit où l’on a beaucoup dansé, bien ri, et un peu bu…
Les plus coriaces patienteront jusqu’au petit matin, s’offrant la chance de voir apparaître derrière une vitre le sommet majestueux de Mont Blanc, en arrière-plan d’une vallée illuminée d’un soleil impeccable. En repartant, on se mord les doigts de n’avoir prévu un séjour plus long. Histoire d’avoir eu le temps de laisser quelques traces sur l’une de ces pentes qu’on regarde s’éloigner, l’œil vague et le visage bouffi.