Architecte de formation, Ion Cotenescu alias COTE a grandi dans la culture PC des années 90, dans une Roumanie tout juste libérée du joug de Ceaușescu. Un style graphique bien particulier, où le pixel saturé est roi, et qui influence son travail encore aujourd’hui. Une inspiration qu’il mélange avec une appréhension personnelle de la création géométrique et des formes, dont il aime étudier le processus. COTE ne cache pas non plus s’inspirer des créations de ses pairs, dont le Web fourmille.
Aujourd’hui, le Roumain réalise ses oeuvres grâce à la programmation visuelle, ou encore la réalité augmentée. C’est ce qu’il exprime lors de ses performances live. Mais ce qu’il recherche par-dessus tout, c’est le plaisir des yeux, l’art du “eye candy”, qui se définit comme “quelque chose de purement esthétique et plaisant, au niveau des sens”. Tout ça en fonction de ses humeurs du jour, ou de la nuit.
Arapu, Mantra Collective au Vivid Sydney
COTE s’est vite trouvé des atomes crochus avec les soirées de musiques électroniques. Ce type d’évènement, qui peut durer de longues heures, est le terrain de jeu idéal pour ses compositions mutantes. Cependant, il ne se méprend pas sur sa fonction. Lorsqu’on lui demande si le métier de VJ est au moins aussi important que celui de DJ, le performeur répond sans détour : “Non, la musique rassemble les gens mais les visuels sont seulement agréables à avoir.”
neüf moments from ion cotenescu on Vimeo.
La rencontre avec ses compatriotes du RPR Soundsystem s’est opérée en 2007, via Dreamrec, VJ officiel du groupe. lorsque ce dernier l’invite à jouer au club Session. Depuis, RPR et COTE ne se quittent plus et travaillent régulièrement ensemble, notamment lors du Sunrise et du Ourown. Une collaboration bénéfique pour tout le monde puisque le collectif profite de l’habillage du VJ, tandis que celui-ci se tisse un réseau toujours plus vaste au sein du monde de la musique électronique.
Ricardo Villalobos & Raresh au Sinaia Casino – avec Dreamrec
Alors que beaucoup voient la Roumanie comme le nouvel eldorado de la fête, avec cette génération de DJ’s surdoués, COTE se sent fier de participer à cette avancée. “La Roumanie des années 90 était vide de cette scène électronique qu’il y avait à l’Ouest. On a donc eu la chance de pouvoir rattraper notre retard sur ce modèle, à notre manière.”
Pour ce graphiste dans l’âme, ce nouveau souffle est présent dans d’autres sphères culturelles du pays : “Je vois des similarités entre le cinéma roumain et la musique électronique de cette dernière décennie, et probablement avec d’autres formes d’art également.” Avant de prévenir : “Quand vous avez quelque chose de nouveau, vous le traitez avec soin et respect, vous ne le considérez jamais comme acquis.” Avec ce genre de mentalité, nul doute que les artistes roumains n’ont pas fini de nous surprendre.
bridge from ion cotenescu on Vimeo.