Qui est Élise Massoni, jeune talent signée par François X ou Simo Cell qui renverse Paris, Berlin et Shanghaï ?

Écrit par Cécile Giraud
Photo de couverture : ©Victor Malecot
Le 30.08.2021, à 18h03
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©Victor Malecot
Écrit par Cécile Giraud
Photo de couverture : ©Victor Malecot
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On vous avait prévenus, le line up du Peacock Society Festival fait trembler le parc de Choisy cette année. Si de grands noms font trépigner les plus impatient·e·s, les petits nouveaux n’ont à rougir devant personne. Et s’il y en a une qui nous fait pâlir, c’est bien Élise Massoni.

Quand on écoute parler Élise Massoni, on croit entendre un léger accent. Alors, on lui fait la remarque. « Pas du tout », rétorque l’artiste corse ayant grandi en région parisienne et vécu cinq ans à Shanghaï. « Tout le monde me dit ça. En fait, je crois que je ne peux pas m’empêcher d’imiter les intonations des personnes que je rencontre. » Un aveu pas si étonnant. Car à l’observer, on peut comprendre pourquoi elle s’empreigne si vite du monde qui l’entoure. Elle est vaporeuse comme une délicieuse eau pétillante. Ça part vite dans les airs : elle finit rarement ses phrases mais les conclusions sont toujours teintées d’une grande sensibilité. Une sensibilité qui la fait avancer dans la vie en emportant tout sur son passage. 

Le plafond de seum

Un peu comme ses tracks : insaisissables mais profondément poreux. « J’ai demandé à mes bestas de décrire ma musique. Ils m’ont répondu : “poétique lyrique charmeuse envoutante”. J’ai dit « sympa ». Mais bref en terme de style, on est arrivés à edgy et contemporary techno. Le mot techno est employé trop largement de toute façon… Évidemment mon EP sur le label TemeT a un côté plus experimental/downtempo mais ça ne définit pas toute ma musique. » Mais alors, pourquoi poreuse ? Parce qu’Élise s’inspire de tout pour produire. Certaines créations sont même le fruit des aléas de la vie, jusque dans leur composition finale: 

L’histoire remonte à novembre 2018, quand “(9_9) 4 romantics” voit le jour. « C’est un track que j’ai fait lors d’une année ultra ghetto. Six mois avant, je me faisais cambrioler, on m’avait volé mon ordi, j’avais tout perdu. Je vivais entre la Corse et Berlin et j’étais revenue à Paris pour de bon », se remémore-t-elle. Pour la dépanner, on lui prête un studio miteux donnant sur une petite cour bétonnée sans lumière. Elle se cale là avec une chaise en plastique, l’ordi sur les genoux. Et le morceau prend vie. « Puis je repars à Berlin chercher des affaires. À mon retour, on me re-cambriole et on me re-vole mon ordi. » Ainsi soit-il, Élise finit par récupérer le morceau sur son cloud mais ne peut plus le modifier. « C’est à ce moment-là que j’ai dépassé le plafond de seum. Je pouvais plus rien faire, la track était finie. Rien à foutre. »

“Pyjama sur chaise”, nature morte, 2018

De cette expérience, la Corse en garde un souvenir drôle et tente d’être plus organisée aujourd’hui… mais ça ne semble pas être gagné. Quand on ne la cambriole pas deux fois dans l’année, Élise aime composer dans les trains, les aéroports, les gares… Tous ces lieux de transits entre deux univers. « J’aime commencer mes morceaux à l’arrache », expose-t-elle. « Malgré le bruit, ces lieux m’aident à me concentrer. Peut être qu’un jour j’arriverai à me lever le matin, prendre une douche et partir travailler à mon studio – si un jour j’en ai un –. Pour le moment, j’aime travailler en pyjama. » 

Influencée aussi bien par la complexité des grands classiques (Marc Bell, Bjork, AFX, Krafterwerk, Juan Atkins) que la fraîcheur et la vision d’artistes plus récents (Amnesia Scanner, Arca, Hajj, François X, PTU), la productrice puise dans sa formation musicale pour composer. Petite, elle veut tout faire comme sa meilleure copine, sauf la danse classique. Ce sera donc le solfège au conservatoire. Bonne pioche. Elle choisit la guitare, car selon ses parents « la flûte à bec n’existe pas ».

L’instrument la suivra jusqu’à ses 18 ans, avec Radio FG dans les oreilles. Grâce à quoi elle vivra ses premiers émois house et prendra le relais avec, entre autres, les compiles et mixes de The Hacker ou Miss Kittin. Un jour de 2010, Élise est lassée de la scène électronique parisienne : « je tournais en rond, je n’écoutais pas de techno, je ne voyais pas ce qu’il se passait à part Ed Banger et Institube. Donc je suis partie à Shanghaï. Je devais y rester six mois, je suis revenue 5 ans plus tard ». 

Shanghaï à toute allure

Pendant ces années, elle se fait une bande d’ami·e·s et rejoint  un crew de DJs. Ils tournent beaucoup en Chine en live PA ou en b2b2b pour trois francs six sous. « Ça n’a jamais rapporté beaucoup mais c’était super enrichissant, j’ai appris énormément. J’ai pu m’en sortir en faisant des résidences et j’ai mixé un peu partout dans le pays, à Hong Kong ou au Vietnam […] C’était très intense ! ». 

Entre Berlin et Paris, Élise sort un EP sur Man Band et rencontre le collectif Fusion mes couilles et toute la clique d’Emma DJ via Toma Kami. Par ce biais, elle se rapproche de François X et travaille aujourd’hui avec son label XXLab. La suite, on la connaît. Elle a sorti cet été son EP 2 titres Straight is a Lie sur le label de Simo Cell TemeT, à choper tout de suite sur Bandcamp et à voir en live au festival Peacock Society ce dimanche 5 septembre.

Toutes les informations et la billetterie du festival sont à retrouver sur le site internet et la page Facebook de l’évènement

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