Zoom sur le projet The Hybrid Project, un collectif français composé de passionnés d’arts numériques performant dans l’univers de la scénographie, du VJing et du mapping dans le monde du spectacle. Fondée en 2015 par Mathieu Palauqui, 28 ans, cette entreprise pluridisciplinaire réunit une douzaine de professionnels gravitant autour de différents corps de métier : motion design, construction, peinture, lumière, électronique et mapping. L’objectif étant d’avoir une activité verticale en « créant une équipe qui maîtrise toute la chaîne de production d’un décor, de l’idée du dessin à la conception 3D, à la fabrication, à la création de contenus, à la manière de jouer durant le live show », explique Mathieu.
Le mapping, c’est l’acte de déformer une vidéo pour qu’elle s’adapte à une surface physique. C’est créer un décor dans un univers 3D qui va coller parfaitement au monde réel.
Mathieu Palauqui

Mélange entre art visuel et numérique
L’exploitation d’une scénographie par l’intermédiaire du mapping et d’un VJ se retrouve aujourd’hui au cœur de la conception d’événements de musique électronique. Mais qu’est-ce que réellement un VJ (video jockey) ? « C’est quelqu’un qui a la compétence de jouer de la musique avec des images, au même titre que de la synesthésie. Idéalement un bon VJ devrait ou doit créer ses contenus, même si c’est aussi le fait d’être capable de travailler avec des vidéos de quelqu’un d’autre », éclaire Mathieu.
Artiste visuel, un VJ est présent pour sublimer la scénographie installée lors d’une soirée au moyen de ses créations graphiques numériques. Depuis quelques années, la technique du mapping vient enrichir la portée des projections classiques, couramment appelées “visu”. « Le mapping, c’est l’acte de déformer une vidéo pour qu’elle s’adapte à une surface physique. C’est créer un décor dans un univers 3D qui va coller parfaitement au monde réel », détaille le fondateur de The Hybrid Project.
De la conception au live show
Une des grandes spécificités de The Hybrid Project est de créer ses propres scénographies. « L’avantage c’est que l’on peut anticiper des mouvements ou des animations et une scénarisation pendant le live show », explique Mathieu. « Cela permet de faire un travail en amont sur le motion design et d’avoir du temps pour créer des médias pour exploiter la scénographie », contrairement à certains événements où les décors ont été produits et installés par d’autres équipes. De plus, sur la plupart de leurs prestations, The Hybrid Project amène ses propres techniciens lumière « pour être sur d’être en accord sur la manière de jouer avec le VJ », note Mathieu. « Ce qui est très important pour la cohérence entre la projection, les lights, les lasers, etc., afin de créer une harmonie visuelle ».

L’exemple parfait de cette conception de A à Z est celui de la collaboration avec le groupe de bass music français Dirtyphonics. « C’est un travail axé sur le motion design et la création de contenu adapté à un artiste spécifique. On lui crée un univers graphique adapté à sa propre identité », raconte Mathieu. « Cela permet notamment de suivre les artistes sur une tournée entière. Soit nous créons et installons notre scénographie, soit on s’adapte à la scénographie que le festival fournit », continue-t-il.
Le Hologram Show est un procédé qui permet, comme un tour de magie, de donner l’illusion de contenus flottants en 3D au-dessus du DJ.
Mathieu Palauqui
Hologram Show
Fortement reconnue dans le monde de la scénographie au titre international par leur travail qualitatif et professionnel, la team The Hybrid Project a déjà performé dans de nombreux festivals de grande envergure. À savoir, l’Universo Paralello au Brésil, le MoDem en Croatie et le Hadra en France, pour ce qui est des événements psytrance, mais aussi le Rampage en Belgique, l’incontournable Tomorrowland en Belgique ou encore le Sunburn en Inde. Plus récemment, The Hybrid Project s’est occupé de la scénographie du Delta Festival à Marseille. « C’était du gros œuvre. En quatre jours il a fallu créer des échafaudages et installer une voile en lycra sur 12m de haut et 1200m2 pour réaliser la canopée au-dessus du public », se remémore Mathieu.
La prouesse technique bien connue de The Hybrid Project est le fameux Hologram Show. Cette installation de 8m par 5m est « un procédé partagé avec la technologie d’Eric Prydz, qui consiste à projeter sur une surface transparente et qui permet, comme un tour de magie, de donner l’illusion de contenus flottants en 3D au-dessus du DJ », précise Mathieu. Notamment incrusté dans la scénographie de la scène alternative du Hadra en 2019, cela « permettait à deux VJs de jouer ensemble : un dans le décor et un dans l’hologramme », s’enthousiasme-t-il.
De nouveaux projets en perspective
Toujours à la recherche de nouveautés et de prouesses techniques numériques, The Hybrid Project mise actuellement sur le développement de la cinétique, de la robotique et du tracking. « C’est-à-dire les capteurs de mouvements interactifs pour faire interagir le public ou l’artiste directement avec ses décors. Je pense que c’est grâce à cela qu’on arrivera à franchir un autre pas dans la scénographie », se projette Mathieu. L’entreprise planche également sur l’organisation d’un festival d’arts numériques. « Le but est de faire découvrir aux jeunes, enfants et ado, comme aux étudiants, le monde de l’art numérique et donner envie et pousser les gens à explorer cet univers qui mélange l’art et le geekage », annonce-t-il en exclusivité.