Quand Manu le Malin et le boss du tatouage Tin-Tin parlent premières raves et biomécanique

Écrit par Trax Magazine
Photo de couverture : ©D.R. / Thomas Krauss pour le portrait de Tin-Tin
Le 26.12.2018, à 10h01
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©D.R. / Thomas Krauss pour le portrait de Tin-Tin
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L’un est le DJ phare du hardcore en France, l’autre est le tatoueur le plus connu du pays. Manu Le Malin et Tin-Tin sont potes de longue date, réunis par la passion de la musique et surtout celle du tatouage. Biomécanique, teufs Fantom, évolution du milieu… On a discuté avec deux maîtres dans leur art respectif.


En partenariat avec 8.6
Propos recueillis par Brice Miclet.

Vous avez tous les deux bien connu le milieu des premières raves en France, au début des années 1990. Le tatouage avait-il une place importante dans ce mouvement à l’époque ?

Manu Le Malin : À l’époque des premières raves, j’avais déjà pas mal de tatouages. Dans la société des années 1990, ça n’était pas aussi ancré qu’aujourd’hui. Le rapport au tatouage qu’il pouvait y avoir en France était le même dans les raves ou dans d’autres milieux, il n’y avait pas tant de gens tatoués que ça. Alors, quand je dis tatoués, je parle de vraies pièces, pas d’un papillon à la cheville.

Tin-Tin : Il n’y avait pas d’esthétique particulière. C’était des individus qui se faisaient tatouer en fonction de leur personnalité. Il y avait quand même pas mal de biomécanique dans le milieu électronique. Ça ne se fait plus trop aujourd’hui d’ailleurs. Les milieux musicaux suivent les modes des tatoueurs plutôt que l’inverse. Ça me semble logique : ce sont les tatoueurs qui initient des tendances et des styles plutôt que les musiciens.

Manu Le Malin : En fait, la culture rave était naissante, donc l’appartenance était déjà là, y participer était un acte fort en soi. Le tatouage ne rentrait pas en compte. Aujourd’hui, c’est un peu plus le cas. On voit des types se faire tatouer des logos de labels, des noms de DJ’s… En Hollande par exemple, tu verras pas mal de mecs avec des tatouages de Thunderdome, de tel label de Rotterdam, parce que la scène est solide là-bas depuis toujours et qu’elle a ce côté tribal.

Comment êtes-vous devenus potes ?

Tin-Tin : J’ai l’impression d’avoir toujours connu Manu. Il était dans le tatouage avant de faire de la techno, on s’est rencontré dans ce milieu. Je le connaissais donc bien avant qu’il ne devienne un DJ important. J’ai toujours fréquenté beaucoup de milieux à la fois. J’ai fait plein de soirées dans les années 1990, on prenait pas mal de came à l’époque, alors je ne me souviens pas exactement lesquelles (rires). J’ai fait les Fantom en tout cas, les premières raves. Je fréquentais beaucoup Sextoy, Manu ou Lenny Dee. Le tatouage a une place importante chez beaucoup de DJ’s. J’en ai tatoué plein, Manu notamment, mais aussi Sextoy, DJ Tonio, Jennifer Cardini… J’en ai fait tellement… Je tatouais souvent des platines, des scènes de scratch, des vinyles…

Manu Le Malin : Mes tatouages biomécaniques, ça m’est venu avant la techno. Ils ne sont pas forcément en relation directe avec ma musique, ou à ce que je pouvais aimer au début des années 1990. Mais il est vrai qu’au fur et à mesure, une esthétique prend le dessus chez certains acteurs de la scène hardcore. La biomécanique en fait partie. Mon principal tatouage, c’est Tin-Tin qui l’a fait. Il est aussi un maître dans son art. Quand je suis arrivé chez lui, je voulais qu’il me fasse l’intérieur du bras et je suis ressorti avec les côtes tatouées. Il a travaillé selon mon anatomie. Je suis un peu maigrichon et il a mis ça en avant. Ça me ressemble, ça me caractérise. Savoir ce qui convient pour quelqu’un sans que celui-ci ne le sache forcément, c’est ce qui fait un grand tatoueur. Et quand ton pote est l’un des meilleurs, tu y vas les yeux fermés.

Tin-Tin, t’arrivait-il de faire d’autres tatouages de type biomécanique ?

Tin-Tin : Oui, ça faisait partie du style de l’époque. C’est ce que voulait Manu, il était très influencé par l’univers de Giger, il en connaît un rayon là-dessus.

Manu Le Malin : Giger, c’est un tout. Il ne faut pas que les gens s’arrêtent à Alien. La majorité des gens le connaissent via cela, mais ça va beaucoup plus loin, il n’est pas juste le créateur d’un monstre de cinéma qui fait peur. Il y a une esthétique avec une véritable pensée. Il était musicien, peintre… Giger, c’est le maître.

Aujourd’hui, on voit des tatoueurs installer leur stand en club, en soirée, en festival… Qu’est-ce que ça vous inspire ?

Manu Le Malin : Il y a cinquante piges, tu rentrais dans un bar avec tes potes, tu ressortais avec le nom d’une gonzesse tatoué sur le bras et trois jours après tu ne savais plus qui était cette meuf. Bon, chacun fait ce qu’il veut. Aujourd’hui on voit des mecs de 18 ans qui, sans avoir aucune pièce ailleurs, se tatouent sur la main ou dans le cou. Mon deuxième tatouage, c’était dans le cou et on me regardait comme un fou à l’époque, à la fin des années 1980. Je travaillais dans la restauration, ça avait été très compliqué.

Tin-Tin : Ça peut être bien fait, mais il faut faire très attention aux règles d’hygiène. Quand tu vas faire le con avec tes potes, c’est pas aux tatouages qu’il faut penser en priorité à mon avis. Il faut être reposé, ça fait mal… Et puis ça dépend du tatouage, et surtout du tatoueur. Je pense que les bons tatoueurs ont trop de boulot pour faire ce genre d’événements. Mais les temps changent et il vaut peut-être mieux refréner la pratique sauvage du tatouage plutôt que l’encourager.

Fondateur du Mondial du Tatouage, qui se tiendra à Paris du 15 au 17 février 2019, Tin-Tin a collaboré avec 8.6, marque de bière de caractère engagée dans l’univers du tatouage, en réimaginant le design de la canette 8.6 Original pour une édition collector en hommage au tatouage.

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