Qui est quinzequinze, ce collectif qui marie avec brio musiques polynésiennes et dance music

Écrit par Erwan Lecoup
Photo de couverture : ©Rémy Golinelli
Le 03.03.2020, à 15h47
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©Rémy Golinelli
Écrit par Erwan Lecoup
Photo de couverture : ©Rémy Golinelli
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Entre inspirations traditionnelles polynésiennes, design visuel et musique électronique, le collectif quinzequinze ne cesse de surprendre par sa créativité. Le groupe donnera une représentation live le 6 mars prochain à la Gaîté Lyrique, dans le cadre des Inrocks Festival. Une bonne occasion d’en apprendre un peu plus sur leurs motivations et manières de faire atypiques.

À leur rencontre, qui remonte en 2013 sur les bancs de l’École Supérieure Art et Design d’Amiens (ESAD), les membres du collectif quinzequine s’étaient fixé l’objectif de réaliser une production audiovisuelle tous les quinze jours. Soit une cinquantaine de morceaux créés durant leur deux première années de collaboration. Le collectif s’est ainsi ramifié en side-projects personnels, mais aussi en duos et en trios, tels que La Luge, Violin Rape ou John PDF. « Un de ces sous-groupes prenait ponctuellement la direction d’un projet, permettant de laisser du temps aux autres de construire et penser aux suivants », relate Tsi Min, chanteur et instrumentiste de quinzequinze. Sortant de l’ESAD, le petit groupe souhaitait de la sorte « avoir la main mise sur l’intégralité de la création visuelle et musicale, dans l’objectif de pratiquer les connaissances acquises à l’école, tout en se donnant un rythme soutenu de production en interne ».

Influences polynésiennes traditionnelles et MAO

Actif de ses créations depuis bientôt sept ans, le groupe en tant que tel a commencé à se produire et à proposer des représentations en live il y a maintenant trois ans. Composé de deux Polynésiens originaires de Tahiti, Tsi Min et Ennio, ainsi que de trois Parisien·ne·s, Julia, Marvin et son frère Robin, les influences du groupe naviguent entre musique traditionnelle de Tahiti et rythmes latino en provenance d’Uruguay, le tout lié par les outils électroniques modernes sur lesquels s’appuient les jeunes artistes.

Ces dernières années, la troupe a notamment écumé les petites salles et bars parisiens, navigué entre le Portugal et la Belgique, ponctuant par quelques concerts le territoire français. Le plus louable à leur actif est celui de la Biennale d’art de Venise, au Pavillon français de Paris en novembre 2017, investi pour l’occasion par le plasticien Xavier Veilhan.

En live comme en studio, leurs créations originales s’articulent autour du steel drum (tambour d’acier) de Robin, le synthétiseur de Marvin et la basse d’Ennio, pendant que Julia et Tsi Min s’occupent de la partie MAO. Les percussions et les voix sont partagées en leur sein, à tour de rôle ou à l’unisson. Les vocaux sont grandement inspirés des chants polyphoniques (à plusieurs voix), issues des transmissions orales qui retranscrivent beaucoup de légendes et d’interprétations, se répandant allégrement dans les populations insulaires des nombreux archipels. « Appelés Himene Tarava, ces chants sont les racines de notre projet. On s’en sert pour raconter des histoires et avoir une narration qui prend beaucoup le pas sur le style musical à proprement dit », explique Tsi Min.

Un premier EP, Nevaneva

Le 24 octobre 2018, quinzequinze a officiellement sorti son premier EP Nevaneva, sous forme d’un vidéo-clip d’une durée de 15 minutes, produit par Katlas. « Nous avions l’idée du scénario pour ensuite créer le projet musical en plusieurs fois, afin de donner cet EP final, en étroite collaboration avec notre ami réalisateur Clément Milot », détaille Tsi Min. La plupart des plans ont été filmés en Islande, avec notamment la célèbre épave de l’avion cadavérique, un Super DC-3/C-117 de l’armée américaine crashé en 1973 durant la guerre froide. Ce court-métrage, grandement agrémenté d’effets visuels, met en avant un protagoniste en constante course, « fuyant quelque chose dont il a visiblement peur, pour au final se rendre compte que ça ne sert à rien de lutter. Une manière d’expliquer qu’il faut entrer en harmonie avec son sort et l’embrasser ».

L’univers musical de Nevaneva retranscrit à merveille les sonorités îliennes de Tahiti. Notamment grâce à l’utilisation d’instruments à vent – comme des flûtes qu’ils ont fabriquées – et à cordes, mais aussi de percussions comme le To’ere, de grosses cloches en bois aux origines polynésiennes. « On a créé une banque de son et de samples qui nous était propre, pour ensuite piocher à l’intérieur » et les jouer en live grâce à des contrôleurs MIDI, comme un Ableton Push.

Le collectif a sorti un nouveau morceau le 20 février dernier, accompagné d’un clip le filmant en performance live. Intitulé “Palissandre”, celui-ci prouve leur aisance à jongler entre différentes influences, adaptant le style musical selon la transmission souhaitée et l’énergie recherchée. Sans vouloir se mettre dans des cases, quinzequinze part « d’un esprit rock psychédélique, à un genre de hip-hop un peu perché ». Le tout pieds nus et paré de tenue de danse traditionnelle tahitienne.

Le groupe quinzequinze est à retrouver à la Gaîté Lyrique le 6 mars prochain dans le cadre du festival Les Inrocks. Toutes les informations sur l’événement sont à retrouver sur le site Internet de la Gaîté Lyrique.

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