« Faut-il réoccuper la Maison du Peuple ? Faut-il rouvrir les squats ? Faut-il organiser une free party place Sainte-Anne ? ». C’est par ces questions, qu’elles soient pure provocation ou avertissement sérieux, que s’ouvre un communiqué signé par 57 acteurs de la scène rennaise et publié ce 20 décembre sur les réseaux sociaux. Collectifs de musique électronique, organisateurs d’événements, labels indépendants, tous s’insurgent contre les dynamiques urbaines en jeu actuellement à Rennes, qui, selon ces acteurs, tendent à une « muséification de son centre-ville » sous couvert de célébrer l’esprit “rock” de la ville.
Au nombre des griefs, la multiplication des fermetures de cafés-concerts, notamment du fait de l’imposition coûteuse de normes de sécurité et d’insonorisation ou de pressions des riverains qui obligent parfois les gérants à revendre leur établissement aux quelques barons s’accaparant le marché rennais des débits de boisson. À titre d’exemple, la désertification de la légendaire rue Saint-Michel, ou “rue de la soif”, attendant la gentrification par la mise en place de grandes enseignes. Ou l’iconique bar Le Chantier, obligé de réduire drastiquement sa proposition musicale après 25 ans de bons et loyaux services pour les musiques électroniques et la scène locale.
À ces menaces pesant sur les lieux existants, que prévoit pourtant de protéger une loi récemment adoptée par l’Assemblée nationale, il faut ajouter le verrouillage de tout renouvellement causé par « l’interdiction d’installation à moins de 50 mètres d’un autre établissement et le gel des créations de licence IV ». Autre exemple, La Belle et la Vilaine, club maudit qui n’a jamais pu voir ses portes ouvrir du fait d’une décision arbitraire de dernière minute.
Alors même que la mairie de Rennes confirmait ces derniers jours le projet de construction, estimé à 60 millions d’euros, d’un grande salle de concert d’une capacité de 10 000 personnes, dont le mode de gestion n’a d’ailleurs pas encore été décidé, les petites structures pointent du doigt l’hypocrisie des pouvoirs publics. Alors, pour se faire entendre, « Faut-il réoccuper la Maison du Peuple ? Faut-il rouvrir les squats ? Faut-il organiser une free party place Sainte-Anne ? »
Le texte intégral du communiqué est à retrouver ici.