Même le lendemain l’empreinte de ce live restait encore très forte. Nous revint alors en mémoire les mots du site Resident Advisor dans leur paragraphe qui justifiait de l’attribution (pour la troisième fois consécutive) de la plus haute marche du top 20 des live acts de l’année : “Il savait comment faire bouger un dancefloor, mais il le faisait d’une manière tellement non-conventionnelle.”
Son passage au Trianon il y a deux ans nous avait déjà fait comprendre cette phrase. On s’était fait la réflexion : comment le garçon arrive-t-il à envelopper un public dans un tel duvet sonore tout en lui faisant brandir le poing comme devant un solo d’Angus Young ou taper du pied à en faire trembler un Berghain ? En fait, avec la musique de Jaar il faut comprendre quelque chose qui s’applique également à The xx et à tous ces producteurs de musique minimaliste digne de ce nom : chaque beat est un cadeau.
Quand Jaar donne, Jaar reprend presque immédiatement, redéfinissant à chaque silence de l’importance des montées. Et lorsque, à titre d’exemple, il fait languir une salle bondée pendant parfois dix lancinantes minutes en échange d’une poignée de secondes de kick drum libérateur, ce n’est plus un simple coup de basse que l’on se prend dans le bide, c’est un uppercut de Mac Tyson. On peut carrément aller jusqu’à parler d’abstinence sonore, d’un magnifique bourreau qui décuple le plaisir exponentiellement. Couplez ceci à une justesse et une originalité artistique comme technique dont il ne cesse de relever le niveau à chaque nouveau projet (en solo comme avec Dave Harrington où même entouré de tous ses amis artistes au MoMa PS1), et vous ne serez qu’à quelques kilomètres encore du ressenti de son live.