En partenariat avec l’ISTS
Nous sommes des milliers à passer nos week-ends (et parfois nos soirs de semaine) à taper du pied devant des tables de mixage. Mais combien sommes-nous à savoir ce qui se passe dans ces machines ? Comment le son est produit, pourquoi il nous met dans cet état de transe ? C’est ce genre de questionnements qui pousse des centaines de bacheliers à s’inscrire chaque à l’année à l’Institut Supérieur des Techniques du Son à Paris, Nice, Rennes ou Bruxelles. En trois années de cours magistraux et de travaux pratiques, ils apprennent les techniques d’enregistrement, de mixage et de sonorisation. Cette pluridisciplinarité est primordiale pour David Azoulay. Le directeur de l’école nous reçoit dans son bureau du campus du quinzième arrondissement de Paris. « On cherche à transmettre à tout le monde un apprentissage complet. Les élèves commencent donc par un tronc commun les deux premières années, avec des bases techniques, mais aussi des cours d’histoire et de culture de la musique mais aussi de la physique appliquée, pour comprendre le fonctionnement des outils. Ils peuvent même prendre en option des cours de solfège, pour vraiment dialoguer avec les musiciens. Ce n’est qu’en troisième année que les étudiants se spécialisent en son musical, audiovisuel, radio, jeux vidéo ou sonorisation de concerts. »

Ces cours théoriques bien ficelés, c’est pour Léo Bellé ce qui fait la spécificité de l’ISTS. Sorti de l’école en juin dernier, il travaille aujourd’hui en stage dans un studio de musique à Paris. « Bien sûr, la formation technique a son importance. Mais je retiens surtout l’ouverture d’esprit que m’ont apportée ces trois années. Le cours qui m’a le plus marqué, c’est celui sur l’histoire de la musique qui allait de Bach au disco. J’ai aussi adoré le séminaire de “psycho acoustique”, sur tous les effets du son sur le cerveau, pour savoir comment manipuler les gens via des sonorités. En bref, on nous apprend à faire des choses, mais aussi à comprendre ce qu’on fait. »
« Des machines incroyables »
En parallèle, les élèves de l’ISTS passent le plus clair de leur temps dans la quinzaine de studios de l’école, notamment pour des travaux pratiques en groupe de 5 ou 6 personnes. Ils passent par les studios dédiés à la post-production sonore, le studio de mixage cinéma avec son écran géant, les studios d’enregistrement… Sur place, ils apprennent à manier des logiciels comme Pro Tools, Ableton Live, Digital Performer ou encore Logic Pro.

La qualité des machines, c’est ce qui a convaincu Arthur Galliot, 27 ans, de s’inscrire à l’ISTS en formation continue cette année. « Sur la brochure, il y avait un modèle de synthétiseur sorti il y a moins d’un an. Je me suis dit que c’était un gage de qualité, et j’ai eu raison ! » DJ et producteur sous l’alias Sentiments, Arthur a joué de Concrete à La Machine, en passant par le Sucre à Lyon. Il aimerait désormais travailler aussi dans des studios d’enregistrement. Une formation forcément complémentaire avec son activité de musicien. « Ça fait du bien d’avoir de vrais cours techniques précis, pour compléter ce que j’ai appris sur le tas. Et puis ici, on a des machines incroyables. Entre mes heures de cours, je vais mixer des morceaux, enregistrer des instruments… Dans un studio où le matériel coûte sept fois plus cher que toutes les machines que je possède chez moi. »
L’ISTS, c’est aussi un lieu pour rencontrer d’autres jeunes musiciens venus d’univers variés. Car beaucoup choisissent les métiers du son par passion de la musique. C’est l’occasion de partager, de jouer ensemble dans les studios disponibles tant que l’école est ouverte, entre 8 heures du matin et 22 heures. « À une période, je passais un peu ma vie à l’école, on organisait des jams entre élèves après les cours » se souvient dans un sourire Léo Bellé. « Je suis plutôt fan de rock anglo-saxon, mais ça m’a ouvert de nouveaux horizons. Entre les fans de rap, de métal et moi, ça donnait des sessions hyper éclectiques. »
Des César au Saturday Night Live
Pour valider tous leurs acquis, les étudiants en son passent, en fin de troisième année, par un exercice grandeur nature qui varie selon les spécialités et les ambitions de chacun. Certains groupes composent et produisent un single au format radio. À Paris, d’autres assurent la sonorisation d’une soirée au New Morning, une salle de concert privatisée pour l’occasion. Ceux qui se destinent au cinéma s’occupent de la sonorisation des courts métrages réalisés par les étudiants de l’ESRA, une école de cinéma hébergée dans les mêmes locaux.
La clé d’une professionnalisation réussie, ce sont aussi les stages, 16 semaines en tout sur les trois années de cursus. Pour trouver une place, on fait appel aux professeurs et surtout aux milliers d’anciens élèves qui travaillent dans le secteur. Après avoir validé leur diplôme, les élèves de l’ISTS ont la possibilité de s’envoler pour New York pour une année d’études supplémentaire dans une école américaine partenaire. Une occasion « de se frotter à la façon de travailler dans les studios américains », explique David Azoulay. C’est comme ça que depuis 2016, Raphael Ajuelos s’est retrouvé à gérer le mixage de l’une des émissions les plus connues au monde, le Saturday Night Live.
D’autres parcours d’anciens inspirent encore les étudiants de l’ISTS : Thomas le Vexier, membre du quatuor de DJ prodiges C2C, mais aussi Thibaut Javoy, ingénieur du son (entre autres) pour des albums de Tony Allen et Sébastien Tellier. La dernière grande fierté de l’école, c’est Damien Lazzerini, l’un des ingénieurs du son les plus doués cinéma français. Il a notamment participé au mixage des frères Sister de Jacques Audiard, César du meilleur son en 2019.

Au cours de centaines d’heures passées en studio, les étudiants de l’ISTS acquièrent une maîtrise du son qui passe aussi par les sensations. Léo Bellé ne l’a remarqué qu’à la fin de sa formation : son oreille elle-même a changé, comme un muscle qu’il aurait travaillé. « Maintenant, au quotidien, je perçois les sons avec beaucoup plus de précision. Quand je suis dans le métro, quand j’écoute de la musique… Tout est plus nuancé. En trois ans, ma perception de ce qui m’entoure a changé sans que je m’en rende compte. »
Pour s’inscrire à l’ISTS cette année, il n’est pas trop tard. Des places sont toujours disponibles pour une rentrée le 30 septembre. Les admissions se font sur concours avec un QCM de culture générale et un entretien de motivation.
Les dates sont à consulter sur le site de l’ISTS.