Rencontre avec Joanna : divine diva inspirée par Björk, Yelle et Mylène Farmer

Écrit par Cécile Giraud
Photo de couverture : ©Emma Panchot
Le 15.03.2022, à 13h13
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©Emma Panchot
Écrit par Cécile Giraud
Photo de couverture : ©Emma Panchot
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Joanna est sans doute ce qui est arrivé de mieux à l’Eurovision. Certes, elle a perdu cette année face à un groupe d’électro rock un peu gênant, mais sa présence dans la compétition comme au Festival Chorus des Hauts-de-Seine prouve que la chanson française se porte comme un charme. Surtout quand on y ajoute de la trap, la divine influence de Björk et l’aura d’une star qui n’a déjà plus rien à prouver.

Quand en 2018, Joanna met en ligne son premier clip auto-produit “Séduction”, elle braque YouTube. La preuve : nombre de ses fans l’ont découverte en recommandation sur la plateforme, la vidéo s’étant retrouvée en top tendance pendant plusieurs semaines. Deux albums (Vénus en 2020, Sérotonine en 2021), une tournée avec Yelle et un feat avec Laylow plus tard, celle-ci culmine désormais plus 2 millions de vues. Depuis ce drop tombé du ciel, la Bretonne à frange orange continue de forcer les serrures du domaine de la chanson française, où se croisent de plus en plus d’artistes aux accents trap, rap, r’n’b, ou encore techno. Bref, tous ces sains additifs qui rendent le produit français bien plus appréciable qu’il y a une dizaine d’années. Et Joanna est le genre de femme à qui l’on a tout de suite envie de confier les clés du palais. Voici pourquoi.

Domino’s Diva

Tout commence à l’âge de six ans : le soir, sa mère invente des histoires au synthé et la fait danser dans le salon sur Mylène Farmer. Ce premier souvenir avec les touches noires et blanches la fait poursuivre son apprentissage du piano. Au collège, lassée du solfège, elle commence à composer ses propres morceaux pour échapper à la tristesse. Son père est gravement malade et fille unique, Joanna doit se consoler toute seule. Adolescence et conformité oblige, dans la campagne de Bain-de-Bretagne ou Saint-Malo-de-Phily (35), elle met de côté sa facette artistique et n’assume pas son attirance pour la musique, la mode et les arts visuels. 

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©Emma Panchot

Mais quand elle choisit l’option cinéma au bac puis qu’elle déménage à Rennes, tout s’éclaire : « À ce moment-là je me lie avec plein de gens incroyables, je vis tant de choses », raconte-t-elle aujourd’hui. « Mais je suis complexée de ne pas venir d’un milieu bourge et cultivé. » Au fur et à mesure, la candide fille de militaire se « fait une petite culture » tout en travaillant à Domino’s Pizza. Les rencontres fortuites, un éveil féministe et le besoin abyssal de créer la propulse : « Je découvre également les affres du patriarcat. Jusqu’ici, j’avais toujours été une personne assez passive. Tout a changé quand j’ai reçu la prod de “Séduction” : j’ai écrit le morceau et le clip en une soirée », se souvient-elle.

Yelle ou Björk, pourquoi choisir 

Quelques mois plus tard, cette énergie nouvelle se meut dans la confection de son propre label, Joanna Club. Ses skills en vidéos et en écriture lui confèrent une vision artistique précoce et la capacité de délivrer des clips léchés. Mais c’est définitivement lors de sa tournée en première partie de Yelle que Joanna peaufine son plan d’action : « Pour moi Yelle, c’est le meilleur projet français. J’ai rencontré l’équipe très tôt dans ma carrière, genre un mois après la sortie de “Séduction”. Cela m’a permis de tremper dans l’industrie de la musique et de comprendre à quel point il est important que j’aie mon indépendance. Je veux rester propriétaire de ma musique », assure-t-elle. Par ailleurs, cette proximité avec Yelle se ressent dans le dernier single, “Navigateure”. Un track aussi intime que fédérateur, présenté à Eurovision France pas plus tard que la semaine dernière. « Oh my god ! Sacrée expérience », commente-t-elle. « J’ai dû rester moi-même tout en étant dans un cadre très étranger au mien. Les personnes du casting ont placé beaucoup d’espoir dans ma candidature en espérant pouvoir changer les choses… Mais c’est toujours les mêmes genres de projets qui émergent »… poke Alvan & Ahez. 

Je veux que les gens chantent mes chansons.

Cette vision artistique bien vissée teinte l’aura de Joanna. Elle n’a pas 25 ans qu’elle ne s’excuse jamais d’exister. Une présence insaisissable, fragile et violente, comparable à celle de Björk. Et ce n’est pas un hasard : Joanna en est une fan inconditionnelle. « J’ai découvert Bjork avec “Venus as a boy” assez tard, je devais être en première. J’ai eu l’impression d’écouter enfin tout ce que j’avais toujours rêvé faire. Évidemment, quand j’ai écouté le morceau “Joga” [issu de l’album Homogenic, 1997, ndlr], j’ai pété un câble. C’était sacré, c’était mystique. Elle a toujours eu 10 ans d’avance ! Elle est un condensé de tout ce que je me sens être. J’admire sa voix, sa manière d’écrire, son style… » Joanna n’a pas les mots, tant la star Islandaise accompagne ses créations au quotidien. Le comble, pour une artiste accordant autant d’importance aux paroles des chansons. En effet, certains de ses clips comportent les lyrics et invitent au karaoké : « C’est hyper important. Mylène Farmer par exemple, j’ai vraiment compris ses chansons en ayant les paroles sous les yeux. Je veux que les gens chantent les miennes. C’est toujours très fort en concert, quand le public chante avec toi. »

Il en aura d’ailleurs l’occasion lors du Festival Chorus des Hauts-de-Seine, qui a lieu du 6 au 10 avril à la Seine Musicale. Toutes les informations, la programmation complète et la billetterie sont à retrouver sur le site internet et la page Facebook de l’évènement.

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