« La technologie est intrinsèquement psychédélique puisqu’elle étend l’esprit », explique Jose Montemayor Alba, confondateur de la Cyberdelic Society. Pour cet artiste, l’avenir de l’humain passe avec le développement de nouveaux outils de création numérique, comme la VR, en parallèle avec la prise de drogues hallucinogènes. Le cyberlisme, cette sous-culture qui prend autant ses racines dans la Silicon Valley des années 65-75 que dans le roman cyberpunk Neuromancer de William Gibson, n’a rien d’un mouvement récréatif. C’est avant tout une recherche spirituelle et artistique visant à explorer le monde sous un autre jour. Grandement influencée par le psychédélisme, elle reste une façon d’approcher et d’étendre les limites de la perception humaine, afin de toucher un monde invisible grâce aux outils que sont les drogues et la technologie.
Les “psychonautes”, comme ils se définissent, forment des communautés de passionnés par des sujets comme l’intelligence artificielle, le cyberespace ou l’impact thérapeutique des drogues psychotropes tel que le LSD. Mais c’est via le développement d’Internet dans les années 1990 que le cyberdélisme va devenir un mouvement tissant ses propres frontières. Ses adeptes se feront appeler “zippies”, un terme défini par Fraser Clark – fondateur du magazine indépendant Encyclopédia Psychedelica – comme « quelqu’un qui a équilibré ses hémisphères pour atteindre la fusion entre le technologique et le spirituel ». Ces zippies seraient en quelque sorte le fruit de la rencontre de la culture des deux Summer of love, les hippies et les raveurs.
Le mouvement se développe aujourd’hui : « les technologies sont de plus en plus puissantes, la crise écologique prouve que d’autres modèles de société sont nécessaires ; après plusieurs décennies d’obscurantisme la science s’ouvre de nouveau à l’études des psychédéliques », explique Matt Black, pionnier psychonaute, moitié du duo Coldcut et co-fondateur du label Ninja Tune. Mais le cyberdélisme n’est pas un mouvement uni, comme le prouve le travail Christian Duka, un artiste sonore 3D, ancien membre de la Cyberdelic Society ayant décidé d’explorer les limites de la perception sonore de son côté. Son travail se base sur une approche plus crue et viscérale avec un pièce immersive sur la douleur.
Le numéro 223 de Trax Magazine consacre justement ses pages au cyberdélisme, et revient sur plusieurs expériences dans le détail, en donnant la parole à certains de ses plus grands théoriciens.
Le numéro 223 de Trax Magazine est toujours disponible en kiosques et sur le store en ligne.