Transdialectale et transcendante. C’est ainsi que Dua Saleh décrit sa musique. Parfois, iel utilise aussi l’expression « pop trans-interdimensionnelle », inventée par ses soins grâce à son approche unique des mots. Une chose est sûre : partout où iel passe, que ce soit dans ses chansons, ses poèmes ou à la télévision, Dua Saleh offre quelque chose de nouveau, une fraîcheur qui sent bon le futur. Bienvenue dans un univers hypnotisant où s’entremêlent poésie, hyperpop alternative, afro futuriste et voix magnétiques.
Se sentir libre
Dua est avant toute chose poète.sse : iel écrit des poèmes depuis l’âge de 4 ans, fortement influencé.e par la culture dans laquelle iel baigne depuis toujours. « J’ai grandi dans une maison soudanaise et en Afrique de l’Est on a une connexion très forte à la poésie, au spoken word et à l’oration en général. » Après être né.e au Soudan, avoir vécu quelques années en Érythrée puis avoir déménagé une quinzaine de fois, Dua Saleh pose ses valises à Saint Paul, capitale du Minnesota, où iel grandit avec sa famille et rejoint les milieux militants, notamment des communautés queer et trans. Là-bas, sa passion prend forme et s’intensifie, portée par la très riche scène underground et poétique de Saint Paul et de Minneapolis. Au fil des années, Dua se fait un nom dans le milieu des open mic et sa poésie percutante commence à attirer l’attention. Mais c’est lorsqu’iel se met à la musique, pendant des périodes de doutes et d’angoisse lors de ses années fac, que Dua prend conscience de son potentiel et de la façon dont iel parvient à toucher le public avec ses mots, ses chansons et sa voix. Iel se fait remarquer par des producteurs locaux, notamment Psymun, qui a alors déjà travaillé avec Future, Young Thug et The Weeknd et produira son premier EP.
Nūr sort en 2019, suivi de ROSETTA l’année suivante puis de Crossover, son dernier EP paru en octobre 2021, une bombe sonore et sensorielle aux inspirations afrobeat, hyperpop, r’n’b et électroniques. Avec ce projet, co-produit par ses soins, Dua entre dans la cour des grands et peaufine son identité musicale, cherchant cette fois-ci à véhiculer un message majeur : faire danser les gens à tout prix, après des confinements enchaînés à l’infini. « Il y a beaucoup de tristesse, de deuil, de douleur et de solitude que je ressens dans le monde en général. Et je voulais apporter de la joie et du mouvement, je voulais que les gens puissent danser et se sentir libres et je pense que le meilleur moyen pour y parvenir c’est la dance music, la house music, l’afro rave music, l’afro pop, le r&b et l’hyperpop. » Sur l’EP, Dua Saleh collabore avec certains des talents émergents les plus notables des scènes rap et afropop underground, à l’image du titre explosif “fitt” en featuring avec l’artiste ghanéenne Amaarae, du vibrant “tic tic” avec le rappeur barbadien-américain Haleek Maul et du tube hyperpop “fav flav” en duo avec DUCKWRTH. Crossover est un projet qui évoque différents types de transitions que Dua Saleh a vécues, mais, fidèle à ses racines poétiques, les paroles de l’artiste sont parfois indéchiffrables. « Parfois ma façon de jouer avec les mots est too much », admet-iel. « J’essaie de trouver une façon de rendre mes paroles plus accessibles. Je veux juste tisser des liens avec les gens, avec mes fans. Être aussi honnête et simple avec mes mots que possible tout en restant fidèle à ma narrative, parce que je pense que c’est la chose la plus importante dans l’art. »
Netflix & poésie
Si ses premiers projets se font rapidement remarquer, c’est après avoir été casté.e pour jouer le personnage de Carl – qui, comme iel, est non-binaire – dans la saison 3 de Sex Education que les projecteurs se virent tous d’un coup sur Dua Saleh. Ultra populaire, notamment auprès des jeunes, la série britannique est l’un des plus gros succès de Netflix et Dua Saleh conquiert le cœur du grand public du jour au lendemain. Une hyper visibilité soudaine et inattendue pour quelqu’un qui, jusqu’à peu, évoluait principalement au sein de la scène artistique underground de Minneapolis. « C’était très random », s’amuse aujourd’hui l’artiste. « Je ne sais pas du tout comment ils m’ont trouvé.e. Mais je ressens beaucoup de gratitude, je suis très reconnaissant.e de faire partie de ça. » Concernant ses projets futurs, Dua Saleh se voit continuer la comédie, mais la musique reste prioritaire. Inspiré.e par ses idoles Stevie Wonder, Beyoncé, Björk et Lil Wayne, Dua trace un chemin innovant, parsemé d’expérimentations musicales et paroles incisives, et ouvre la porte à une nouvelle génération d’artistes en devenir. On a hâte de voir ce que l’avenir lui réserve.
Dua Saleh sera en concert au Hasard Ludique à Paris le mardi 5 juillet prochain. Prenez votre place juste ici.