Dans un entretien accordé au magazine NME, David Dewaele (moitié de 2ManyDJs et co-fondateur de Soulwax) s’en est pris aux divers facteurs qui affectent, selon lui, la vie nocturne de nombreuses villes européennes. En première ligne, les limitations de volume (avec l’exemple des clubs suisses, dont le niveau sonore est limité à 99dB), les fermetures anticipées de certains clubs et l’attitude d’une poignée de DJs, plus intéressés par leur statut que par la qualité des sound systems.
Le producteur belge affirmait, à ce sujet : “En Europe, certaines limitations sonores sont totalement absurdes. Il est évident que les meilleurs clubs pourront s’en sortir autrement, mais tous ces contrôles affectent peu à peu l’expérience du club et le plaisir qu’on peut en retirer. J’ai remarqué une chose, en nous rendant au UK ces 15 dernières années : au départ, on prêtait vraiment attention à la qualité du son. C’était super important. T’allais à The End ou à la Fabric, ce genre d’endroits, et tu te disais ‘wow, ce sound system est incroyable ici’. J’ai l’impression que tout ça s’est dégradé, progressivement.”
Le coup de gueule de 2ManyDJs survient à un moment crucial : la prise de conscience de la dégradation des nuits en Europe. Le Royaume-Uni aurait ainsi perdu la moitié de ses clubs en l’espace de dix ans. Si certains s’attardent sur des raisons commerciales ou pointent du doigt le renouvellement insuffisant de nombreux line-ups, Dewaele est convaincu qu’une telle dégradation découle de ces restrictions.
Pour y remédier, 2ManyDJs a investi dans un sound system Despacio de 60 000 watts, une puissance comparable à celle du festival Glastonbury. Rien que ça.
“Il nous est impossible de nous en servir avec le volume au max, ce serait trop assourdissant. Vous en mourriez. Mais à l’inverse d’une autre sono, qui sonnerait de manière dégueu au niveau maximum, celle-ci (ou tout autre sound system de qualité) s’avère idéal, à 30% de sa capacité.” ajoutait l’artiste belge. Si la qualité sonore d’un certain nombre de clubs laisse de fait à désirer, nombre de ces structures font face à des défis cruciaux, notamment les pressions des riverains ou les problématiques de trafic.
Une dimension acoustique qui constitue donc une préoccupation, mais qui n’est peut-être pas la plus importante pour les dirigeants de clubs.